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retour vers l'accueil5° dimanche du Temps Ordinaire
Is 6, 1-2a.3-8 ; Ps 137 ; 1Co 15, 1-11 ; Lc 5, 1-11
Jésus dit à Simon : « désormais,
ce sont des hommes que tu prendras ». Je vais vous faire une confidence
: ce verbe « prendre » m’a longtemps interrogé, même dérangé, perturbé.
Est-ce que notre destinée d’hommes serait d’être pris, attrapés,
capturés dans les filets de Simon-Pierre, premier pasteur de l’Eglise ?
Ce serait terrifiant ! l’objectif de cette Eglise serait-il donc
d’attraper, de prendre, de pêcher le plus de monde possible, au hasard,
comme pris dans un filet ? Et pour les amener de la vie à la mort,
comme ces poissons ?
Mais non. Il faut se rappeler
qu’encore une fois, ce récit est symbolique. Et pour le comprendre, il
est nécessaire d’y reconnaître les symboles et de savoir ce qu’ils
symbolisent. Dans la plupart des récits bibliques où il est question de
poissons, ces poissons sont effectivement les symboles des hommes, de
l’humanité. La barque, c’est toujours l’Eglise, le peuple des baptisés.
Et la mer, l’eau, les profondeurs, représentent les ténèbres,
l’obscurité, l’ignorance, les puissances de mort… Pêcher les poissons,
c’est donc bien la mission que Jésus donne à son Église, mais en
comprenant bien que le fait de hisser un filet débordant de poissons
signifie alors extraire l’humanité des ténèbres, amener la multitude
des hommes au grand jour, à la connaissance de Dieu, à la lumière, à la
vie !
« Ce sont des hommes que tu
prendras ». Cette injonction de Jésus, c’est à nous tous qu’elle
s’adresse. Comme le modeste pécheur de Galilée, Jésus nous invite nous
aussi à devenir des pécheurs d’hommes. L’appel qu’il nous lance, notre
vocation qu’il nous propose de découvrir, a pour but de faire de nous
des personnes capables de hisser jusqu’à la lumière ceux qui sont
engloutis dans les profondeurs des ténèbres, de ramener à la vie nos
frères noyés dans les difficultés de la vie, de donner de l’air à ceux
que la souffrance étouffe. C’est la vocation de tout chrétien. Car un
chrétien, se n’est pas un admirateur de Jésus, qui adhère à des «
valeurs » comme on dit aujourd’hui. C’est quelqu’un qui est habité par
l’Esprit Saint depuis son baptême, et qui s’efforce de se laisser
guider par Lui comme Jésus l’a fait, pour devenir semblable à Dieu. Et
ce chrétien pourra réellement et librement suivre cette voie à partir
du moment où il aura découvert sa vocation. Mais comment découvrir sa
vocation ?
C’est justement de vocation dont
il est question dans les lectures d’aujourd’hui. Ces textes nous
parlent de trois éminents personnages de l’Ancien et du Nouveau
Testament qui évoquent ou qui racontent leur vocation, l’appel qu’ils
ont entendu de la part de Dieu : dans une vision, pour le grand
prophète Isaïe ; dans une apparition bouleversante pour St Paul ; à
travers une partie de pêche extraordinaire pour St Pierre.
Mais qu’en est-il pour nous ?
Comment pouvons-nous entendre cet appel que Dieu nous adresse sans
cesse ? Peut-être pas sous la forme d’une vision comme pour Isaïe, qui
y répondra avec enthousiasme : « envoie-moi ! » ni sous la forme d’une
apparition comme celle qui a bouleversé la vie de Paul, ni même d’un
miracle qui a permis de convaincre Pierre de le suivre. Peut-être pas
sous l’une de ces formes extraordinaires, sans doute, mais plus
certainement sous une forme au contraire, très ordinaire. Pourquoi pas
à travers une rencontre ? Pourquoi pas à travers une lecture ? Pourquoi
pas à travers un événement ? Dieu appelle chacun d’entre-nous d’une
manière particulière, personnelle et unique. Ce qu’il nous revient de
faire consiste simplement à discerner cet appel dans le bruit permanent
de notre quotidien.
Quoi qu’il en soit, ces diverses
vocations personnelles qui sont les nôtres et qui sont extrêmement
variées, très différentes pour chacun de nous, ont tout de même quelque
chose de commun, d’universel : Dieu nous appelle à être frères. Tous.
Quelle que soit la forme de notre vocation, l’appel qu’il adresse à
chacun n’a pas d’autre but que de faire de nous des fils et des filles
de Dieu. Et donc, entre nous, des frères et des sœurs. Ça n’est
pas indifférent. Et notre vocation nous pousse, avec l’aide de l’Esprit
Saint, à nous mettre au service de nos frères. Elle nous embarque sur
le bateau de Simon-Pierre, non pas comme un voyageur ou un touriste
confortablement installé en spectateur. Au contraire, notre vocation
nous place à la manœuvre, avec les autres pêcheurs, s’efforçant
ensemble de remonter le filet et faire ainsi émerger ceux de nos frères
qui sont dans les ténèbres. Et c’est Dieu lui-même qui nous en donne la
force, par les sacrements que l’Eglise nous propose tout au long de
notre vie.
Alors, frères et sœurs, puisqu’il
nous faut répondre, jour après jour à notre vocation, exerçons notre
volonté, pour venir chercher fréquemment, dans nos célébrations
eucharistiques, la force qui nous envoie au service de nos frères.
Ainsi nous pourrons parvenir à l’audace de dire chaque jour à Dieu,
avec le prophète Isaïe : « envoie-moi ! »
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent.
Gétigné et Clisson,
10 février 2013
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