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29° dimanche du Temps Ordinaire

Lc 18,1-8

Le juge, la veuve et la prière efficace

Qui n’a entendu dire : «J’ai prié le Seigneur pour un être cher, ou un malade et le Seigneur ne m’a pas écouté. Cette personne est morte, ou s’est éloignée de moi, et depuis j’ai perdu la foi». Confidences douloureuses car elles expriment une souffrance morale et spirituelle.
Cela ne vous rappelle-t-il pas la mort de Lazare : «Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort !» (Jn 11,21).
Oui, nous sommes nombreux à connaitre ces sentiments : Je prie, et le Seigneur ne m’exauce pas. Alors j’arrête de prier. C’est comme ça qu’on accumule des déceptions vis-à-vis de Dieu, qu’on entretient une amertume ou une indifférence  spirituelle.
-    Mais au fait, prier, c’est quoi ?
Donner une définition de la prière ne sert pas à grand chose. C’est un peu comme la marche. Mettez un pied devant l’autre d’abord, ensuite vous en donnerez la définition si vous pouvez !
La première forme de prière qui vient à l’esprit est la prière de demande. Quand un enfant vient de se faire mal il se met à pleurer et appelle naturellement sa maman. Voilà déjà une forme de prière. Je pourrais donner des exemples personnels de chutes spirituelles, beaucoup parmi vous aussi sans doute.
Il faut parcourir la Bible pour découvrir d’autres facettes de la prière et elles sont multiples. Prenons part exemple la prière de louange que Jésus a souvent exprimée :
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. (Luc 10:21)
Cette prière de louange on peut la connaitre aussi quand le soleil se couche derrière la montagne du Vauclin (1), illuminant tout le paysage, des paroles de psaumes nous viennent à l’esprit, ou un chant que nous connaissons bien : que tes œuvres sont belles…
Toute cette beauté nous transporte et nous louons Dieu, cette louange nous aide à comprendre un peu son admirable bonté pour l’homme pour lequel la création a été faite.
La prière d’action de grâce est très présente dans la Bible. Sans cesse, au cours des pèlerinages et des cérémonies,  on chante des psaumes qui rappellent ce que Dieu a fait pour nous.
Revenir sur le passé, c’est une manière de rendre sa foi plus forte, plus confiante car, ce que le Seigneur a fait autrefois il peut encore le faire.
Et puis, avec le recul de la prière, on peut retrouver le« doigt de Dieu » dans notre vie
On n’a pas envie tous les jours de prier. On n’en sent pas le besoin. Souvent on n’a pas le temps, ou pas assez de tranquillité pour cela. On ne peut pas s’isoler. Et surtout on ne sent rien. On ne voit pas à quoi ça sert.
Quand on parle à des non croyants de la vie des moines, dont certains passent plusieurs heures par jour à prier, comme ceux qui suivent la Règle de St Benoît et réservent 8 heures par jour à la prière ; la réaction de certains est tout simplement de dire qu’ils sont « dérangés du cerveau - Ababa» (2) ! Ces gens ne comprennent pas. En effet ce genre de vie n’est pas donné à tout le monde.
Ces contemplatifs vont se lever en pleine nuit pour prier, suivre scrupuleusement comme d’autres l’ont fait depuis des siècles, les règles qui leur ont été données par leur fondateur : Saint Benoit, Saint Dominique, Saint François etc.
Cela pose question à nous les femmes et les hommes du 21e siècle habitués à courir après le temps. Cela nous montre toute l’importance de la prière, qui est le temps donné à Dieu sur notre temps de vie.
On dit parfois que la prière, c’est la nourriture de l’âme. Il faut boire et manger tous les jours, c’est une des conditions pour rester en bonne santé et conserver ses forces. De même notre éducation nous a fait intégrer un certain nombre d’autres obligations : se laver,  ne pas abuser de l’alcool ou de tabac, dormir suffisamment. Tout cela on essaie de le faire même quand ça nous coûte plus que d’habitude.
Sur le plan spirituel il y a aussi des obligations à accepter, celle de prier en est une. C’est une des nourritures de l’âme.
La parabole de cette veuve qui ne peut obtenir justice car le juge auquel elle s’adresse n’a « ni crainte de Dieu ni respect des hommes »  ne la décourage pas et tant qu’il ne s’occupe pas de son affaire elle ne lui laisse pas la paix. Il finit par dire : « Je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne pas sans cesse m’assommer. ».
Alors si un juge injuste finit par rendre justice, forcément, Dieu nous rendra justice, nous fait comprendre Jésus. Dieu ne nous fera pas attendre indéfiniment. Mais il faut aussi regarder la veuve.
Cette veuve est un modèle pour nous !
Parfois nous présentons au Seigneur une situation d’une manière superficielle sans que notre cœur s’implique, un peu comme un journaliste à la télévision qui raconte avec le même détachement la mort de 1000 haïtiens dans la tempête Matthew et les résultats du Club Colonial en football.
La veuve de l’Evangile  nous apprend à prier «sérieusement».
Jésus nous dit qu’il faut «crier vers Dieu jour et nuit». Et Crier… c’est crier ! C’est-à-dire qu’il n’attend pas de nous quelques roucoulades, ou une chanson douce, ou des mots entre les dents !
Alors, tous et toutes, prions pour le Seigneur et le monde comme le Seigneur le demande !
Gloire à Jésus pour les siècles des siècles

(1)    La « montagne du Vauclin » sur la côte Est de la Martinique est un ancien cône volcanique qui surplombe la ville du Vauclin. On dit que ce volcan est en sommeil.
(2)    « Ababa » en créole, c’est un fou.


Gérald PRIVÉ
Le Vauclin
16 octobre 2016



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