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5° dimanche de Pâques

Ac 14, 21b-27 ; Ap 21, 1-5a ; Jn 13,  31-33a. 34-35
      
        Il y a des moments dans la vie, où l’on peut s’émerveiller : un lever de soleil, le regard de tendresse d’une mère pour son enfant, la main d’un fils soutenant celle d’un père chancelant …et nous devons aussi nous émerveiller quand la parole du jour s’incarne dans notre Église qui nous entraîne sur son chemin de sainteté.
Aujourd’hui, dans l’évangile, Jésus nous donne son commandement premier « aimez-vous les uns des autres comme je vous ai aimés. » et c’est, aujourd’hui aussi, que l’église canonise 10 bienheureux dont « le Frère universel, Charles de Foucauld ». C’est lui qui, au dernier jour de sa vie sur terre, écrira dans son journal « On n’aimera jamais assez ! ». Son modèle, Jésus le Christ, sur sa croix au moment de sa mort, demande à son père de pardonner à ses bourreaux. Charles, en s’approchant si près de son modèle, dans la modestie de son ermitage, au milieu d’autres peuples dont les touareg, découvrira la joie dont il rayonne sur les quelques photos que l’on a de lui à cette époque. Quand on s’intéresse à l’existence de cet homme, de ce saint, on prend conscience qu'il ne s'agit ni d’un exalté, ni d’un illuminé, ni même d’un sectaire mais d’un homme résonné, homme de foi convaincu, qui avance de conversion en conversion. Un chemin qui montre que l’on n’aura jamais fini d’aimer. Que seul l’amour fraternel nourri de l’amour pur que notre Père nous offre sans arrêt et gratuitement, que seul cet amour désintéressé peut amener à la paix. Chemin qui doit nous instruire et nous dire que toute personne, même si elle n’a pas eu la grâce de connaître notre Dieu, si ses actions, sa vie, sa pensée sont nourris de la bonté, de la justice, vécus en vérité dans le respect, la bienveillance et la compassion, sera sans aucun doute sauvé par ce Père Miséricordieux.
Cette phrase de Jésus « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » donnée sous forme de recommandations, nous met parfois mal à l’aise car il nous semble souvent de ne pas pouvoir être à la hauteur de l’attente, nous empêchant même d’atteindre le but ultime « aimer chaque personne, quelle qu’elle soit ! » comme nous le montre et l’incarne Jésus. Et cette peur de ne pas réussir ouvre à une culpabilité oppressante et douloureuse mais aussi à l’angoisse du jugement paternel. La vie de notre « Frère Universel » nous montre une tout autre voie : celle de la confiance et de l’humilité.
Notre Père, sait bien, Lui, de quoi nous sommes faits. Connaît nos richesses, nos talents mais aussi nos vulnérabilités et nos fragilités et Jésus, homme au milieu des hommes, sait la faiblesse humaine. Le jugement présagé que l’on redoute tant ne doit pas nous paralyser car il n’est qu’une éventuelle sanction. Bien au contraire, il doit nous faire prendre, comme Charles de Foucault, un chemin de conversion. Si ce Père fait pleinement confiance à ses enfants, comment ne pas retourner cette confiance entière vers Celui qui nous aime « Mon Père, je m’abandonne à vous, faites de moi ce qu’il vous plaira » écrit Charles de Foucault. Confiance absolue en Dieu, à la force de son pardon et à la mesure de sa miséricorde qui soignent et guérissent en révélant nos capacités, celles d’un enfant aimé. Relevés, relancés, forces refaites, guidés et conseillés par l’Esprit Saint nous pouvons retourner près de nos sœurs et de nos frères pour vivre cet amour fraternel avec ceux qui me sont donnés de croiser. L’amour donné par ce Père, n’est ni à conserver, ni à cacher mais à partager pour le faire grandir et pour le bien des autres.
Le chemin de confiance est aussi un chemin d’humilité. Jusqu’à la fin de sa vie, Charles incarnera l’humilité : « soyons humbles en parole et en actions en prenant la dernière place parce que cette humilité est la vérité » écrira-t-il. Conscients de nos limites, nous devons mettre notre espérance dans cet Esprit que Jésus nous a laissé pour vivre joyeusement notre vie, notre foi, notre amour fraternel avec, le pardon et la réconciliation passages obligés de toute vie d’enfant, de femmes ou d’hommes, vivant au milieu du monde.
À l’image de Charles de Foucauld, le Frère Universel, osons des conversions successives qui nous permettront voire en l’autre une sœur, un frère, unis par notre commune dignité pour, à terme, voir dans celle ou celui que je rencontre le visage du Christ vivant, comme l’écrit notre frère universel « en devenant pour tout homme un frère ».    


Patrick DOUEZ, diacre permanent
le 15 mai 2022.

 

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