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6° dimanche de Pâques

Ac 15, 1-2.22-29 ; Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8 ; Ap 21, 10-14.22-23 ; Jn 14, 23-29

Porteurs de paix

 Depuis plusieurs jours après la Semaine Sainte, il nous est donné d’entendre des extraits de l’évangile de Jean ; nous avons ainsi entendu des extraits issus des 4 premiers chapitres dans ce qu’on appelle communément l’Evangile des Signes ; puis des passages de l’Evangile de la Gloire, où Jésus mène à bien son œuvre et prépare les premiers disciples aux difficultés que vont rencontrer les premières communautés.

Cet évangile des signes se termine enfin par la mort et la Résurrection, jusqu’au retour de Jésus auprès des disciples sur les rives du Lac de Tibériade.

Plus globalement, on pourrait considérer 3 grandes parties dans l’évangile de Jean, 3 parties qui nous font suivre comme une progression dans le ministère de Jésus auprès du peuple élu, et plus précisément avec les disciples.

Dans l’évangile de ce 6ème dimanche de Pâques, Jean donne donc la parole à Jésus, insistant clairement sur la volonté qu’il a de laisser un message ; un message qui est nécessairement aussi celui du Père. Notez dans le texte le remplacement du NOUS : « Nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » par le JE qui est utilisé 10 fois jusqu’à la fin de l’évangile de ce jour : « je vous parle ainsi, je vous ai dit, je vous laisse la paix etc.… »

Après Pâques, les disciples ne voient plus Jésus ! Ils s’interrogent : sont-ils encore dans l’attente d’un retour proche ? Jésus qui a quitté le tombeau va-t-il revenir comme Il le leur a promis ?

Dimanche dernier, c’est dans la salle du Cénacle que Jésus est apparu aux disciples, pour partager avec eux un dernier repas. Dans l’évangile de ce dimanche, Il est bien là, présent au milieu d’eux, et Il leur parle.

Ainsi, comme Il leur avait annoncé avant sa crucifixion, Jésus vient à leur rencontre, Il vient retrouver pour quelques temps encore ceux que l’on pourrait appeler ses « compagnons de route ». Car oui Jésus a longtemps cheminé avec eux, comme on le ferait avec un ami proche et fidèle sur une route commune.

 Mais cette fois-ci, Il vient pour leur annoncer son départ qui est proche, Il vient aussi pour leur indiquer un Chemin Nouveau, le Chemin qui est la Vérité et la Vie.

« Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. » 

On peut ici imaginer le désarroi et la tristesse des disciples lorsqu’ils entendent cette affirmation.

Après les évènements tragiques qui ont conduit Jésus sur la Croix, il leur est difficile d’entendre qu’ils vont devoir à présent cheminer seuls pour s’engager dans une mission nouvelle.

Car c’est une lourde responsabilité qui va désormais les amener à porter la Bonne Nouvelle, annoncer à tous que Jésus est présent en chacun de nous, à témoigner de l’Amour du Père, Lui qui est source de tout amour.

Voici donc la Bonne Nouvelle, voici la vraie nouveauté, celle qu’il nous faut vivre et annoncer nous-mêmes encore aujourd’hui. Par sa mort sur la Croix, le Christ nous a transmis à chacune et à chacun l’amour du Père. Par le Baptême et par le partage du Corps et du Sang du Christ, nous sommes disposés, dans l’Esprit Saint, à être nous aussi témoins de l’Amour de Dieu pour tous les hommes.

« Je vous laisse la Paix, je vous donne ma Paix »  

Ne soyons donc pas effrayés d’avoir à offrir cette paix puisqu’elle ne nous a pas été transmise à la manière du monde mais qu’elle nous vient du Christ ; Et on pourrait ajouter que Jésus s’apprête ici à clôturer un discours d’adieu, qu’Il nous offre un DON, le don de l’Esprit Saint !

Frères et soeurs, nous voyons bien aujourd’hui combien la paix semble n’être plus qu’un mot pour nombre d’hommes, de femmes et d’enfants, aujourd’hui tout particulièrement en Ukraine, mais aussi ailleurs dans le monde ; alors prions frères et sœurs, prions sans crainte et avec confiance ; prions pour que notre humanité se reconnaisse tout entière dans l’Amour du Père.

En réfléchissant à ce qu’est l’amour du Père, et pour mieux préparer cette homélie, je me suis replongé dans une Lettre encyclique du Pape Benoît XVI : « DEUS CARITAS EST » (Dieu est amour), et plus particulièrement dans sa première partie intitulée L'UNITÉ DE L'AMOUR DANS LA CRÉATION ET DANS L'HISTOIRE DU SALUT.

Il serait fastidieux et long de vous lire tout ce premier chapitre, mais vous me permettrez de vous en citer quelques phrases extraites des 2 premiers paragraphes :

Dans le premier paragraphe intitulé « Amour de Dieu et amour du prochain », Benoît XVI écrit : « L’amour du prochain se révèle ainsi possible au sens défini par la Bible, par Jésus. Il consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n’apprécie pas ou que je ne connais même pas. Cela ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le sentiment. J’apprends alors à regarder cette autre personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments, mais selon la perspective de Jésus Christ»

Dans le deuxième paragraphe, « La charité comme tâche de l’Église », il écrit : « L’amour du prochain, enraciné dans l’amour de Dieu, est avant tout une tâche pour chaque fidèle, mais il est aussi une tâche pour la communauté ecclésiale entière, et cela à tous les niveaux. . . »

Les mots du Saint Père sont forts, ils nous parlent à tous, que nous soyons engagés ou non dans une communauté locale. Enfants de Dieu par notre baptême, il nous faut jour après jour apprendre à regarder l’autre selon la perspective de Jésus. Si nous l’aimons, nous aimons l’autre quel qu’il soit et comme il est. C’est une tâche pour tous les fidèles, c’est notre tâche aussi pour nous ici présent ce matin.

Et si la paix nous paraît fragile et précaire, nous pouvons trouver malgré tout le moyen de l’offrir à d’autres.

A la manière des disciples, et parce que nous avons reçu la force de l’Esprit Saint, nous aurons ainsi la force d’affronter les épreuves, les accusations, les conflits et les doutes.

Nous aurons aussi la force de nous engager au service de l’Eglise du Christ, celle dont nous sommes les témoins aujourd’hui.

Soyons donc à l’écoute de l’Esprit qui nous invite à l’évangélisation.

Et même si la place de l’Eglise s’est amoindrie ces dernières décennies, il ne faut pas nous lamenter sur ce qu’elle n’est plus : « ne plus dire on n’a toujours fait comme ça ! » mais plutôt faire face, en nous référant aux Paroles du Pape François qui nous invite à aller aux périphéries de ce monde. Il nous faut réinventer la mission, Aller sur les chemins, réinventer la mission, tel pourrait être notre engagement dans les pas du Christ.

Frères et sœurs je vous offre cette phrase que j’ai entendue et méditée récemment lors d’une randonnée pédestre dans notre belle campagne castelbriantaise !

« Tu es sur le bon chemin lorsque regarder en arrière ne t’intéresse plus ! »

Dieu nous a donné son Fils, un défenseur en qui nous croyons quoiqu’il arrive. Alors peut-être que le plus important serait aussi de croire en soi ! Et puisque la paix naît de la foi en Dieu, en une force qui traverse nos vies, prions frères et sœurs pour que nous soyons porteurs de cette Paix.

AMEN

Joël MACARIO, diacre permanent

le 22 mai 2022


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