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33° dimanche du Temps Ordinaire

Ml 3, 19-20 ; Ps 97 ; 2 Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19

Avec ce trente-troisième dimanche ordinaire, nous arrivons au terme de notre année liturgique, qui s’achèvera dimanche prochain par la fête du Christ, roi de l’Univers. En cette fin d’année, essayons de prendre un peu de hauteur pour contempler l’aventure humaine, observer sa croissance, voir vers quoi elle se dirige, quel est son sens. Un peu comme il nous arrive, le soir, de jeter un coup d’œil sur ce qu’a été notre journée.  L’occasion pour nous de faire le tri entre l’accessoire et l’essentiel ; entre les valeurs terrestres qui sont éphémères, et les valeurs du ciel qui sont éternelles.
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, tout part du temple de Jérusalem. Ce monument imposant, gigantesque, solide, si richement décoré. Regard admiratif des disciples contemplant cet édifice, preuve rassurante de la puissance et du génie des hommes, défi au temps qui passe, modèle de solidité, de stabilité. Mais voilà que Jésus annonce que même ce temple est voué à la destruction totale, pour laisser advenir son Royaume, qui, lui, sera éternel. Et cette destruction s’accompagnera d’événements guère plus rassurants : conflits, guerres, soulèvements, tremblements de terre, épidémies, famines, persécutions… Est-ce là l’annonce de la Bonne Nouvelle ?
Ce discours sur l’imminence de la fin du monde, nous l’avons entendu encore récemment. Souvenons-nous de ces soi-disant prédictions pour l’an 2000, avec ses gourous, ses faux prophètes, devins et autres profiteurs de la crédulité  et du manque d’espérance des hommes.
Les croyants de l’époque de Jésus ont tellement pris ces paroles au pied de la lettre, ils croyaient tellement que ces événements allaient arriver d’un jour à l’autre, que certains se disaient : « pourquoi travailler, se fatiguer ? de toute façon, la fin de ce monde est proche, à quoi sert de s’inquiéter de l’avenir ? » C’est à ceux-là que St Paul adresse sa réprimande : « Celui qui ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non-plus ». C’est-à-dire : « soyez cohérents ! Pourquoi mangez-vous, alors, si la fin est si proche ? ». Les événements qu’annonce Jésus, le « Jour du Seigneur » que nous promet le prophète Malachie, où « le Seigneur vient pour gouverner la terre » comme le chante le psaume de ce dimanche ;
ces événements, ne les attendons pas comme on attend les soldes, ou la prochaine coupe du monde, ou encore comme les contemporains de St Paul, attendant les bras croisés qu’advienne le Royaume. Il nous faut agir pour le faire advenir. Dieu nous donne de participer avec lui à la venue de ce « Jour du Seigneur ». Ne nous trompons pas. Ne restons pas centrés sur nous-mêmes et sur notre société occidentale, privilégiée matériellement et si tristement démunie spirituellement. Ne restons pas prisonniers du temps et du lieu où nous sommes. Guerres, conflits, soulèvements, tremblements de terre, épidémies, famines, persécutions, ce n’est pas dans mille ans, ce n’est pas dans cent ans, ni même demain. C’est aujourd’hui, et c’est de tout temps. C’est ici, et c’est partout ailleurs : « la création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs de l’enfantement » disait déjà St Paul voici 2000 ans dans sa lettre aux Romains. C’est pourquoi Jésus nous dit encore une fois « ne vous effrayez pas », « ne craignez pas », « n’ayez pas peur ». Il attire notre attention sur la croissance laborieuse de la Création, qui à cause du péché du monde, passe inévitablement par des douleurs, des persécutions, des catastrophes. Mais en même temps il nous assure que « pas un cheveu de notre tête ne sera perdu ». Même si, inéluctablement, le Temple sera détruit, ce n’est pas pour aboutir au néant, mais pour laisser place au Royaume de Dieu. Alors, n’écoutons pas ces faux prophètes d’aujourd’hui qui exploitent l’angoisse de ce temps pour annoncer la fin d’un monde, et ainsi détourner l’homme de ses responsabilités, de la nécessaire solidarité. Regardons avec lucidité ces guerres, tremblements de terre, épidémies… Regardons avec compassion les victimes de ces catastrophes. Et nous pensons bien sûr en ces jours à ces milliers de personnes tuées par ce typhon au Bengladesh. Ces pauvres qui pleurent, là-bas, dans le silence pendant que d’autres, ici, hurlent pour garder leurs petits avantages. Ce contraste peut avoir quelque chose de mesquin, d’indécent, et aurait de quoi nous rendre bien amers. Mais arrêtons aussi notre regard sur tous ces petits signes qui indiquent la venue prochaine du Royaume. Tous ces petits gestes de millions de gens ordinaires qui s’engagent pour lutter contre ces fléaux et leurs conséquences, pour rendre la vie des hommes un peu moins difficile, partout dans le monde. Partout dans le monde, mais aussi chez nous, dans notre paroisse Ste Marie du Val de Sèvre. Regardons tout particulièrement le travail de ces bénévoles du Secours Catholique, dont c’est aujourd’hui la journée nationale, qui œuvrent pour un monde plus solidaire, accompagnant les plus déshérités, les laissées pour compte, les exclus de nos sociétés. Ils ne restent pas, ces bénévoles, les bras croisés à se lamenter sur l’état du monde et sur l’égoïsme ordinaire. Ils contribuent à faire advenir le Royaume, au cœur même de ce monde et à travers toutes les tempêtes qui le secouent. Ils participent à l’avènement du jour du Seigneur, en étant acteurs de la Bonne Nouvelle du Salut. Oui, regardons bien ces bénévoles… Mais nous pouvons sans doute faire plus que les regarder ! Posons-nous la question de notre possible engagement, en donnant un peu de notre temps, ou de notre argent, à notre niveau. Non pas pour libérer notre conscience, mais pour que nous soyons, nous aussi, partie prenante dans la venue du Jour du Seigneur. C’est là que se vit concrètement notre espérance de Chrétiens, au service de l’humanité, pour l’aider à cheminer vers ce bonheur promis, vers ce Jour du Seigneur. Jésus lui-même nous y invite, en nous donnant sa vie en exemple.
Jésus qui se révèle aux hommes pour mieux leur révéler Dieu, comme il s’est révélé, peu à peu, pas à pas, à la Samaritaine, à Zachée, à la femme adultère, à Nicodème et à tant d’autres ; qui se laisse reconnaître comme le Dieu de tendresse, Dieu qui pardonne, qui accompagne et remet debout.
Non, ne craignons pas ce monde qui nous semble déréglé, détraqué. N’ayons pas peur ! Le jour du Seigneur vient, où nous verrons Dieu enfin face à face !

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent

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