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30° dimanche du Temps Ordinaire

Si 35, 12-14.16-18 ;  Ps 33 ; 2Tm 4, 6-8.16-18 ; Lc 18, 9-14

Le message qui ressort de ces textes ne vous a certainement pas échappé. A condition toutefois de ne pas s’enfermer dans le cliché opposant 2 personnes le pharisien au publicain mais plutôt deux attitudes du cœur. Le récit est tellement connu ! Mais n'y a-t-il pas en chacun de nous à la fois un pharisien qui bombe le torse et un publicain sur la touche ? Ces dérives religieuses et profanes n'auraient-elles plus cours aujourd'hui ? Légalisme moralisateur, certitude de détenir la vérité, désir de paraître, abus de pouvoir, hypocrisie des apparences... ces comportements ont-ils disparu de nos sociétés et de nos Églises (le cléricalisme) ? N'est-ce pas nous que Jésus interroge à travers ce comportement du pharisien ?
  Alors quel est l’appel lancé par Jésus ? Devenir « justes ». C’est dit dès le début du récit et aussi en conclusion. Qu’est-ce que cela veut dire ? Être juste au regard de Dieu, c’est s’ajuster à son désir, à sa volonté, à son amour. Non pas à la manière d’un domestique vis-à-vis d’un maître capricieux et tyrannique, mais parce que c'est là pour nous, la condition essentielle de réaliser notre humanité, d’accéder au bonheur.
  Et pour cela, la parabole dite du pharisien et du publicain nous en donne une clé, parmi d’autres, bien sûr :  Vivre notre vie d’homme, de femme, de chrétien, de chrétienne, en toute humilité.
  Voilà qui n’est pas très exaltant, allez-vous me dire. C'est pas très porteur dans notre monde d’aujourd’hui. En ces temps troublés où l'attention semble le plus souvent se concentrer sur l'ego. Il faut se battre,  la vie est tellement dure, surtout pour certains.  Et la conversion est un rude chemin...
  Entendons-nous bien : « vivre en toute humilité », ne veut pas dire faire preuve d’une faiblesse de caractère. Il ne s’agit pas de taire  ce qui nous tient à cœur  Il ne s’agit pas de donner l’image du chrétien comme de celui qui est la bonne pâte, qui n’est qu’un faible ! L’humilité n’est pas la vertu du faible, mais la vertu du pauvre !
  Pour un chrétien, être juste c’est vivre en toute humilité ; Tout d’abord en se situant en vérité dans sa relation à Dieu, et dans sa relation à l’autre, aux autres. Voyez le pharisien, il se regarde lui-même; il se regarde dans un miroir ! « Je… Je…Je… ». C’est lui qui est le centre, il se complaît dans son être,  et il méprise les autres… Le publicain, lui, fait la vérité en lui-même, tel qu'il est en toute transparence, avec ses blessures, ses limites .. Et c’est lui qui sera déclaré juste !... 

Comment ne pas penser à Jésus disant à son Père: «  Je te bénis d'avoir caché ces choses à ceux qui croient tout savoir, et de les avoir révélées aux petits » . 
  En toute humilité nous avons à vivre l’Évangile, à temps et à contre temps, même si parfois nous sommes taxés d’archaïsme. Car, qui est de son temps ? celui qui cède au goût du jour, à la passion ? celui qui joue des coudes même s’il doit écraser l’autre ? celui qui se laisse ballotter au gré des courants d’idées ? Non,  évidemment ;  être de son temps, c’est vivre l’évangile dans les réalités d’aujourd’hui. C’est regarder  le Christ et essayer de vivre comme lui :
 -  quand ces 2 personnes qui ne se parlaient plus se tendent la main, quand des familles sur le quartier, la paroisse, la ville ouvrent leurs portes pour accueillir des réfugiés, des migrants ? quand la solidarité internationale s’exerce de façon concrète au travers de ces actions et ces projets de coopération menées par nos associations locales avec le Sénégal ou la Palestine ? Quand on aide ces enfants du pays de Jésus dans leur scolarité et que l'on contribue bien modestement à combattre la haine, la violence qui sévit en Palestine, à Gaza....  quand des bénévoles se mobilisent pour apporter du réconfort aux gens de la rue (ces jeunes qui font des maraudes) ?  quand cet ami hospitalisé me dit avoir retrouvé, au cours de sa rééducation  l'envie de prier  ?    
  Vous pourriez continuer l’énumération ...
  Il n’y a pas besoin d’être chrétien pour cela, allez-vous me dire. C’est vrai, nous n’avons pas le monopole de l’amour, du service, du don de soi. Le croire, serait nous identifier au pharisien. Raison de plus pour être humble devant Dieu : 

« Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites »
   « Mon Dieu, prends pitié de ce que je suis ! » C’est l’humble prière du publicain. 

Est-ce aussi la nôtre ? 

C’est-à-dire, avons-nous conscience de nos limites, de nos faiblesses, de nos manques, de nos fragilités ? En un mot, sommes-nous humbles devant l’amour immense du Seigneur ? 

Comme l’affirme Jésus : « qui s’élève sera abaissé : qui s’abaisse sera élevé »

Nous n'avons pas toujours les mots...nous sommes habitués à prier pour que les choses n'arrivent pas, nous ne sommes pas habitués à prier pour les vivre : 

« Seigneur aide-moi à vivre ce que j'ai à vivre. ».
Méditons la parole du sage Ben Sirac, qui nous disait dans la 1ère lecture :
« La prière du pauvre traverse les nuées ».   


François CORBINEAU, diacre permanent

26 octobre 2025


 
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