Lc 19, 1-10 (Sg 11,
22-12 /
2Th 1, 11-2,2)
« Le
Fils de
l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu »
Une rencontre bouleversante !
Imaginez frères et sœurs que vous soyez à vous
promener dans
les rues de Châteaubriant, un jour de marché par exemple. Au détour
d’une rue,
quelqu’un vous interpelle, c’est un voisin, une personne que vous
croisez
régulièrement dans votre quartier, une personne avec laquelle vous
n’avez pas
d’attaches particulières, hormis le simple bonjour accompagné parfois de
quelques échanges du quotidien. Mais ce mercredi matin, ce voisin vient
spontanément vers vous, il vous salue et vous dit :
« aujourd’hui, il
faut que j’aille chez toi, j’ai besoin de te parler. »
Bien sûr,
vous êtes
surpris et étonné par cette interpellation – c’est aujourd’hui et
maintenant
qu’il faut que j’aille. Qu’est-ce que cela veut dire ; pourquoi une
telle
insistance ?
Alors vous vous dites que si il ose vous
interpeller ainsi,
c’est parce que c’est important, qu’il y a urgence ; aussi en tant
que
voisin, je me dois d’être à son écoute.
Il ne s’agit
pas ici
de Zachée, et vous ne vous appelez pas Jésus ! Vous n’avez pas la
réputation naissante de celui qui fait des miracles et vient en aide aux
plus
défavorisés.
Mais sans doute ce voisin vous connaît-il comme
étant un
fidèle paroissien ; il sait que vous allez à la messe chaque
dimanche, il
vous reconnait ainsi comme une bonne personne, quelqu’un qui sûrement
saura
écouter et aider.
Parce que
nous sommes
chrétiens, disciples du Christ, nous pouvons nous reconnaitre dans sa
manière
d’aller vers les plus fragiles, les éclopés de la vie, ceux qu’on ne
veut pas
voir ni même entendre !
Lorsqu’il
s’en va à
la rencontre d’un paralysé, Jésus ne vient pas seulement le relever mais
il
vient lui parler comme à un ami ; lorsqu’il demande de l’eau à la
Samaritaine, il ne fait pas l’aumône, il s’adresse à une amie. Jésus n’a
jamais
d’autre urgence que celle d’être reçu en ami, en frère, en humanité.
Nous-mêmes,
nous nous
efforçons de vivre en frère et en ami. Nous avons le souci de nos
prochains,
qu’ils soient ou non dans le besoin, c’est une partie de notre mission
en tant
que disciples.
« Zachée,
descends
vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta
maison. »
On peut penser que Jésus connaît cet homme, du
moins par sa
réputation de collecteur d’impôts à la solde de l’occupant romain. Mais
ici, il
vient s’adresser à l’ami, au frère car il sait que Zachée n’est pas
grimpé dans
l’arbre pour prendre de la hauteur – celle qui nous met au-dessus des
autres –
Non, Zachée s’est posté là pour voir Jésus, car il est intrigué par
celui qu’on
dit Fils de Dieu !
Ici
lorsqu’il descend
du sycomore, Zachée devient plus fréquentable, il devient un homme parmi
les
hommes, parmi ceux que Jésus vient rencontrer. On pourrait ainsi dire
qu’ici 2
amis se rencontrent. Non seulement, ils se rencontrent mais ils
s’accueillent
mutuellement comme 2 amis de longue date.
Que demande
Jésus à
Zachée ? on ne le sait pas vraiment mais sans doute rien de
particulier. Seulement
il veut demeurer chez lui comme il demeure chez nous, pour signifier son
amour,
puisque Dieu est amour et qu’il est lui le Fils de Dieu.
« Voilà
Seigneur,
je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du
tort à
quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Notez que
Zachée ne
dit pas je vais faire don de la moitié de mes biens, mais il le fait dès
à
présent ; sa conversion est immédiate. Alors oui, cette réaction de
Zachée
peut surprendre mais je dirais qu’elle précise ici la réussite de la
rencontre,
une rencontre qui manifeste ce qu’est l’homme dans le regard de Dieu à
travers
son Fils.
« Seigneur,
tu
as pitié de tous les hommes. . . tu épargnes tous les êtres parce qu’ils
sont à
toi » (dans le Livre de la Sagesse dans la première lecture).
Oui Dieu a envoyé son Fils Unique par amour pour
tous les
hommes.
Comme Zachée qui accueille Dieu à travers Jésus,
comme lui
il nous faut accueillir Dieu qui est amour, cet amour que nous devons
porter
aux autres, à tous les autres y compris nos ennemis.
Si je dis
que j’aime
Dieu que je ne vois pas sans aimer mes frères et sœurs que je vois, je
suis un
menteur, je ne mets pas en pratique son message d’amour et de
paix ; Je ne
réponds pas non plus à l’appel d’amour fraternel qui fait de nous des
frères et
sœurs en Christ.
« Le
Seigneur
soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés »
(dans le
psaume de ce dimanche)
Imaginons
frères et
soeurs que Zachée soit tombé de l’arbre au passage de Jésus ; que
serait-il advenu de leur rencontre ?
Je ne pense pas que Jésus l’aurait laissé ainsi sur
le sol, il
se serait très certainement arrêté pour le relever. Il doit en être de
même
pour nous face à une situation de détresse, d’abandon ou de solitude.
Alors oui,
sûrement que Jésus serait venu l’aider à se relever, quitte à provoquer
un
malaise parmi ceux qui le suivaient ce jour-là, eux qui haïssent ce
Zachée !
De même qu’il redresse les pauvres et les
paralytiques ou
qu’il guérit les lépreux, de même Jésus relève et sauve quiconque vient
à sa
rencontre.
Pour Zachée,
cette
rencontre est bouleversante, elle vient comme faire chavirer sa vie.
Zachée est
transformé et pour toujours il devient autre. Pour chacun de nous, la
rencontre
peut être sans cesse renouvelée, sans cesse enrichie par nos prières et
dans
nos actes.
Frères et
sœurs, amis
paroissiens, en cette fin du mois d’octobre dédié à la mission
universelle dans
l’Eglise, nous nous remémorons aussi que nous sommes tous appelés à
répandre la
Bonne Nouvelle, à témoigner de l’Evangile : c’est notre mission à
chacune
et à chacun.
Si pour
Zachée la
mission a commencé avec le Christ dans sa maison, pour chacun de nous
elle peut
se poursuivre au seuil de notre porte. Jésus ne nous demande rien si ce
n’est
que l’accueillir dans notre propre maison, au plus profond de notre
cœur.
Frères et
sœurs, amis
paroissiens, à l’image de Zachée qui découvre la grandeur de l’amour de
Dieu,
redécouvrons nous-mêmes cette infinie grandeur d’amour, prenons le temps
de
l’accueillir et goûtons dans la foi à l’intimité du Christ qui sans
cesse
s’offre à nous, lui Le Fils de l’homme qui est venu chercher et sauver
ce qui
était perdu »
Amen
Joël MACARIO, diacre
permanent
le 30 octobre 2022