Année C
Sommaire année C
retour vers l'accueil3° dimanche du Temps Ordinaire
Ne 8, 1-4a.5-6.8-10 ; Ps 18 ; 1Co 12, 12-30 ; Lc 1, 1-4; 4, 14-21
Le pape François a ouvert l’année jubilaire par ces paroles : « J’ai
voulu ce jubilé extraordinaire de la miséricorde comme un temps
favorable pour l’Eglise, afin que le témoignage rendu par les croyants
soit plus fort et plus efficace ». Comment ne pas rapprocher ces
paroles du texte d’évangile : Jésus annonce « une année favorable
accordée par le Seigneur » et nous dit que c’est « aujourd’hui que
s’accomplit l’écriture » : en la personne de Jésus c’est la bonne
nouvelle de l’Evangile qui est annoncée et qui se réalise. Par sa
naissance il est venu au cœur de l’humanité. Maintenant le message du
Christ est entre les mains des chrétiens, entre nos mains. « Que
personne ne reste indifférent ! » nous dit le pape. Voici le moment
favorable pour témoigner ; Voici le moment de se nourrir de la Parole
de Dieu, de porter la Bonne Nouvelle et de la vivre.
Il y a quelques jours à l’occasion de l’anniversaire des attentats,
deux femmes ayant perdu leur mari, ont été interviewées ; l’une
conjointe d’un journaliste de Charlie Hebdo, l’autre juive fréquentait
l’Hyper cacher. Il leur a été demandé ce qui les faisait vivre
maintenant. La femme juive a dit qu’elle vit maintenant pour ses
enfants et que sa Foi est le roc qui l’a aidée à tenir à partir de ce
moment où tout a basculé. L’autre femme a dit qu’elle était athée car
elle n’avait jamais vu quelqu’un qui ait rencontré Dieu. Quelle chance
avons-nous, juifs ou chrétiens, de croire que la vie a un sens et ne se
termine pas à la mort. Nous chrétiens, nous ne voyons pas Dieu certes ;
mais nous le connaissons par Jésus, par sa parole que nous ont transmis
les apôtres puis les chrétiens au cours des deux derniers millénaires.
Nous sommes dépositaires d’un trésor, et nous avons à témoigner
simplement de notre foi, comme cette femme juive. Mais pour nous, avec
la naissance de Jésus, Dieu habite désormais le temps des hommes, rien
ne lui est indifférent de nos vies, de nos joies comme de nos drames…
Dieu est présent au cœur de l’humanité et donne sens à nos vies.
Les lectures de ce dimanche nous disent que la Parole de Dieu est
essentielle, car, si nous l’intériorisons, l’assimilons, la dévorons
comme le dit Jérémie, nous vivons notre aujourd’hui inspiré par les
mots et les attitudes de Jésus. Cette parole est à méditer par chacun,
elle est aussi à vivre en peuple. Le prêtre Esdras donne lecture de la
parole de Dieu au peuple tout entier et à « l’assemblée composée
des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre »,
comme ici à cette messe. Néhémie nous dit comment recevoir cette parole
: voir celui qui fait la lecture comme le serviteur de la Parole ;
Accueillir cette Parole en l’écoutant ; en saisir le sens. C’était le
rôle des lévites, aujourd’hui c’est celui des prêtres, des diacres, des
laïcs missionnés, d’en donner le sens et de la rendre actuelle pour
l’auditoire, afin que tout le monde puisse comprendre et en saisir la
pertinence. Alors chacun peut la laisser retentir en lui et y puiser
force et espérance. Cette Parole est vie et joie, d’autant plus quand
elle est partagée dans l’assemblée : « Ce jour est consacré au Seigneur
votre Dieu ! Ne vous affliger pas », dit Néhémie, au contraire, «
allez, mangez des viandes savoureuses… et envoyer une part à celui qui
n’a rien ». (Fin de citation). Oui, la joie de l’évangile peut se
traduire par la fête et un repas partagé… mais aussi et d’abord, en
cette messe, par le repas de communion auquel le Seigneur nous invite.
A la synagogue de Nazareth, Jésus ouvre le livre du prophète Isaïe et
lit le passage où il est écrit : « L’esprit du Seigneur est sur moi… Il
m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs
la libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en
liberté les opprimés, annoncer une année favorable… » En guise de
commentaire de ce texte d’Isaïe, Jésus ne dit qu’une seule phrase : «
Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez
d’entendre » et il se tait. Tout est dit. Les écritures s’accomplissent
: Jésus réalise tout ce que les prophètes avaient annoncé. Il est la
Parole de Dieu parmi nous. Le temps favorable c’est aujourd’hui. Chacun
est appelé à se laisser toucher au cœur et à agir avec miséricorde. Au
cours de cette année sainte, nous dit le pape, « nous pourrons faire
l’expérience d’ouvrir…nos yeux pour voir les misères du monde, les
blessures de tant de frères et sœurs privés de dignité, et sentons-nous
appelés à entendre leur cri qui appelle à l’aide. Que nos mains serrent
leurs mains et les attirent vers nous afin qu’ils sentent la chaleur de
notre présence, de l’amitié et de la fraternité. Que leur cri devienne
le nôtre et qu’ensemble nous puissions briser la barrière de
l’indifférence qui règne… ». Soyons donc ensemble une Eglise qui va à
la rencontre des blessés de la vie, une Eglise qui témoigne de la
miséricorde du Christ et de la joie de l’Evangile.
Nous sommes le corps du Christ quand nous partageons sa parole, quand
nous partageons le pain, quand nous servons nos frères… chacun selon
les dons qu’il a reçus et ses compétences. Baptisés dans l’unique
Esprit, comme le dit Saint Paul, nous ne formons qu’un seul corps, et
les différents membres, que nous sommes, ont à exercer leurs talents en
ayant tous le souci des uns et des autres. Ce n’est pas si facile de
vivre l’Evangile et la fraternité chrétienne, aussi bien dans notre
communauté, ici et maintenant, qu’entre les Eglises chrétiennes.
Pourtant la prière du Seigneur c’est « qu’ils soient un comme le Père
et moi nous sommes un ». Il nous reste du chemin à faire sur cette
route vers l’unité des Chrétiens qui se réfèrent pourtant à la même
Parole du Seigneur.
Yves MICHONNEAU, diacre permanent
24 janvier 2016
Sommaire année C
retour vers l'accueil