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3° dimanche de Pâques

Ac 5, 27-41 ; Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-13
(lecture brève de l’évangile)


Que s’est-il donc passé chez ces hommes, entre un certain soir au Jardin des Oliviers, et cet affrontement avec le grand conseil et le grand prêtre, comme nous le relate les Actes des Apôtres ?
Ils avaient parcouru les chemins de Galilée, de Samarie et de Judée avec Jésus. Ils étaient devenus ses disciples et ses amis. Mais au soir de son arrestation, ils avaient fui, apeurés.
Bien sûr, Jésus s’était manifesté à plusieurs reprises, jusqu’à ce jour, au rivage du lac de Tibériade.

Oui, que s’est-il donc passé pour que Pierre, bravant le grand conseil déclare : « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5, 29). Et qu’après avoir été fouettés, ils repartent tous, « joyeux d’avoir été dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. » (41)
Il faudra le souffle de l’Esprit-Saint, à la Pentecôte, pour que ce revirement se produise !

Mais déjà cet épisode au bord du Lac marque une étape. Elle est pleine d’enseignement pour l’Eglise et pour chacun de nous. Je vais essayer d’en faire une lecture.

La vie a repris : « Je vais à la pêche » dit Pierre. « Nous allons avec toi » (Jn 21, 3) répondent ses compagnons. Nuit sans rien prendre ; c’était déjà arrivé. Mais pour cette Eglise embryonnaire, nuit symbolique d’échec !
Et cela arrivera à plusieurs reprises au cours des siècles. Aujourd’hui encore, ici ou là, nous nous interrogeons sur le piétinement de l’évangélisation. Et pour chacun d’entre nous, il y a peut-être, des ‘nuits de la foi’.

Jadis, il avait fallu l’arrivée mystérieuse de Jésus pour que la situation s’inverse. Il en sera de même, au petit matin. Jésus est là, présence mystérieuse sur le rivage : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. Et cette fois, ils n’arrivaient pas à le ramener, tellement il y avait de poissons. » (6)
Jésus est toujours là, présence mystérieuse. « Jetez le filet », dit-il à son Eglise. Et à chaque siècle, l’évangélisation prend un visage nouveau ; des hommes et des femmes jaillissent des eaux du baptême !
A chacun de nous, il dit : ne te décourage pas, jette le filet de ta foi, je suis là sur le rivage de ta vie, n’aie pas peur, avance au large ! Oui, il y a des heures de grâce ; même si cette nuit de la foi nous enserre, il y aura une aube, où le soleil du Christ éclairera notre route.

Et Simon-Pierre, se jeta à l’eau pour rejoindre cet inconnu en lequel ils pressentaient le Seigneur.
Se jeter à l’eau ; au cours des siècles, l’Eglise s’immergera audacieusement dans la modernité pour y inculturer l’évangile : le monde romain, le monde barbare, la Renaissance, les temps modernes et notre siècle ! Que de bouleversements !

Se jeter à l’eau. Osons-le ! Affrontons les risques de la foi en notre monde d’aujourd’hui. Le Christ est là sur le rivage, il nous attend.



« Venez déjeuner » (12) Jésus a préparer le repas pour ses disciples. Il y avait « un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain » (9) Dans le récit de Jean, c’est plus que l’évocation d’un quelconque barbecue !

D’abord, c’est Jésus qui invite. C’est lui qui fournit la nourriture. Il y adjoindra des éléments apportés par les disciples. C’est lui qui les sert, comme un certain Jeudi soir où il avait dit : « prenez et mangez ». Dans son récit, Jean, pour désigner le poisson, utilise le même mot  que celui qu’il a utilisé lors de la multiplication des pains, lorsqu’avec ces pains, il était aussi  question de quelques poissons ; ce mot ne sera utilisé nulle part ailleurs. Or, nous savons que dans le récit de la multiplication des pains, Jean préfigurait l’eucharistie. Voilà que tout à coup, ce repas au rivage du lac de Tibériade, prend une toute autre dimension.

Oui, Jésus est toujours là, pour son Eglise et pour chacun d’entre nous. Nous savons que l’Eucharistie est le sacrement par excellence de la présence du Christ à son Eglise rassemblée. Au cours des décennies et, par la suite au cours des siècles, l’eucharistie va se ritualiser. Elle subira des modifications dans la manière liturgique de célébrer le repas du Seigneur, jusqu’à Vatican II… Mais c’est toujours le Seigneur qui se donne en nourriture : « Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne. » (13). 
Lorsque vous vous approcherez de l’autel pour communier, c’est le Christ qui se donnera à vous. Le prêtre agit là comme ministre du Christ. Et si vous êtes appelés à donner ou à porter le corps du Christ à vos frères, soyez conscients de la mission qui vous est demandée d’accomplir.

Je commençais cette homélie en posant la question : que s’est-il donc passé chez ces hommes ?
Aujourd’hui, dans cet évangile, nous ne sommes témoins que d’une étape sur le chemin de la foi des premiers disciples. Il faudra attendre l’effusion de l’Esprit au jour de la Pentecôte pour que ces mêmes disciples osent affronter le grand conseil et le grand prêtre, et proclamer ce que nous pouvons reconnaître comme les premiers mots du credo chrétien.

L’Esprit- Saint  nous est donné pour que, de nos cœurs, jaillisse notre credo !

Amen.
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  1Opsarion et non ichthus

Georges Aillet, prêtre
paroisse Ste Anne – St Clair, Nantes


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