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30° dimanche du Temps Ordinaire

Si 35, 12-14.16-18 ;  Ps 33 ; 2Tm 4, 6-8.16-18 ; Lc 18, 9-14

Nous débutons cette semaine avec Jésus qui enseigne dans le Temple. Nous savons d’ailleurs qu’il est à Jérusalem, puisque la Bible nous l’indique à cet endroit dans l’évangile de Luc. D’ailleurs, la première étape de cette marche nous est relatée au chapitre 9, verset 51 : « Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem ».

Le chapitre 18 s’inscrit donc ici dans la continuité des précédents, Jésus est en marche vers Jérusalem et il donne des enseignements à ceux qui le suivent - « de grandes foules faisaient route avec Jésus » (Lc 14, 25). Ainsi sur la route, Jésus s’adresse à des foules nombreuses et variées : on y croise des pharisiens, des collecteurs d’impôt, des pécheurs, des scribes, des notables, des lépreux, des pauvres, des malades. . .  Et bien-sûr aussi ses disciples.   

 

Jésus poursuit donc sa montée vers Jérusalem, une cité qui occupe une place déterminante dans l’évangile de Luc, tout particulièrement dans les derniers chapitres : Jérusalem et son Temple, Jérusalem qui est le lieu où les parents de Jésus le portent pour le présenter au Seigneur, Jérusalem et le repas pascal avec l’institution de l’eucharistie, Jérusalem et la prière au Mont des Oliviers, Jérusalem et l’arrestation de Jésus, son procès et sa crucifixion. Jérusalem qui est en quelque sorte le début et la fin de la vie messianique de Jésus. 

   

Les lectures et la parabole de ce dimanche nous redisent combien Dieu est patient et miséricordieux, un Dieu qui ne fait pas de différence entre les personnes ; pas de différence entre les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux, les malades et les bien portants, les personnes intelligentes et celles qui sont moins instruites etc. . . 

 

Au travers de la rencontre de Jésus ce dimanche dans le Temple, il serait aisé de vouloir opposer le Pharisien et le Publicain alors même qu’on ne sait rien d’eux ; car c’est seulement à partir d’écrits que nous savons plus précisément aujourd’hui qui étaient ces Pharisiens et ces Publicains. 

Les Pharisiens formaient un parti religieux très proche et très respecté du peuple juif. Ils s’appliquaient à respecter la loi au-delà même de ses exigences. Les Publicains quant à eux étaient des collecteurs d’impôts, des agents subalternes au service de l’occupant romain. Ils étaient issus du peuple juif, mais ceux-ci les considéraient comme pécheurs car non respectueux de la loi.  

Voici pourquoi nous sommes tentés de les opposer dans cette parabole qui finalement ne nous présente que 2 hommes en prière.  

Le premier, le pharisien, se dit différent des autres, il est de ceux qui se considèrent justes devant la Loi de Dieu. Pourtant, sa prière manifeste qu’il n’aime personne : « Mon Dieu je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres – ils sont voleurs, injustes, adultères » ajoutant même : « comme ce publicain ».  

Ce pharisien est donc faux ; il accomplit la Loi mais il n’aime pas les autres. Il est monté au Temple pour prier mais il ne s’adresse à Dieu que pour se contempler lui-même. Il a beau être juste selon la Loi, il n’aime pas ceux qu’il voudrait instruire, il préfère leur être supérieur. 

Le second, le Publicain serait donc le pécheur, celui qu’il faut rejeter. Mais le publicain dont nous parle Jésus est différent ; il se tient à distances, il ne se prétend pas comme un modèle, ne regarde pas les autres de haut.  Lorsqu’il monte au Temple pour prier, il n’ose pas lever les yeux au ciel, il a plutôt la posture du pécheur en prière et sa situation de pécheur est comme un appel à l’Autre. Il est le juste que Dieu regarde. 

« Le Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris. .  . . Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu. » 

(Dans le Psaume 33 de ce dimanche)    

 

« Ce passage de l’évangile met en évidence deux façons de prier, une qui est fausse — celle du pharisien — et l’autre qui est authentique — celle du publicain. La prière du publicain est celle du pauvre, c’est la prière qui plaît à Dieu, et qui « parvient jusqu’au ciel », alors que celle du pharisien est alourdie par le poids de la vanité. » 

Je cite ici le Pape François commentant ce passage de l’évangélique de Luc, le Pape François qui ici semble insister sur les façons de prier. 

Ainsi par cette comparaison, nous pourrions nous-mêmes être tentés de cataloguer les autres, voir les juger : Le Pharisien est faux et orgueilleux, et le Publicain est pécheur mais plein d’humilité. 

Mais en fait, la parabole ne compare pas deux hommes mais elle les met côte à côte, chacun dans une attitude qui lui est propre.  

A nous de découvrir quelle serait la bonne attitude, la manière de prier qui nous donnerait d’aimer Dieu et aussi les autres. 

Marie elle-même comme ce pharisien ont reconnu le don que Dieu leur a fait. Cependant, l’une et l’autre ont répondu différemment. Le pharisien qui prétend vouloir rendre grâce à Dieu ne fait que se servir lui-même puisqu’il se dit différents des autres ; Marie quant à elle a mis la grâce dont elle a été comblée à la disposition de tous ; elle n’a pas retenu Jésus, son Fils, elle l’a donné à tous.  

« Mon âme exalte le Seigneur… il a porté son regard sur son humble servante, oui désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse. . . sa bonté s’étend de générations en générations sur ceux qui le craignent. . . il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse. . . il a élevé les humbles. . . » Marie est devenue ainsi le modèle même de ceux qui s’abaissent. 

 

« Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé »  

Dans notre quotidien de chrétien, nous sommes tous appelés à prier, reste à savoir avec quelle foi nous prions.  

Dimanche dernier, Jésus posait cette question à ses disciples : « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » 

Frères et sœurs, chers amis, cette question nous est posée encore aujourd’hui ; quand nous prions, sommes-nous ceux qui s’ajustent sur Dieu ou sommes-nous seulement les convaincus qui dénigrent les autres comme le fait le Pharisien ?  

Notre prière, qu’elle soit personnelle ou communautaire, devrait nous conduire à rechercher non pas notre bien-être personnel, mais bien plus à nous mettre à l’écoute et au service du peuple tout entier de Dieu.   

 

Posons-nous donc cette question : Avec quelle foi prions-nous ? Ici encore pour y répondre je vais faire référence au Pape François qui nous donne une réponse. Voici ce qu’il a écrit dans sa première encyclique « La lumière de la foi » au chapitre intitulé : la foi et le bien commun :  

« La foi n’éloigne pas du monde et ne reste pas étrangère à l’engagement concret de nos contemporains. . . la foi est un bien pour tous, elle est un bien commun, sa lumière n’éclaire pas seulement l’intérieur de l’Eglise et ne sert pas seulement à construire une cité éternelle dans l’au-delà ; elle nous aide à édifier nos sociétés, afin que nous marchions vers un avenir plein d’espérance. »  

 Alors frères et sœurs, quand nous prions, peut-être pourrions-nous nous rappeler ces versets du Psaume de ce dimanche : 

« Que les pauvres nous entendent et soient en fête, le Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris. 

Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses il les délivre. » 

Frères et sœurs, amis paroissiens, demandons au Seigneur d’augmenter en nous la foi, mais aussi l’espérance et la charité. 

Seigneur, « Accueille au creux de tes mains, la prière de tes enfants. » AMEN 


Joël MACARIO, diacre permanent

Église Saint-Nicolas, Châteaubriant (44)

Le 26 octobre 2025

 

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