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2° dimanche ordinaire

Is 62, 1-5 ; Ps 95 ; 1Co 12, 4-11 ; Jn 2, 1-11

Vous avez remarqué ? Nous sommes passés au vert !    
Je veux parler de la couleur liturgique : c’est le début du temps ordinaire, après le temps de Noël qui s’est achevé avec le Baptême du Seigneur, dimanche dernier. On a démonté la crèche.
Vous avez dit « temps ordinaire » ?
Très curieusement, la Liturgie de ce dimanche nous propose un Evangile EXTRA- ORDINAIRE.
Extraordinaire au moins pour TROIS RAISONS :

-    la quantité de bon vin offert par Jésus : 600 litres !
-    le signe exceptionnel de Jésus, qu’on trouve une seule fois dans l’Evangile,
-    les paroles de Marie, si rares qu’elles sont remarquables.

1er étonnement : 600 litres de vin, et du meilleur ! L’évangéliste nous précise que c’est la contenance des 6 jarres qui servaient aux ablutions ; les mariés avaient commencé leur vin d’honneur avec un petit ‘cubi de rosé pamplemousse’, et c’est la panne sèche ! Marie est attentive au manque, à cette panne qui peut créer de la peine. Discrètement, mais avec insistance, elle intercède auprès de Jésus, qui  leur sauve la mise, et qui dépasse toutes les espérances : il y a de quoi faire la fête pendant plusieurs jours, et avec un grand cru ! (Châteauneuf du Pape ?)

Cette abondance, et cette qualité, c’est le premier sens de ce premier signe de Jésus : on ne parle pas beaucoup des mariés, ils sont muets et anonymes ; parce que la véritable alliance qui est célébrée, c’est celle de Dieu avec l’Humanité tout entière - c’est ce que nous avons entendu dans la lecture du Prophète Isaïe : il vient faire alliance avec moi, avec toi, avec chacun de nous – avec nos sensibilités différentes - pour l’éternité. C’est cette gratuité du cadeau du meilleur vin offert qui symbolise la vie donnée pour la multitude, c’est cette profusion de l’amour infini qui nous sauve !
Et c’est ce que nous allons célébrer dans l’eucharistie.


2è étonnement : ce « signe de Cana » qui a été illustré par de nombreux artistes peintres, et que l’on croit bien connaitre, ne se trouve que dans l’évangile de JEAN. C’est curieux : nous venons de commencer le temps ordinaire de l’année liturgique St Luc, et la Liturgie nous donne à entendre un passage du début de l’Evangile de St Jean. Nous sommes au Chapitre 2, juste après le témoignage de Jean-Baptiste et l’appel des premiers disciples : ça va être le premier signe de la vie publique de Jésus.
Vous pouvez chercher dans les autres évangiles, vous ne trouverez pas le signe de Cana – c’est unique, il n’est pas rapporté deux fois. Avec un peu d’humour, on pourrait dire à la façon de Raymond Devos : « Il n’y a pas de CANA-bis dans l’Evangile ! »
Plus sérieusement…on trouvera tout de même un écho de ce signe, à la fin de l’évangile de Jean, dans un autre repas : le récit de la Cène - quand Jésus, « sachant que l’heure était venue de passer de ce monde à son Père », a versé l’eau dans un bassin et a pris à son tour la position du serviteur pour laver les pieds de ses disciples.
Le signe de Cana préfigure et transfigure le geste du serviteur : « remplissez d’eau les jarres » dit Jésus à ceux qui servaient, et il transforme l’eau du service quotidien, l’eau des jours ordinaires, en vin de fête à profusion : « c’est un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous ».
Et il  y a de multiples façons d’être serviteur et d’être disciple, nous a dit St Paul dans la 2ème Lecture : « les services sont variés, mais c’est la même Seigneur (…) A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. »
Jésus nous dit : quand vous remplissez votre vie pour vous mettre au service des autres, jusqu’au bord, moi je transforme votre travail et votre engagement en vin de la vie éternelle !  
Quand les scouts vont apporter la petite Lumière de Bethléem chez des personnes isolées, Moi Jésus je multiplie par 6 et par 100 cette lumière pour qu’elle réchauffe le cœur  et l’âme : C’est extra-ordinaire !

3è étonnement : la présence et les paroles de Marie.
Il y a très peu de paroles de la mère de Jésus dans l’Evangile ; Marie est celle « qui retenait tous ces évènements dans son cœur » ; elle est celle qui a dit à l’Annonciation : «Je suis la servante du Seigneur – qu’il me soit fait selon ta parole».
Aujourd’hui à Cana, elle inverse les rôles et c’est elle qui adresse une parole à eux qui servaient – et donc à nous aujourd’hui : «tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Elle est attentive au manque, à Cana, et aujourd’hui à Saint-Herblain. Elle nous tourne vers son Fils, et elle fait advenir son Fils à sa mission, sa naissance à sa vie publique. La psychanalyste François DOLTO  a dit que, à Cana, Marie avait à nouveau « mis au monde » Jésus. Elle croit en lui, elle est la première des croyants.
On retrouvera Marie au pied de la Croix : c’est à sa mère que Jésus confiera le disciple qu’il aimait, c’est-à-dire chacun de nous : « Femme, voici ton fils ». Les exégètes pensent qu’elle a suivi Jésus tout au long de sa vie publique, jusqu’à la Croix. Ainsi nous pouvons la prier chaque jour de notre vie : « maintenant - l’instant que l’on tient dans la main- dans le temps ordinaire - et à l’heure de notre mort ».
« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. » (un Grand « cru » !)

C’est peut-être cela le véritable miracle de Cana : par l’intercession de Marie – elle n’a pas parlé … « en vain » si j’ose dire ! -  Jésus est reconnu Fils de Dieu par ses disciples : ils ont reconnu le signe de la présence et de la gloire de Dieu. Comme les mages avaient reconnu le signe de l’étoile, comme Jean Baptiste a entendu la voix venue du ciel qui s’est fait entendre au baptême: « Tu es mon fils bien aimé ». Jésus commence sa mission de Messie dans la vie des gens ordinaires, et se révèle comme Celui qui est venu pour nous donner la vie en abondance, jusqu’à plus soif…
Alors, quand notre vie ordinaire est parfois dans le brouillard, grise, inquiète, et vide, quand elle manque du gout du vin de la fête, nous pouvons nous adresser à la Mère de Jésus, la Mère de Dieu : réjouis-toi Marie!
Le Seigneur est avec toi (…)
Sainte Marie, mère de Dieu,
Prie pour nous, pauvres pêcheurs,
Maintenant : c’est Aujourd’hui… demain, chaque jour du temps ordinaire, et à l’heure de notre mort
Amen !

Emmanuel MERIAUX, diacre permanent
16 janvier 2022
Paroisse Saint Louis de Montfort - 44 SAINT HERBLAIN


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