Porteurs de paix
Cet évangile des signes se termine enfin par la mort et la
Résurrection, jusqu’au retour de Jésus auprès des disciples sur les
rives du
Lac de Tibériade.
Plus globalement, on pourrait considérer 3 grandes parties
dans l’évangile de Jean, 3 parties qui nous font suivre comme une
progression dans
le ministère de Jésus auprès du peuple élu, et plus précisément avec les
disciples.
Dans l’évangile de ce 6ème dimanche de Pâques,
Jean donne donc la parole à Jésus, insistant clairement sur la volonté
qu’il a de
laisser un message ; un message qui est nécessairement aussi celui
du
Père. Notez dans le texte le remplacement du NOUS : « Nous
viendrons
vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » par
le JE qui
est utilisé 10 fois jusqu’à la fin de l’évangile de ce
jour : « je
vous parle ainsi, je vous ai dit, je vous laisse la paix
etc.… »
Après Pâques, les disciples ne voient plus Jésus ! Ils
s’interrogent : sont-ils encore dans l’attente d’un retour
proche ?
Jésus qui a quitté le tombeau va-t-il revenir comme Il le leur a promis
?
Dimanche dernier, c’est dans la salle du Cénacle que Jésus
est apparu aux disciples, pour partager avec eux un dernier repas. Dans
l’évangile de ce dimanche, Il est bien là, présent au milieu d’eux, et
Il leur
parle.
Ainsi, comme Il leur avait annoncé avant sa crucifixion,
Jésus vient à leur rencontre, Il vient retrouver pour quelques temps
encore
ceux que l’on pourrait appeler ses « compagnons de route ».
Car oui Jésus
a longtemps cheminé avec eux, comme on le ferait avec un ami proche et
fidèle sur
une route commune.
Mais cette
fois-ci, Il
vient pour leur annoncer son départ qui est proche, Il vient aussi pour
leur
indiquer un Chemin Nouveau, le Chemin qui est la Vérité et la Vie.
« Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis
avec vous. »
On peut ici imaginer le désarroi et la tristesse des
disciples lorsqu’ils entendent cette affirmation.
Après les évènements tragiques qui ont conduit Jésus sur la
Croix, il leur est difficile d’entendre qu’ils vont devoir à présent
cheminer
seuls pour s’engager dans une mission nouvelle.
Car c’est une lourde responsabilité qui va désormais les
amener
à porter la Bonne Nouvelle, annoncer à tous que Jésus est présent en
chacun de
nous, à témoigner de l’Amour du Père, Lui qui est source de tout amour.
Voici donc la Bonne Nouvelle, voici la vraie nouveauté, celle
qu’il nous faut vivre et annoncer nous-mêmes encore aujourd’hui. Par sa
mort
sur la Croix, le Christ nous a transmis à chacune et à chacun l’amour du
Père.
Par le Baptême et par le partage du Corps et du Sang du Christ, nous
sommes
disposés, dans l’Esprit Saint, à être nous aussi témoins de l’Amour de
Dieu
pour tous les hommes.
« Je vous laisse la Paix, je vous donne ma Paix »
Ne soyons donc pas effrayés d’avoir à offrir cette paix
puisqu’elle ne nous a pas été transmise à la manière du monde mais
qu’elle nous
vient du Christ ; Et on pourrait ajouter que Jésus s’apprête ici à
clôturer un discours d’adieu, qu’Il nous offre un DON, le don de
l’Esprit
Saint !
Frères et soeurs, nous voyons bien aujourd’hui combien la
paix semble n’être plus qu’un mot pour nombre d’hommes, de femmes et
d’enfants,
aujourd’hui tout particulièrement en Ukraine, mais aussi ailleurs dans
le monde ;
alors prions frères et sœurs, prions sans crainte et avec
confiance ; prions
pour que notre humanité se reconnaisse tout entière dans l’Amour du
Père.
En réfléchissant à ce qu’est l’amour du Père, et pour mieux
préparer cette homélie, je me suis replongé dans une Lettre encyclique
du Pape
Benoît XVI : « DEUS
CARITAS EST »
(Dieu est amour), et
plus particulièrement dans sa première partie intitulée L'UNITÉ DE L'AMOUR DANS LA CRÉATION ET DANS
L'HISTOIRE DU SALUT.
Il serait fastidieux et long de vous lire tout ce premier
chapitre, mais vous me permettrez de vous en citer quelques phrases
extraites
des 2 premiers paragraphes :
Dans
le premier paragraphe intitulé « Amour
de Dieu
et amour du prochain », Benoît
XVI écrit : « L’amour du prochain se révèle
ainsi possible au sens défini par la Bible, par Jésus. Il consiste
précisément
dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que
je
n’apprécie pas ou que je ne connais même pas. Cela ne peut se
réaliser qu’à
partir de la rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est
devenue
communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le sentiment.
J’apprends alors
à regarder cette autre personne non plus seulement avec mes yeux et
mes
sentiments, mais selon la perspective de Jésus Christ. »
Dans
le deuxième paragraphe, « La
charité
comme tâche de l’Église », il
écrit : « L’amour du prochain, enraciné dans
l’amour de Dieu, est avant tout une tâche pour chaque fidèle, mais
il est aussi
une tâche pour la communauté ecclésiale entière, et cela à tous les
niveaux. .
. »
Les
mots du Saint Père sont forts, ils nous parlent
à tous, que nous soyons engagés ou non dans une communauté locale.
Enfants de
Dieu par notre baptême, il nous faut jour après jour apprendre à
regarder
l’autre selon la perspective de Jésus. Si nous l’aimons, nous aimons
l’autre
quel qu’il soit et comme il est. C’est une tâche pour tous les fidèles,
c’est
notre tâche aussi pour nous ici présent ce matin.
Et
si la paix nous paraît fragile et précaire,
nous pouvons trouver malgré tout le moyen de l’offrir à d’autres.
A
la manière des disciples, et parce que nous
avons reçu la force de l’Esprit Saint, nous aurons ainsi la force
d’affronter
les épreuves, les accusations, les conflits et les doutes.
Nous
aurons aussi la force de nous engager au
service de l’Eglise du Christ, celle dont nous sommes les témoins
aujourd’hui.
Soyons
donc à l’écoute de l’Esprit qui nous
invite à l’évangélisation.
Et
même si la place de l’Eglise s’est amoindrie
ces dernières décennies, il ne faut pas nous lamenter sur ce qu’elle
n’est
plus : « ne plus dire on n’a toujours fait comme
ça ! » mais plutôt faire face, en nous référant
aux Paroles
du Pape François qui nous invite à aller aux périphéries de ce
monde. Il
nous faut réinventer la mission, Aller sur les chemins, réinventer la
mission,
tel pourrait être notre engagement dans les pas du Christ.
Frères
et sœurs je vous offre cette phrase que
j’ai entendue et méditée récemment lors d’une randonnée pédestre dans
notre
belle campagne castelbriantaise !
« Tu
es sur le bon chemin lorsque regarder
en arrière ne t’intéresse plus ! »
Dieu
nous a donné son Fils, un défenseur en qui nous
croyons quoiqu’il arrive. Alors peut-être que le plus important serait
aussi de
croire en soi ! Et puisque la paix naît de la foi en Dieu, en une
force
qui traverse nos vies, prions frères et sœurs pour que nous soyons
porteurs de cette
Paix.
AMEN
Joël MACARIO, diacre permanent
le 22 mai 2022