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4° dimanche de Pâques 


« Je suis le Bon Pasteur, le vrai Berger » C’est ce message de Jésus que nous recevons chaque année le 4e dimanche de Pâques. Si pour nous cette image du « Pasteur » ou  du « Berger » a un sens profond, pour beaucoup de nos contemporains, elle peut apparaître ambiguë. Ces mots : « pasteur » « berger », « brebis », « agneau » « troupeau » font référence à une autre culture, une autre civilisation que la nôtre. Et puis, dans la plupart des cas, pourquoi un berger accepte-t-il de prendre en charge un troupeau de brebis ? Tout simplement pour pouvoir en vivre en vendant du lait, de la laine et de la viande. Etre comparé à une brebis ou à un mouton n’est pas très flatteur.

Heureusement, lorsque Jésus se dit « pasteur », « berger » et nous désigne comme étant ses « brebis » ce n’est pas du tout dans ce sens là. Jésus parle souvent en parabole, aime prendre des images. Il nous faut toujours chercher dans quel contexte il s’exprime et quel est l’essentiel de son message. Lorsqu’on lit la Bible, on constate, mais c’est assez rare, que ce titre de « Pasteur » est quelquefois attribué à Dieu lui-même. Rappelons-nous ces paroles du Psaume 99 dont nous venons de chanter quelques strophes : « Reconnaissez que le Seigneur est Dieu : il nous a faits, et nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau » ou encore les paroles du Psaume 22 : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. »
Mais, le plus souvent, la Bible nous dit que le Seigneur confie ses brebis à des serviteurs, qu’il choisit des pasteurs pour guider son peuple. Malheureusement la plupart d’entre eux ne remplissent pas bien leur mission et tout le peuple en souffre. On comprend que les juifs contemporains de Jésus attendaient avec impatience le Christ, le Messie annoncé par le prophète Isaïe.
Mais, les chefs du peuple, les scribes et les pharisiens ne reconnaissent pas en Jésus ce Messie annoncé et lorsqu’il leur dit  être « le Bon Pasteur, le Vrai Berger », cela les irrite. Dans les trois versets qui précèdent l’évangile que nous venons d’entendre ils lui demandent de parler franchement : « Jusqu’à quand vas-tu nous faire languir ? Si tu es le Christ, dis-le nous clairement.» Jésus leur répond : « Je vous l’ai déjà dit, mais vous ne croyez pas, les œuvres que je fais au nom de mon Père me rendent témoignage ; mais vous ne croyez pas parce que vous n’êtes pas de mes brebis. » Et, il poursuit : « Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »
En entendant cela, pour ses auditeurs, il apparait clairement que Jésus se dit l’égal de Dieu, se dit Dieu lui-même, et cela, ils ne le supportent pas. Saint Jean ajoute même : « Les Juifs allèrent chercher des pierres pour lapider Jésus. » Ils cherchèrent à l’arrêter mais il leur échappa. Cependant, trois mois plus tard, pour cette  raison, Jésus sera mis à mort.

Ce passage d’Evangile date de près de 2000 ans et pourtant, il est toujours d’actualité. « Mes brebis, parce qu’elles croient en moi, écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. ». Ceux qui ne veulent pas croire en lui ne sont pas obligés de le suivre et peuvent choisir de ne pas faire partie de ses brebis. Ce fut le cas de beaucoup de juifs contemporains de Jésus. D’ailleurs, comme nous l’avons entendu dans la première lecture, Paul et Barnabé rencontrèrent la même opposition lorsqu’ils annoncèrent la Parole de Dieu aux juifs résidant à Antioche de Pisidie, située dans la Turquie actuelle. Injuriés par des Juifs " remplis de fureur ", ils gardèrent toute leur assurance et déclarèrent tranquillement : « Vous rejetez la parole de Dieu, vous ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle ? Eh bien, nous allons nous tourner vers les païens. »
L'Evangile sera désormais annoncé aux païens. Paul et Barnabé et, progressivement, tous les apôtres, comprennent que le Christ est bien « la Lumière de toutes les nations » et « le Sauveur de tous les peuples. » Rappelons-nous que Jésus avait dit également aux juifs qui le critiquaient : « J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »

Si nous sommes rassemblés dans cette église aujourd’hui, c’est bien parce que, grâce à ceux qui nous ont précédés dans la Foi, nous croyons au Christ mort et ressuscité. Oui, Jésus nous connaît tous et nous invite à écouter sa voix et à le suivre.
Jésus nous connaît tous, mais nous-mêmes, le connaissons-nous vraiment ?
Bien sûr, nous avons des renseignements sur lui, sur sa vie et ce qu'il a fait. Connaître quelqu'un, ce n'est pas seulement cela, c'est surtout être en communion avec lui. Pour le connaître vraiment Jésus, il nous faut nous laisser imprégner de son amour, accueillir sa Bonne Nouvelle, entrer en communion avec lui par la prière et l’eucharistie et également le reconnaitre présent en chacun de nos frères qu’il connait et aime autant que nous. "Celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu". Aimer c'est se donner comme Jésus. C'est en apprenant à aimer que nous connaîtrons la grandeur de l'amour du Christ Bon Pasteur. Jésus nous révèle qu’il est venu partager notre condition humaine pour se mettre à notre service jusqu’à donner sa vie pour nous. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Comme nous l’avons entendu dans la seconde lecture, tirée de l’Apocalypse, Jésus est à la fois « le vrai berger » et « l'Agneau de Dieu » qui enlève le péché du monde

Cette Bonne Nouvelle, nous ne pouvons pas la garder pour nous. Le Christ ressuscité a confié à toute son Eglise la charge de son peuple. Attention ! L’apôtre Pierre, qui a reçu par trois fois cette mission de Jésus : « Sois le berger de mes agneaux, sois le berger de mes brebis. », a bien compris que Jésus lui demandait non pas de régner mais de servir. Dans l’Eglise, la hiérarchie et l’autorité ne doivent pas être perçues comme un privilège mais comme un appel à servir dans la tendresse. C’est ce que nous exprime si humblement notre pape François, tant par ses paroles que par ses gestes.

Ce dimanche est la journée mondiale des vocations. La vocation c'est un appel que Dieu adresse à chacun des membres de son peuple. Il appelle bien sûr des prêtres, des diacres, des religieux, des religieuses, mais il nous appelle tous, chacun selon nos moyens, à être des chrétiens vivant et annonçant l'Evangile. Le Seigneur continue d'appeler pour la mission. Personne ne peut répondre à la place des autres. Il compte sur chacun de nous. Il est notre Bon Pasteur : Ecoutons sa voix, suivons-le et aidons aussi nos frères à marcher à sa suite « vers les eaux de la source de vie », c’est-à-dire vers la Vie éternelle.

André ROUL, diacre permanent
21 avril 2013




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