Année C
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retour vers l'accueil4° dimanche du Temps Ordinaire
Quels contrastes entre les textes de ce dimanche !
d’un côté Jérémie dans la première lecture, comme Jésus, dans
l’évangile, font face à la violence à l’adversité ; de l’autre,
l’épitre de Saint Paul est un hymne à l’amour vécu dans la joie, la
paix et la sérénité. Deux facettes de notre vie d’homme et de
femme confrontés aux réalités de la vie, tantôt à la dureté, tantôt à
la douceur des rapports entre humains…
Au début de leur mission, Jérémie comme Jésus, sont confrontés à
l’adversité. Jérémie, a bien conscience qu’il a été choisi par Dieu.
Même s’il a trouvé cet appel bien exigeant, il s’est donné tout entier
à sa mission. Cette mission a été un combat permanent. Jérémie est allé
sur les places des villages et auprès des puissants pour crier
l’infidélité du peuple vis-à-vis de son Dieu. Il en a subi les
conséquences, raillé et persécuté, il s’est lamenté, à tel point que le
terme « les jérémiades » est passé dans le langage courant.
Jésus, lui, fait sa première
expérience de l’adversité dans la synagogue de Nazareth. Il vient de
lire le passage d’Isaïe, où il est écrit : « L’Esprit du Seigneur est
sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’Onction. Il m’a
envoyé proclamer la bonne nouvelle aux pauvres… » S’étant assis, il
leur dit « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous
venez d’entendre ». Après un instant d’étonnement admiratif, les
questions fusent : n’est-ce pas le fils du charpentier? Ne
connait-on pas son père et sa mère ? Il est rejeté, et Jésus de dire
une expression, qui, là aussi est passée dans le langage courant : «
Nul n’est prophète en son pays ». Regardons le chemin parcouru par
Jérémie et Jésus, chemin de crête, périlleux parfois, au cœur de ce
monde. C’est le chemin des disciples du Christ.
Suivre le chemin des prophètes et du Christ, ce n’est pas de tout repos, mais c’est un chemin exigeant, source de joie profonde.
Au temps de Jérémie la situation
est très difficile. Le petit royaume de Jérusalem passe successivement
sous la domination de l’empire assyrien, puis de l’Egypte et ensuite
des babyloniens avec la déportation. Les juifs se renferment dans le
culte, pendant que la société est en pleine décadence morale… C’est
dans ce contexte que Jérémie est appelé. Au chapitre 1, Jérémie nous
donne la lecture de sa vocation : « Le Seigneur m’adressa la parole et
me dit : « avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de
toi un prophète pour les nations ». Jérémie a bien conscience que ce
n’est pas lui qui qui s’est fait prophète, Il a bien essayé d’y
échapper en arguant qu’il n’est qu’un enfant et ne sait pas parler.
Mais c’est Dieu qui l’a choisi, qui l’a mis à part pour un service,
pour une mission qui prend des allures de combat. Avec l’assurance du
soutien de Dieu, qui fait de lui « une colonne de fer, un rempart… pour
faire face à tout le pays », il affronte la monarchie et les
politiques, les prêtres pour rappeler que, ce qui compte, c’est
l’alliance avec Dieu… Jérémie a rencontré beaucoup d’obstacles et
d’opposition. Il en souffrira, mais il ne se détournera jamais de sa
mission, car c’est en Dieu qu’il a trouvé sa force.
Revenons à Jésus dans la synagogue de Nazareth. Il faut bien
reconnaître que les versets d’Isaïe que Jésus s’approprie, ne sont pas
faciles à avaler pour les juifs de la synagogue : comment l’esprit du
Seigneur peut-il reposer sur le charpentier ? Dieu peut-il l’avoir
consacré par l’onction ? Comment l’Ecriture peut-elle s’accomplir en
Lui ? Est-il donc le Messie, lui, le fils du charpentier ?
Jusque-là, tous le louaient, car ils avaient entendu parler des
guérisons et miracles réalisés à Capharnaüm. Mais Jésus leur assène une
vérité qui les fait bondir : Les habitants des régions alentour ont une
attitude d’ouverture que, eux, à Nazareth n’ont pas… Ils ne sont pas
prêts à l’accueillir et à reconnaître en lui le Messie.
L’autre affirmation de Jésus
n’est pas plus recevable pour les juifs de Nazareth : le salut n’est
pas réservé aux fils d’Israël. Et Jésus de rappeler l’épisode de la
veuve de Sarepta en plein pays païen. Elie, fatigué, demande
l’hospitalité, à cette veuve accompagnée de son enfant malade. La
sècheresse sévit, ses vivres s’épuisent. Mais elle lui apporte de
l’eau, confectionne une galette avec ce qui lui reste… Elie la sauve de
la famine et guérit son fils malade. Quant au général syrien, ennemi,
païen et lépreux, qui a accepté l’ordre d’Elisée de se laver dans le
Jourdain, il est guéri. Ce sont les pauvres, les étrangers et les
malades qui sont comblés ! de quoi rendre furieux les juifs de la
synagogue…. Mais pour Jésus pas question de renoncer. La Parole est
faite pour être annoncée aux pauvres, à ceux qui ont le cœur ouvert.
Elle ne peut être confisquée, elle est destinée au monde. Rien n’arrête
Jésus, il va son chemin, chemin qui le conduit sur les routes de Judée
et de Samarie et qui se terminera à Jérusalem.
Mais alors, pourquoi nous
aventurer sur ce chemin à la suite de Jésus ? Parce que nous
savons que « la force d’un Jérémie, celle de Jésus, la nôtre, résident
dans la certitude que Dieu nous accompagne sans cesse dans ce combat »
(Marie-Noëlle TABUT). Jésus dira à ses disciples plus tard « confiance,
j’ai vaincu le monde » et « moi, je suis avec vous, tous les jours,
jusqu’à la fin des temps. »(Mt 28,20). C’est cette Foi qui nous est
demandée ; c’est cette Espérance qui nous fait marcher à la suite du
Christ vainqueur du mal, et, c’est cet Amour qui nous fait vivre.
C’est bien ce que nous rappelle Saint Paul : « ce qui demeure
aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité, mais la plus
grande des trois c’est la charité ». En effet, quand viendra
l’achèvement, quand nous verrons Dieu face à face, seul l’amour
règnera, car « Dieu est Amour », « Deus Caritas est » pour reprendre le
titre de l’encyclique de Benoît XVI.
Yves Michonneau, Diacre permanent
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
Le 30 janvier 2022
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