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33° dimanche du Temps Ordinaire


Ml 3, 19-20 ; Ps 97 ; 2 Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19

Que ton Règne vienne !

Inquiétant, vous ne trouvez pas, le passage d’Evangile que nous venons d’entendre. Jésus nous y annonce un avenir plutôt sombre. En le lisant, j’avais en mémoire les victimes du tremblement de terre en Haïti, récemment atteintes par le choléra, puis par l’ouragan qui a frappé l’île et provoqué les inondations que l’on sait. Toutes les époques ont connu des « faits terrifiants », des catastrophes de toutes sortes. Notre temps n’est pas épargné. Ici, les hommes s’entre-tuent, les exilés s’entassent dans des camps, on invente l’odieuse purification ethnique et les disparitions forcées. Ailleurs, c’est la famine, les inondations, les feux de forêts, l’angoisse devant les maladies comme le cancer ou le sida… Autant d’épreuves pour la foi. C’est l’éternelle question : « Comment concilier l’existence d’un Dieu puissant et bon et tous les malheurs qui pèsent sur une personne, une famille, une région ? »
S’il est malaisé de donner une réponse convaincante pour tous, l’Evangile nous dit que toute histoire humaine a du sens aux yeux de  Dieu. Et malgré les apparences, le passage d’aujourd’hui est une Bonne Nouvelle. Jésus ne cherche pas à nous faire peur, mais il prend acte d’une réalité : le Mal est présent dans notre monde. Mais quoi qu’il arrive, « ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord. » nous dit-il. Puis il poursuit en annonçant les persécutions dont seront victimes les disciples  « à cause de mon nom » précise-t-il. A elle seule, cette expression dit la divinité du Christ (dans le langage des juifs, très souvent, pour parler de Dieu, on disait : le Nom.) Et, dans cet éclairage, la suite du passage équivaut à la promesse que Dieu sera présent aux côtés des disciples dans toutes leurs épreuves. Une vieille Africaine malade l’avait bien compris. Au missionnaire qui s’agenouillait près de la natte où elle était allongée, elle dit : « Ah mon Père, vous avez bien raison de vous mettre à genoux car il y a longtemps qu’il est venu prendre  ma place et porter mes souffrances ! »
Face aux catastrophes que nous relatent nos quotidiens, il y a deux écueils à éviter : 1°) se laisser égarer par des prophètes de malheur qui pourront même se faire passer pour Jésus lui-même et nous faire croire que la fin du monde est arrivée. (Chacun pense à certaines sectes qui ne cessent d’exploiter ce filon de l’angoisse) ; 2°) céder au fatalisme en se décourageant et en laissant tomber les bras comme les Thessaloniciens que St Paul rappelle à une attitude plus responsable. « Le Soleil de Justice se lèvera » prophétisait Malachie. Le soleil se lève, et c’est toujours la fin d’un monde quand les disciples restent debout pour témoigner de la lumière. C’est dans ce monde tourmenté que se construit jour après jour le Règne de Dieu quand l’espérance s’oppose à la peur, quand l’amour fraternel fait reculer l’indifférence, et quand le pardon s’oppose à la soif de vengeance. Le dire et le vivre, c’est s’exposer aux ricanements, voire aux insultes. Et alors ? Le Christ, lui, a porté sa croix jusqu’en haut du Calvaire. (l’Evangile de dimanche prochain nous rappellera que c’est sur la croix qu’il a inauguré son règne.) Face au mystère du Mal qui questionne notre foi : « Que fait Dieu ? » « S’il y avait un bon Dieu… ! », nous n’avons qu’une seule réponse : Jésus mort en croix par amour, et ressuscité.
Aujourd’hui, en France, le procès que l’on fait à Jésus et à l’Eglise ne prend pas l’aspect d’un tribunal, ou d’une persécution violente*…mais d’une cour de lycée, ou d’un atelier, d’un bureau, où l’on se moque des prises de positions de l’Eglise. Annoncer la couleur, dire qu’on est chrétien, demande du courage. La question qui nous est posée pourrait se résumer ainsi : les chrétiens parlent-ils, agissent-ils, comme les non-chrétiens ? Sont-ils devenus insignifiant par peur de choquer ou par respect humain ? Dans l’indifférence générale qui nous entoure, sommes-nous devenus fades comme du sel sans saveur ?
 Vous avez remarqué que Jésus n’a pas répondu à la question : « Quand cela arrivera-t-il ? » C’est une conviction, ce monde aura une fin, mais d’en connaître la date ne nous serait d’aucune utilité, puisque c’est dans le temps présent que Dieu nous donne rendez-vous : dans notre labeur quotidien comme dans les instants de prière que nous passons avec lui ; dans le partage que nous vivons avec nos proches comme dans l’accueil que nous réservons aux étrangers.  « Et moi, je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde. » nous dit Jésus. Avec lui et de toutes nos forces, oeuvrons pour qu’advienne la fin de ce  monde ou le Mal fait des ravages, et pour que  vienne le Règne de Dieu : un règne de Paix, de Joie, de Justice et d’Amour. Ce règne est déjà établi comme en témoigne cette eucharistie qui nous rassemble, mais il est encore à venir. C’est avec cette conscience que nous redirons tout à l’heure la prière dominicale : « Délivre-nous du Mal ! Que Ton Règne vienne, sur la terre comme au ciel ! »

Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent

le 14 novembre 2010
La Plaine, Préfailles et Pornic

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