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29° dimanche ordinaire


Tous missionnaires !

        C'est le 29ème dimanche du temps ordinaire, le dernier jour de la Semaine missionnaire mondiale que nous fêtons chaque année à cette date. L’occasion de nous rappeler que deux hommes sur trois n’ont jamais entendu parler de Jésus ni de son évangile. Ce constat doit nous interpeller. Comme baptisés, nous avons tous reçu une mission, une triple mission, celle de prêtre, de prophète et de roi. Une mission qui nous invite à prier ce Dieu qui nous aime, qui nous envoie pour témoigner du Christ, image de son amour et pour servir nos frères en humanité en partageant la Bonne nouvelle du Salut. Chacun de nous est donc appelé à vivre sa mission, à devenir, missionnaire!
       
        Mais qu'est-ce qu'être missionnaire ? Partir en mission au bout du monde, vivre au milieu de femmes et d'hommes d’autres cultures, d’autres traditions, d’autres manières de prier, sans aucun doute et c'est de notre devoir de frères et de sœur de soutenir ces personnes mais il faut aussi reconnaître que "Jésus inconnu" est aussi aux portes de nos églises, de nos maisons, de nos appartements et il est parfois plus supportable d'imaginer cette ignorance loin de chez nous que de la voir si près de nous. Nous pourrions déménager, nous expatrier, chacun de nous reste missionnaire là où il vit.
       
        Il ne faut donc pas forcément traverser des mers pour être missionnaire. Chaque fois que nous témoignons de notre foi, chaque fois que nous parlons du Christ vivant présent dans notre vie, chaque foi que nous partageons l'amour qui est donné, chaque fois que nous nous ouvrons gratuitement à la rencontre animé par les paroles de l'évangile, chaque fois que nous portons une lumière d'espérance sur la route assombrie d'un de nos frères, chaque fois que nous nous faisons proche de l'autre en vérité, à chaque fois, nous sommes missionnaires. Missionnaires pour que chacun puisse connaitre la joie de se sentir aimés par Dieu et des frères. Nous savons bien que cela n’est pas toujours facile.
Saint Paul de son temps invitait déjà Timothée à vivre sa mission "proclamer la Parole" à temps et à contretemps avec conviction, force mais aussi sagesse et patience.
Vous parents, éducateurs, catéchistes, vous connaissez la difficulté de transmettre cette foi chrétienne aux plus jeunes.

        Mais moi, dans ma rue, dans mon escalier, dans mon village… l'autre est parfois tellement différent, comment le rencontrer ? Sa vie, ses habitudes me paraissent tellement étrangères; comment m'ouvrir à lui et lui témoigner ma fraternité ? Comment lui faire sentir que Dieu l'aime alors qu'il se sent abandonné, isolé, ignoré voir maltraité ?

        C'est vrai, la dimension de la mission et les difficultés imaginées peuvent effrayer. Faut-il, pour autant, se décourager ? Se résigner? Se taire? Au contraire et Saint Paul le dit: «malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile! » (1Co 9,16). Mais sommes-nous seuls pour vivre la mission? Si nous sommes baptisés, c'est dans la foi de l'église que nous le sommes et c'est sur elle, nos frères et sœurs en Christ, que nous pouvons compter. Nous ne sommes pas missionnaires dans notre coin. Nous faisons partie de cette Église, elle-même missionnaire, corps du Christ tout entier ouvert et tourné vers l'autre pour qu'il connaisse, lui aussi, la vraie joie de se reconnaître comme enfant d'un Père aimant. Le pape François dans son message pour la journée mondiale des missions insiste aussi sur cette dimension ecclésiale de l'annonce: "Il n’est pas possible d’annoncer le Christ sans l’Église. Évangéliser n’est jamais un acte isolé, individuel, privé mais toujours ecclésial"; et d'ajouter : "Et cela donne force à la mission et fait sentir à tout missionnaire et évangélisateur qu’il n’est jamais seul mais qu’il fait partie d’un seul Corps, animé par le Saint Esprit"[fin de citation]. Un Esprit, un Christ et un Père que l'on rejoint dans la prière : lieu d'abandon et de force, lieu de repos et ressourcement, lieu vivant par la foi, avec la confiance qui nous est faite quand nous recevons cette mission, dans la confiance que nous avons en ce Père qui nous ouvre sa vie.
      
        Regardez Moïse, seul il ne pouvait garder ses mains levées il avait besoin de son frère et de son ami pour l'aider. Souvenez vous de Jésus dans l'évangile: “Priez toujours, sans vous décourager” avec en exemple cette veuve qui va au bout de sa demande et fait plier un juge sans conscience. Quelle énergie chez cette femme qui n’a rien à perdre et tout à gagner ! Trouvons, nous aussi, cette énergie dans la prière et dans l'Église. Car près de nous, bien des personnes, espèrent un message, une parole, une lumière, un geste, une visite, un brin de causette ou une porte ouverte. Et même s'ils ne connaissent pas Jésus, beaucoup attendent de ressentir un témoignage de fraternité. Le missionnaire n’est donc pas une personne avec des compétences exceptionnelles mais c’est un homme, une femme qui a ressenti l’amour du Christ, révélé par cet amour, il veut le transmettre, le communiquer dans la confiance. Ce qui est rassurant, face à la dimension de la mission, c’est la confiance que Dieu nous fait et la promesse qu’Il agira avec nous si nous osons nous appuyer sur Lui.

        Reste le défi de Jésus donne à vivre: "Le Fils de l’Homme, quand Il viendra, trouvera-t-Il la foi sur terre ?” Un défi qui s'inscrit au creux de notre mission : faire connaître son visage, son message pour que la foi trouve des lieux où s'épanouir et persister. En nous appuyant sur Lui, avec son Esprit comme guide et sa Parole comme nourriture, allons à la rencontre de ceux qui ne le connaissent pas ou si mal, portons leur l'annonce d'un Père tendre et aimant offrant sa vie. Une mission à vivre en toute humilité, dans la simplicité, sans prosélytisme mais avec la conviction que c'est toujours Dieu qui œuvre au cœurs des hommes et des femmes de ce temps et qu'il a besoin du pauvre serviteur que je suis pour porter son amour aux extrémités de la terre ou plus simplement au bout de ma rue. Et comme l'écrit Charles Péguy : "Fragiles c'est de nous que dépend que la Parole éternelle retentisse ou ne retentisse pas."


Patrick  Douez, diacre permanent
pour le 20 octobre 2013


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