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33° dimanche du Temps Ordinaire

Ml 3, 19-20 ; Ps 97 ; 2 Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19

De la Toussaint à dimanche prochain, fête du Christ-Roi, les textes bibliques nous invitent à regarder l’état du monde et à nous tourner vers le Royaume de Dieu qui se profile à la fin des temps…
Ces textes, difficiles, du genre « apocalyptique » prédisent la destruction du temple de Jérusalem en l’an 70, et parlent de la fin du monde. Ils nous font percevoir l’état désastreux de notre monde et des relations entre les hommes, en même temps que les germes du Royaume de Dieu qui se révèlent dans le vécu quotidien des hommes de bonne volonté.

Le texte du prophète Malachie datant du retour d’exil à Babylone au 6ème siècle avant Jésus, et celui de saint Luc, résonnent étrangement avec l’actualité : « Vous entendrez parler de guerres et de soulèvements… On se soulèvera nation contre nation… On portera la main sur vous et l’on vous persécutera… ». Comment ne pas faire le lien avec ce qui se passe dans des pays comme l’Irak, l’Afganistan, la Palestine, où les peuples souffrent et notamment la minorité pacifique des chrétiens prise pour cible. Souvenons-nous de nos frères chrétiens irakiens pris en otages dans la cathédrale de Bagdad, la veille de la Toussaint et de la soixantaine d’hommes, de femmes et d’enfants qui y ont laissé leur vie. Oui, vivre dans ce monde en chrétien ne va pas de soi dans de nombreux pays.
Nous entendons parler chaque jour de catastrophes épouvantables liées à la volonté de domination d’hommes qui écrasent d’autres hommes, voire des peuples entiers, par la guerre, le terrorisme ou l’exploitation de leurs richesses. Cette logique de la violence et de la domination est en contradiction avec l’esprit des Béatitudes et la construction du Royaume de Dieu.
Il faut bien reconnaître que nous sommes parfois tentés de désespérer de l’homme et de croire que le Royaume de Dieu est bien lointain…. La tentation peut être grande de se tourner vers les faux prophètes qui annoncent régulièrement la fin des temps, alors que Jésus nous a dit : « vous ne connaissez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’Homme viendra… ».  Devant ce monde chaotique, nous avons simplement, mais heureusement, l’espérance du Royaume de Dieu.  Pour vous qui croyez, dit Malachie, « le soleil de justice se lèvera, il apportera la guérison dans son rayonnement ».
Le soleil de justice, c’est le Christ et son rayonnement celui de l’amour. Cela n’a plus rien à voir avec des rapports de violence, de domination, de peur entre les hommes. C’est, au contraire, le Règne de l’Amour qui s’instaure, la justice, la droiture, la joie …comme nous le dit le psaume.


Dans ces temps troublés, Jésus nous invite à prendre trois attitudes pour conduire notre vie.
Invitation à garder la tête froide et à discerner où l’Esprit nous appelle. « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer » par les faux prophètes, qui proposent leur solution miracle… « Ne marchez pas derrière eux ».
Invitation à la confiance. Jésus nous annonce des malheurs et atrocités, mais ce n’est pas pour nous faire vivre dans la peur. Il nous met en garde contre les dangers auxquels nous pourrions être  confrontés, mais c’est pour nous inviter à  mieux lui faire confiance. Vivre dans des conditions difficiles, y compris dans la persécution, « ce sera pour vous, l’occasion de rendre témoignage. Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à vous soucier de votre défense. Moi-même, je vous inspirerai. »  A condition de laisser Jésus habiter notre cœur…
Invitation à la persévérance. Quoi qu’il arrive, l’exigence qui est à vivre est celle de la fidélité et de la persévérance dans les tâches quotidiennes. « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ». Et Saint Paul rappelle qu’il ne s’agit pas d’attendre le royaume de Dieu, les bras croisés ! A ceux qui seraient tentés par cette attitude, il lance cet appel : «  qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné ». C’est « dans la fatigue et la peine » comme le dit Saint Paul, que se construit humblement le Royaume de Dieu qui se manifestera à la fin des temps.

Dans le très grand film « Des hommes et des Dieux » relatant la vie et la mort des moines de Thibérine, ces trois dimensions apparaissent clairement :
    Persévérance et fidélité dans leur présence au peuple d’Algérie, persévérance, aussi et indissociablement, dans leur vie donnée  à Dieu,
    Discernement pour prendre leur décision de partir ou de rester à Thibérine ; décision difficile, prise dans le temps, la prière et la réflexion,
    Confiance totale à Dieu en qui ils remettent leur vie.

La vie de ces moines, comme la vie de tout chrétien plongé dans les contradictions du monde, est un combat. La fidélité au Seigneur peut se payer cher, au prix même de sa vie.

Yves Michonneau, diacre permanent
14/11/2010
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault

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