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30° dimanche du Temps Ordinaire

Si 35, 12-14.16-18 ;  Ps 33 ; 2Tm 4, 6-8.16-18 ; Lc 18, 9-14

        En recherchant le cœur du message contenu dans les lectures de ce jour, j’ai remarqué que certains mots revenaient plusieurs fois, dans des contextes différents. Ce sont les mots : juge, pauvre, juste. Je me demandais comment concilier ces trois mots et c’est alors qu’une phrase a retenu mon attention. Ce qui est curieux, c’est que cette phrase n’appartient à aucune des trois lectures de ce jour, ni au Psaume.  C’est celle qui a précédé la proclamation de l’Evangile. Rappelez-vous ! Après avoir chanté « Alleluia ! » nous avons entendu cette affirmation : « Dieu ne regarde pas l'apparence, comme font les hommes : il sonde les reins et les cœurs. »
        Cette phrase n’existe pas telle quelle dans la Bible mais elle fait référence à un passage du 1er livre de Samuel où le prophète est envoyé à Bethléem choisir un futur roi, parmi les huit fils de Jessé, pour remplacer Saül. Dans un premier temps, il est séduit par l’un d’entre eux et pense avoir trouvé le futur roi. Mais le Seigneur lui dit « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » Jessé lui présenta six autres de ses fils mais le Seigneur n’avait choisi aucun d’entre eux. Il en manquait encore un, c’était le plus petit, David, qui était à garder le troupeau. On alla le chercher et, contre toute attente, c’est lui qui fut choisi.
 
        Cela rejoint ce que nous dit le prophète Ben Sirac, à deux reprises, dans la 1ère lecture  : « Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes » Cela signifie qu’il ne juge pas sur les apparences mais qu’il sonde les reins et les cœurs »
        Comprenons bien : Le Seigneur n’est pas un néphrologue ni un cardiologue. Dans la Bible, cette expression signifie que Dieu s’intéresse d’abord à nos pensées secrètes, nos motivations intérieures, nos sentiments les plus profonds.
        Se fier aux apparences est trompeur. La parabole du pharisien et du publicain en prière dans le temple nous met en garde contre tout jugement porté sur les apparences.  Le pharisien a l’air d’être une excellente personne, juste et pieuse, tandis que le publicain susciterait en nous spontanément la méfiance ou même l’indignation. Un pharisien est quelqu’un qui, en principe, étudie la Parole de Dieu et s’efforce de la mettre en pratique, tandis qu’un publicain est un collecteur d’impôts pour l’occupant romain et il peut se servir largement au passage.
        Le pharisien commence très bien sa prière : « Mon Dieu je te rends grâce ». La prière de louange est très importante. Mais pourquoi rend-il grâce à Dieu ? Tout simplement par orgueil, parce qu’il se croit meilleur que les autres : « Je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. » Il se croit seul juste devant Dieu et devant les hommes. Il a beau jeûner deux fois par semaine et verser en charité le dixième de son revenu (c’est pas mal!), son jugement est faussé par les apparences. Le plus grave est qu’il se vante ainsi dans le temple, debout devant Dieu.
        Le publicain, quant à lui, se tient à l’écart et n’ose même pas lever les yeux vers le ciel. Ce n’est pas de la fausse modestie ; Il est conscient de son péché. Il se frappe la poitrine en disant : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! » Il s’adresse à Dieu et demande sincèrement pardon, en croyant que Dieu est miséricordieux envers les pécheurs, et en croyant qu’il peut changer, évoluer, s’améliorer. Jésus nous dit que rendu chez lui, le publicain était devenu juste.
Par sa parabole, Jésus ne nous demande pas de nous déprécier, d’ignorer les qualités et les talents que nous avons reçus. Nous devons le remercier des dons qu’il nous a faits. Mais il nous demande également de reconnaître notre faiblesse, ce qui nous place alors dans la situation du publicain de l’Evangile. Pour cela, il nous faut être pauvre de cœur. C’est là que le mot « pauvre » prend toute sa place.
 
        Rappelons-nous du beau témoignage que nous donnait l’apôtre Paul, dans sa 1ère lettre à Timothée, il y a quelques semaines : « Je suis plein de reconnaissance pour celui qui me donne la force, Jésus Christ notre Seigneur, car il m'a fait confiance en me chargeant du ministère, moi qui autrefois ne savais que blasphémer, persécuter, insulter. Mais le Christ m'a pardonné ». Et aujourd’hui, parvenu au bout de la course, il nous dit : « Le Seigneur m'a assisté. Il m'a rempli de force pour que je puisse annoncer jusqu'au bout l'Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes. » Le pardon du Père est toujours possible pour celui qui se reconnaît pécheur. Pour Dieu, il n'y a pas de situation désespérée. C'est de cette Bonne Nouvelle que nous avons tous à témoigner.
         « Dieu sonde les reins et les cœurs. » Les lectures de ce jour sont un appel à l’humilité, à la sincérité, à la pauvreté du cœur et au témoignage.
        Quand notre pape François nous dit : « Comme je voudrais une Église pauvre, pour les pauvres !", il ne parle pas uniquement de pauvreté financière. Il parle bien sûr  d’humilité, de pauvreté du cœur. L’Eglise doit agir par amour, tout en reconnaissant ses faiblesses. Cela rejoint l’enseignement de St Paul aux Corinthiens : «  J'aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu'à transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien. »
Lorsqu’il a réuni le “Conseil des cardinaux” au Vatican, le pape François leur a dit : «Que ce travail nous rende tous plus humbles, plus doux, plus patients, plus confiants en Dieu, pour que l’Église puisse donner un beau témoignage aux gens et que voyant le Peuple de Dieu, voyant l’Église, ils ressentent le désir de venir avec nous ! ».
        L’Eglise doit témoigner qu'elle est a toujours besoin du pardon de Dieu. Nous ne devons pas oublier que les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés, à commencer par St Pierre et St Paul. Le Seigneur compte aussi sur chacun de nous qui sommes aussi pécheurs pour être, avec l’aide de l’Esprit Saint, les messagers de la Bonne Nouvelle dans le monde entier. Et c'est en vue de cette mission, qu’au cours de cette eucharistie, il nous donne son pardon et nous invite à sa table pour le recevoir et le porter à nos frères.

André ROUL, diacre permanent
27 octobre 2013

 
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