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29° dimanche du Temps Ordinaire

Lc 18,1-8

« Le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur le terre ?»

Aujourd’hui, on pourrait poser la question suivante : trouvera-t-il des églises ouvertes , et des lieux les Chrétiens se retrouvent pour prier, et partager sa Parole ?

Trouvera-t-il sur terre des femmes et des hommes animés par la Foi, pour faire vivre la fraternité, la compassion, la force du pardon, avec leurs voisins, dans leur travail, dans leur famille, là où ils vivent ?

Jésus donne une clé de réponse :

Il interpelle ses disciples - c’est à dire nous aussi aujourd’hui – sur la nécessité de toujours prier – prier pour la réalisation du Royaume de Dieu – sans jamais se décourager. Et pas uniquement dans la perspective inconnue d’une fin du monde, car il vient déjà dans notre présent

Comment est-ce que je reçois cette interpellation de Jésus dans ma vie de prière ?

Ma vie de prière est souvent bien pauvre ; je n’en vois pas beaucoup les fruits, et cela me décourage parfois.

J’ai prié pour la guérison de mon père, et sa fin de vie a été très difficile,

J’ai prié pour la réconciliation de ce couple ami, et ils viennent de se séparer,

J’ai prié pour ce jeune qui veut faire sa vie tout seul, et je le vois s’engager sur des chemins de traverse.

Alors, j’ai rejoint un groupe de prière : nous avons prié pour les vocations dans l’Église, et pour la paix dans le monde, mais…

Chacun peut alimenter cette liste douloureuse qui met notre foi à l’épreuve : Dieu est-il aux abonnés absents, est-il sourd et indifférent à nos cris, à nos demandes les plus légitimes ?

Et aussi à nos demandes très concrètes : J’ai prié pour gagner au loto...et je n’ai pas été exaucé ! (pas encore !) 

Mais alors : pourquoi Jésus nous dit-il dans l’Évangile de ce Dimanche : 

« bien vite, il fera justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit »

Et le Psaume affirme: « Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël ».

Y’a un truc qui cloche. Qu’y a-t-il de si mystérieux dans la prière ?

Est-ce que nous prions mal, ou pas assez ?

C’est peut-être moi qui suis sourd aux réponses de Dieu, et aveugle à ses signes ?

Je suis peut-être arrivé à croire que la prière est une activité purement humaine, centrée sur mes besoins, un appel à un Dieu SOS Réparateur, un Grand Manitou, qui pourrait répondre à tous mes désirs à moi.

J’ai peut-être l’ambition de mettre la main sur Dieu ? De Lui souffler ce qu’il doit faire.

Comme si Dieu ne connaissait pas mes désirs les plus profonds, alors qu’il est mon Créateur, et qu’il me connaît depuis le sein de ma mère, « lui qui a fait le Ciel et la Terre ».

J’ai peut-être oublié que prier, c’est se mettre sous l’influence de l’Esprit Saint, se recueillir pour se rendre docile à Dieu qui prie en moi.

Ce n’est jamais Dieu qui est absent, mais parfois moi…

Alors qu’il monte à Jérusalem pour y vivre sa Passion, Jésus nous dit que prier c’est consentir à plus grand que soi : « Non pas ma volonté, mais la tienne ! » Comme un enfant qui se remet à son père en toute confiance.

La veuve de la parabole n’avait aucun pouvoir face au juge, elle ne pesait pas grand-chose : elle incarne l’impuissance et la souffrance. Et cependant, par la confiance en sa prière, elle a obtenu justice.

Obtenir justice pour nous, c’est peut-être nous ajuster à Dieu, rapprocher notre désir de celui de Dieu.

Le Père Jean CORBINEAU nous avait donné un jour cette image : lorsque le bateau rentre au port et va   s’amarrer au quai, le matelot tire sur le cordage qui est fermement fixé au quai

... mais ce n’est pas le quai qui s’approche :  c’est la bateau qui se rapproche du quai !

La foi, c’est ce lien qui me relie à Dieu, même s’il est ténu : Jésus disait à ses apôtres qu’une graine de moutarde suffit à déraciner un grand arbre.

Quand il y a une pénurie de moutarde dans nos magasins, c’est pas trop grave…

Mais s’il y avait pénurie de Foi sur la Terre ?

C’est pourquoi Jésus met en garde ses disciples : nous devons veiller en Église à préserver la Foi, en nous et autour de nous : notre prière patiente, modeste, régulière comme une respiration, nous transforme jour après jour; la prière c’est ce qui permet aux chrétiens de continuer à croire au monde nouveau que Dieu nous a promis, et d’y travailler.

Tout à l’heure, nous allons prier ensemble :

« Notre Père (…) Que ta volonté soit faite » : c’est le moment de croire à ce qu’on prie !

Et nous allons d’abord élargir nos intentions de prière à l’universel : Dieu n’agit qu’à travers nous, et c’est en nous encourageant ensemble, que nous pourrons nous dire : « Écoute la voix du Seigneur, prête l’oreille de ton cœur ».

La prière concerne moins la demande de choses extérieures, que la demande de transformation de notre être, de notre désir, pour travailler au monde voulu par Dieu, et reconnaître sa venue, même imperceptiblement.

Si notre action est animée et éclairée par la prière, ce monde nouveau – le Royaume de Dieu- viendra.

Comme Moïse sur la colline, et avec l’aide des frères, prions sans relâche pour les combats d’aujourd’hui.

Jésus nous invite à la prière, comme une initiation à la confiance à l’égard du Père, qui sait de quoi nous avons besoin. Ce n’est pas parce que nous prions beaucoup que Dieu nous fera justice ; c’est parce que nous prions que nous serons capables d’adopter la bonne disposition intérieure pour faire advenir le règne promis.

La prière nous apprend à croire Dieu sur parole.

Je vous propose de conclure avec cette belle oraison du dimanche :

Dans ton amour inépuisable, Dieu éternel et tout-puissant,

tu combles tous ceux qui t'implorent, bien au-delà de leurs mérites,

et de leurs désirs ;

répands sur nous ta miséricorde,

en nous délivrant de tout ce qui nous inquiète,

et en nous donnant plus que nous n'osons demander.                                                                  

Amen !


Emmanuel MERIAUX, diacre permanent

Eglise St Luc - Nantes

16 octobre 2022

 

 

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