Année C
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6° dimanche du Temps Ordinaire


Jr 17,5-8  /  Ps  1 /  1 Co 15, 12.16-20  / Lc 6, 17.20-26


    « Heureux les pauvres…heureux les affamés…heureux ceux qui pleurent…heureux ceux qui sont rejetés… ». Pensez-vous qu’il soit possible d’élire un président, un leader avec un tel programme chers frères et sœurs petits et grands… j’en douterais également…et pourtant c’est ce que nous Chrétiens avons fait il y a un peu plus de 2000ans quand nous avons donné notre Foi, littéralement notre confiance au Christ que nous croyons être le Fils de Dieu. Sommes-nous fous d’avoir élu Jésus ? Acceptons-nous finalement la pauvreté, la misère, les inégalités, les injustices…le malheur dans le monde en considérant qu’elles sont comme semble le dire cet Evangile la voie du Bonheur ? Fou oui peut-être un peu…mais peut-être qu’il nous faut relire cet Evangile avec un peu plus d’attention…
Faisons pour commencer un petit détour par l’Evangile des béatitudes selon Matthieu au chapitre 5. Au lieu de « Heureux les pauvres » nous avons « Heureux les pauvres en Esprit »…il s’agit en Matthieu non pas d’un état de vie mais plus d’une attitude du cœur…se sentir pauvre, incomplet, petit, humble. Si je ne me sens pas gonflé d’orgueil alors mon cœur peut s’ouvrir à l’Amour de Dieu et à l’Amour de l’autre.
Bien sûr il ne faut pas non plus écarter l’interprétation qu’il puisse s’agir de la pauvreté matérielle dont Luc parle ici…cette pauvreté si elle n’est pas misère absolue peut également conduire à une attitude d’humilité, d’ouverture à l’autre et au « tout Autre ». Si nous gardons cette clef de lecture et que nous reprenons ainsi les autres béatitudes cela nous éclaire : « Heureux vous qui avez faim… » Matthieu dit plutôt « les affamés et assoiffés…de justice »…Cette fois ci cela nous parle ! Nous avons à nous indigner face aux injustices, au malheur de l’autre, aux inégalités criantes, à la souffrance (des victimes d’abus de tous genres par exemple), aux discriminations quelles qu’elles soient (de nombreux exemples dans l’actualité récente…)…nous avons à être « en manque » affamés de la justice en nous et autour de nous.
Si nous continuons « Heureux vous qui pleurez »…qu’est ce qui nous fait pleurer, qu’est ce qui a fait pleurer Jésus lui-même 3 fois dans les Evangiles ? La tristesse de l’autre, son malheur/le péché, la perte d’une personne chère donc la mort, la douleur…finalement beaucoup de choses plutôt tournées vers l’autre…si je pleure cela signifie que l’autre ne m’est pas indifférent… qu’il compte à mes yeux, que j’ai besoin de lui…l’Amour a la première place dans ces pleurs et donc Dieu également… c’est lorsque ’il n’y plus cette place, que nous nous détournons volontairement de l’Amour, de Dieu, de l’autre, qu’est le péché qui peut nous étouffer si nous nous y abandonnons…
Quand nous oublions cela…et ça nous arrive parfois, moi le premier : « Malheureux sommes nous », nous avons alors pour demeure « les lieux arides du désert, une terre salée, inhabitable » comme cela est dit dans la première lecture du prophète Jérémie, bref nous ne produisons rien de durable, nous sommes stériles, vides…
Mais lorsque nous plaçons notre Foi dans la résurrection du Christ, c’est ce que nous rappelle l’Apôtre Paul dans la deuxième lecture, lorsque nous faisons confiance à tous ces témoins des premiers temps qui l’ont vu ressuscité, à tous ceux qui autour de nous sont des témoins vivants de sa résurrection et de sa vie en nous et avec nous alors nous œuvrons au Royaume du Père ici et maintenant, Grâce à cette Foi que nous laissons agir en nous, cette Foi qui peut « nous faire déplacer des montagnes » (que l’on retrouve dans l’Evangile de Marc)…alors chers frères et sœurs petits et grands tournons-nous vers le Père avec confiance et avec le psalmiste nous pouvons proclamer :
 
Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?
Qu’une armée se déploie devant moi,
mon cœur est sans crainte ;
que la bataille s’engage contre moi,
je garde confiance.
Oui, il me réserve un lieu sûr
au jour du malheur ;
il me cache au plus secret de sa tente,
il m’élève sur le roc.
C’est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère :
tu restes mon secours.
AMEN

Luc FROEHLY, diacre permanent
Diocèse de Besançon
le 17 février 2019



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