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31° dimanche du Temps Ordinaire


Cet épisode de l’évangile que Luc est le seul à nous raconter, nous le connaissons bien. Et sans doute depuis longtemps. Je me rappelle l’avoir entendu au caté quand j’étais enfant, et je pense que c’est aussi le cas de la plupart d’entre-nous. Les enfants du caté d’aujourd’hui connaissent, eux aussi, ce personnage de Zachée. Si toutes les générations ont eu droit à l’histoire de Zachée, c’est sans doute qu’elle a une signification particulièrement importante !
Zachée exerce un métier qui le fait haïr de ses frères juifs : Il collecte les impôts pour l’occupant romain. A une autre époque, on l’aurait traité de « collabo ». De plus, ce travail lui a permis de s’enrichir, en profitant largement du système, ce qui n’améliore pas son image auprès des gens du peuple. Il nous est donc présenté comme quelqu’un de foncièrement malhonnête. Ce qui le rend sympathique à nos yeux, c’est simplement qu’il veut voir passer Jésus. A bien y regarder, c’est une attitude tout-à-fait banale. Lorsqu’un personnage célèbre est annoncé dans une ville, tout le monde veut se trouver sur son passage pour le voir. Quitte à escalader un balcon, un réverbère ou un panneau de signalisation pour mieux voir, au-dessus de la foule. Rien d’extraordinaire, donc, dans la démarche de Zachée. N’ayant pas de réverbère à sa disposition, c’est dans un arbre qu’il choisit de grimper. Ce détail rend le récit pittoresque et même cocasse, mais ce n’est pas là qu’il faut chercher ce qui le rend si important. Continuons plus loin. Que se passe-t-il ensuite ? Jésus le voit. Ici non-plus, rien de bien surprenant ! Un homme dans un arbre, ça se remarque ! Ce n’est qu’à partir de ce moment du récit que toute une série de faits inattendus vont s’enchaîner les uns à la suite des autres. Tout d’abord, Jésus l’appelle par son nom : « Zachée, descends vite ! » Comment Jésus peut-il connaître son nom ? Zachée a dû être très surpris de cette interpellation. Ce petit détail nous dit quelque chose de la personne de Jésus : Il connaît chacun par son nom, tout simplement parce qu’il est Dieu. Puis il poursuit : « Il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». Scandale ! Celui dont on prétend qu’il pourrait être le Messie va loger chez un pécheur, un homme malhonnête qui s’enrichit aux dépens des honnêtes gens ! Mais voilà que ce personnage peu recommandable dit à Jésus qu’il va donner la moitié de ses biens aux pauvres ! et il est même prêt à réparer les torts qu’il a fait à ses victimes. Quelle conversion ! quel retournement (c’est le sens du mot « conversion ») ! Voilà un homme qui n’avait rien demandé, qui se voit subitement appelé, interpellé, et qui change complètement d’attitude après sa rencontre, son unique rencontre avec Jésus. (Entre parenthèses, nous qui le fréquentons beaucoup plus régulièrement, avons-nous été à ce point touchés par Lui pour vouloir faire de même et donner la moitié de nos biens aux pauvres ?) Et quelle est la conséquence de cette conversion de Zachée ? Jésus déclare : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison ». La conséquence de la conversion, c’est le salut ! et le salut immédiat, « aujourd’hui » !
Je vois dans ce récit trois grandes leçons qui sont proposées à notre méditation :
Premièrement, ce n’est pas l’homme qui va vers Dieu, c’est Dieu qui vient à nous. Zachée voulait juste voir Jésus passer, il  n’a pas fait une démarche particulière pour s’adresser à lui, si ce n’est une démarche de curiosité. C’est au contraire Jésus qui l’interpelle et l’invite à opérer un mouvement, à descendre de son arbre. Zachée n’invite pas Jésus, c’est Jésus lui-même qui s’invite dans la maison de Zachée. Jésus s’invite dans nos maisons, dans nos intimités, même si nous sommes pécheurs, si nous nous considérons comme des gens sans intérêt, même si nous ne nous jugeons pas dignes de le recevoir. Encore faut-il que, comme Zachée, nous acceptions d’ouvrir la porte et de le laisser entrer.
Deuxièmement, après avoir consenti à laisser Jésus nous visiter, il nous devient possible comme à Zachée d’ouvrir notre cœur à sa miséricorde, de reconnaître notre péché et de vouloir changer, et même de vouloir réparer les torts que nous avons faits aux autres. Laisser entrer Jésus dans notre maison nous aide à devenir généreux, comme Zachée qui veut donner la moitié de ses biens aux pauvres. Cette générosité n’est pas un « plus ». Le souci des plus pauvres, des plus vulnérables, des plus petits, fait partie du message évangélique. Aimer Dieu et aimer ses frères les hommes, c’est la même chose.
Et troisièmement enfin, ce changement d’attitude fait de nous des sauvés. Le salut nous est donné du seul fait de notre conversion. Il n’y a pas d’autre condition. Jésus annonce le salut pour la maison de Zachée simplement parce que Zachée a eu la simplicité d’ouvrir sa porte et de se laisser transformer par la présence de Jésus chez lui, de se laisser convertir.
Cette histoire est l’histoire de beaucoup de convertis, que nous connaissons ou dont nous avons entendu parler. Tous nous racontent une conversion qui suit le même schéma que l’histoire de Zachée : alors qu’ils vivent une vie dissolue, à la dérive, sans Dieu, parfois dans la débauche ou dans la drogue, Dieu fait irruption un beau jour, sans crier gare. Cette irruption les amène rapidement à reconnaître leurs fautes, à désirer une confession puis à recevoir le sacrement de réconciliation. Beaucoup nous racontent les larmes de joies qui suivent ce pardon, larmes que l’on peut considérer comme le signe de cette conversion. La nouvelle vie qu’ils entament alors est une vie de sauvé : « aujourd’hui, le salut est arrivé dans cette maison. »
Ce récit de la conversion de Zachée et de toute conversion est comme une illustration de ce passage du Livre de la Sagesse que nous avons entendu en première lecture :

« Seigneur, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu'ils se convertissent.
Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu'ils se détournent du mal, et qu'ils puissent croire en toi, Seigneur. »
 
C’est bien ce qui est arrivé à Zachée : Tout pécheur qu’il était, Jésus a « fermé les yeux sur ses péchés, pour qu’il se convertisse ». Comme chrétiens, nous croyons que ce que Jésus a fait pour Zachée, il le fait aussi pour nous, aujourd’hui. Il nous éduque quand nous tombons, afin que nous nous détournions du mal et que nous puissions croire en Lui. Oui, le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
Amen !


Daniel BICHET, diacre permanent
St Lumine de Clisson, St Hilaire de Clisson, Maisdon sur Sèvre
31 octobre 2010

 
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