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2° dimanche ordinaire


Homélie du 2 ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C – 16 et 17 janvier 2010 – Journée mondiale des Migrants et des Réfugiés               
 Patrick Javanaud (avec la complicité de l’Esprit-Saint)

Frères et sœurs, que de bonnes nouvelles encore ce dimanche dans la Parole de Dieu :
1.    Isaïe et Saint-Jean nous invitent à des noces ;
2.    Le psaume exprime à toutes les nations : « Le Seigneur est roi !...Il gouverne les peuples avec droiture. »
3.    Et enfin, Saint Paul nous déclare que « chacun de nous reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous. »
Je ne sais pas vous, mais moi, quand je reçois cela, je me sens rassuré et regonflé (re-boosté comme disent les jeunes) pour faire face à l’actualité et aux évènements auxquels je vais être confronté au long de cette nouvelle semaine.
Et pourtant, l’actualité n’est pas rose : le peuple haïtien vit un drame sans précédent, des innocents sont tués dans des attentats sans discontinuer, des immigrés voient leurs droits bafoués à nos portes et nos vies sont parsemées d’évènements plus ou moins douloureux…
Comment dans ces conditions trouver l’envie d’aller à la noce ?
Sans doute parce que, bien qu’elles nous soient présentées sous l’aspect d’un mariage campagnard à Cana, il ne s’agit pas de n’importe quelles noces !
Au premier degré, ce récit évoque l’amour d’un homme et d’une femme, la fête, le repas, des danses et de la joie ; mais en Saint-Jean, il nous faut discerner au second plan l’évocation d’un thème biblique, qui court tout au long de l’histoire du peuple de Dieu : celui des noces de Dieu et de l’humanité. Parlant d’un mariage et de l’amour d’un homme et d’une femme, on ne peut pas ne pas penser à l’amour que Dieu porte à l’homme, aux multiples alliances qu’il a voulu conclure avec l’humanité, jusqu’à cette « nouvelle alliance » à laquelle, justement Jésus est en train de faire allusion lorsqu’il parle de « son heure » qui n’est pas encore venue. Notre Dieu – et le prophète Isaïe se charge de nous le rappeler – est bien la source de tout amour, à tel point que le prophète ne craint pas de parler du désir de Dieu, du plaisir  de Dieu. Voici donc rappelé, aujourd’hui, que l’amour d’un homme et d’une femme, le couple qu’ils forment est l’un des signes essentiel, l’une des images primordiales de Dieu et donc que toute expérience vraie de l’amour est un chemin qui peut nous faire connaître qui est Dieu.
Dieu est à la fois différence (Père, Fils et Esprit) et unité !
Il est créateur de l’unité du couple, de ces deux êtres si différents que sont l’homme et la femme, tout comme il est créateur de l’unité entre les peuples quelles que soient leurs origines et leurs différences.
Comment alors, si nous avons foi en ce Dieu tout puissant d’amour qui ne rêve que d’unité entre les hommes jusqu’à faire Alliance en sa chair avec nous, pourrions-nous rester indifférent aux appels qui nous sont lancés ce dimanche en cette journée mondiale du migrant et du réfugié ?
Déjà, dans son message pour la journée du migrant et du réfugié de 2007, Benoît XVI nous invitait à regarder de plus près les nombreux enfants et adolescents concernés par la migration. Il écrivait : « il est impossible de se taire face aux images bouleversantes des grands camps de réfugiés présents dans les diverses parties du monde (et j’ajouterais de notre paroisse…). Comment ne pas penser que ces petits êtres sont venus au monde avec les mêmes attentes légitimes de bonheur que les autres ? Et en même temps, comment ne pas rappeler l'importance fondamentale que revêtent les phases de l'enfance et de l'adolescence pour le développement de l'homme et de la femme, et qu'elles requièrent stabilité, sérénité et sécurité ... Comment peuvent-ils considérer leur avenir avec confiance ? » 
Le Pape a renouvelé son appel cette année et dans un message publié pour cette occasion Mgr Claude Schockert, évêque de Belfort-Montbéliard et responsable de la Pastorale des migrants à la Conférence des évêques de France, rappelle que cette journée «doit nous aider à ouvrir notre cœur et notre raison» à la situation des migrants afin de voir comment y répondre personnellement. En voici quelques extraits :
Le visage des migrants et des réfugiés en France prend de plus en plus souvent les traits de mineurs. Avec ou sans leurs parents ils fuient leur pays en guerre ou trop pauvre pour les nourrir. Ils sont des milliers de mineurs à emprunter les routes de la migration. Ces routes, semées d'embûches pour un adulte, sont encore plus éprouvantes pour un plus jeune. (...) Ils sont fragilisés par les conditions du voyage, par leurs conditions de vie et celles de leurs familles, quand ils ne sont pas seuls, livrés à eux-mêmes, sans repères culturels et familiaux solides. (…)
Ces jeunes vivent des tensions d'ordre culturel. Ce qu'ils ont reçu de leurs parents et ne peuvent renier sous peine d'une rupture de la filiation, entre en conflit avec ce qu'ils découvrent à l'école et dans les relations avec d'autres enfants de leur âge... Comment être « comme les autres » tout en étant différents ? Bien souvent la différence est telle qu'ils développent un fort sentiment de honte, à cause d'une perception dévalorisante de leur origine. De nombreux enfants vivent très difficilement le fait que leurs parents soient sans-papiers, en situation irrégulière ou clandestine ; ils vivent les peurs de leurs parents sans en avoir le système de défense psychique ; leur foi, souvent naissante ou encore trop fragile, n'est pas assez forte pour maîtriser ce handicap
(…) Mais par bonheur, les enfants ont la capacité de vivre une solidarité naturelle; ils sont attentifs aux besoins et états émotifs de leurs petits camarades venus d'ailleurs. Ainsi, le Réseau Education Sans Frontières témoigne que des enfants ont mis au courant leurs parents sur le sort de leurs camarades de classes interpellés ou dont les parents étaient placés en rétention ; des équipes de JOC ou d'ACE ont soutenu leurs copains et copines vivant ces situations difficiles ou dramatiques...
Aujourd'hui à tous nos enfants et nos jeunes, n'ayons pas peur de leur dire : « gardez vivant ce sens de l'accueil de vos camarades quand vous les accueillez, quand vous êtes leurs amis, vous êtes vraiment les disciples de Jésus ».
« Le Seigneur est roi !...Il gouverne les peuples avec droiture. » nous dit le psaume.
A ces jeunes enfants et mineurs migrants et réfugiés, osons dire : « L'Eglise est votre maison, l'Eglise est votre famille. Votre vie est précieuse à nos yeux, parce qu'elle l'est aux yeux de Dieu. Nous ne vous abandonnons pas. »
Ce dimanche à Sainte-Luce, les scouts marins sont réunis à l'occasion de cette Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié pour vivre un temps de rencontre et de réflexion sur le thème de l’accueil de la différence.
Et bien nous aussi, cette journée mondiale doit nous aider à porter un regard de foi, à ouvrir notre cœur et notre raison à la situation trop souvent dramatique des mineurs migrants et réfugiés, trop souvent délaissés, considérés comme quantité négligeable. Saisissons-la afin que nos engagements, petits ou grands, contribuent à construire une société plus fraternelle pour nos enfants : leur avenir nous concerne, aidons-les à le construire. « chacun de nous reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous. » nous a confié Saint-Paul. Nous sommes invités à prier, à réfléchir, à ne pas fermer les yeux sur les situations que nous connaissons et à voir comment nous répondons à l'appel du Seigneur qui retentit au cœur de l'Evangile : « celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c'est moi qu'il accueille ». (Mt 18,5)
A Cana, c’est Marie qui amène Jésus à produire son premier signe, un signe qui résume tout, le signe manifeste que Dieu est Amour. Plus tard, au pied de la croix, alors que pour Jésus « l’heure est venue » de manifester par le don de sa vie l’immensité de l’Amour de Dieu, c’est à Marie qu’il confie toute l’humanité sauvée pour qu’elle en devienne la Mère. 
Et bien voilà, moi je sais pourquoi je suis heureux de participer à la Noce. Au fait, si vous décidez d’y aller aussi, ce sera comme convive ou comme serviteur ? Je vous propose d’y réfléchir sous le regard bienveillant de Marie…         

     
Amen

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