« Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ! »
C’est une phrase que j’aimerais bien entendre de la part de Jésus.
Mais, je ne suis pas un Samaritain, ni un lépreux… Quoique ?
N’ai-je pas besoin d’être guéri et d’être sauvé par Jésus ?
Pourquoi est-ce que je viens à la messe chaque dimanche ?
Comment ce passage d’Evangile me concerne-t-il aujourd’hui ?
Je vous propose de reprendre ce petit récit, en nous mettant à la place de ce lépreux samaritain guéri et sauvé, qui revient sur ses pas, et qui vient remercier Jésus.
Et, dans un second temps, on essaiera de se demander comment cette page d’Evangile est également une « Bonne nouvelle » pour nous, et comment elle peut éclairer notre vie cette semaine.
J’en reviens donc à ce lépreux samaritain. On peut dire qu’il est doublement exclu : d’abord parce qu’il est malade d’une maladie très contagieuse, qu’on ne guérissait pas à l’époque (sauf miracle – voir la 1ère Lecture Naaman le Syrien) et ensuite parce que les Samaritains étaient considérés comme des hérétiques, c’est à dire qu’ils s’étaient séparés des autres juifs sur le plan politique et sur le plan religieux ; par exemple, ils ne reconnaissaient pas le temple de Jérusalem comme le lieu où il faut adorer Dieu.
Or Jésus fait route vers Jérusalem, et il passe dans une région frontalière entre Galilée et Samarie – deux régions dont les habitants sont plutôt mal considérés aux yeux des juifs fidèles au Temple de Jérusalem.
Et c’est tout ce groupe mélangé que Jésus va guérir quand ils crient à distance : « prends pitié de nous ». Pour Jésus, peu importe l’origine des personnes – et peu importe leurs mérites personnels, il leur donne une simple parole, une parole de guérison et d’envoi « allez vous montrer aux prêtres ». Cette simple parole va les guérir, et va les réintégrer dans leur village, dans la société, et aussi dans le temple.
L’important, ce qui est vital, c’est de les remettre sur un chemin de vie, en relation avec les autres, et avec Dieu.
C’est ce qu’a compris le samaritain qui revient vers Jésus. Il a constaté sa guérison extérieure : sa lèpre, sa maladie de peau, a disparu, il est purifié nous dit le texte.
Et il comprend à qui il doit cette guérison. Il le comprend intérieurement. Il est aussi purifié intérieurement parce qu’il prend conscience que cette guérison est l’action de Dieu, par Jésus. Alors, il revient sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
Il était doublement exclu, et le voilà guéri — sans aucun mérite de sa part — et mieux que çà : sauvé.
Il est sauvé parce qu’il reconnait Jésus comme Dieu, et comme sauveur.
Je crois que c’est le cœur de la Foi : venir vers Jésus, et Lui dire notre reconnaissance.
Connaitre et reconnaitre : Dieu fait toujours le 1er pas vers nous, et il attend notre réponse, notre démarche vers lui. Quand il y a cette connaissance et cette reconnaissance réciproques, notre vie prend un nouveau départ, elle est transformée, purifiée.
Voilà ce qui s’est passé il y a 2 000 ans : le texte nous dit : « En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem ».
Aujourd’hui, nous sommes en octobre 2025 à Saint-Herblain.
C’était hier la Rentrée du « Pôle familles » : les jeunes familles se sont réunies pour faire connaissance, et pour se mettre en marche vers Jésus, vers la 1ère communion, le baptême, la catéchèse.
Pour notre part, c’est chaque dimanche que nous nous mettons en marche vers Jésus, comme ce Samaritain guéri et reconnaissant.
Nous ne sommes pas atteints d’une maladie grave et contagieuse.
Mais avons-nous conscience d’être guéris et sauvé par Jésus ?
Sommes-nous reconnaissants chaque dimanche ?
Des exégètes font remarquer que le Samaritain de l’Evangile vit une sorte d’eucharistie, un mot qui signifie « rendre grâce ».
Dans l’évangile, cet homme vit ce que nous sommes invités à vivre chaque dimanche durant la célébration.
D’abord, il implore le pardon – « Jésus, prends pitié ». C’est ce que nous avons dit en début de célébration : nous avons besoin d’être guéris de nos maladies, de nos faiblesses, de ce qui nous sépare des autres, par nos péchés.
Puis, il rend gloire à Dieu (le « Gloria ») : nous remercions Dieu pour ce qu’il fait dans notre vie.
Et enfin il se met à l’écoute de Jésus et de sa parole.
Par l’Evangile, Jésus lui dit, et nous dit à chacun de nous : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ».
Relève-toi, regarde vers les autres, et vers Dieu : va maintenant vers les autres, vers les périphéries. Témoigne de ce que tu as découvert.
Ta foi t’a sauvé : tu as compris dans ton cœur que ta vie a un sens, et que Dieu te donne la joie.
Ce n’est pas uniquement en surface, c’est en profondeur que Jésus transforme ta vie.
C’est une promesse et un envoi pour chacun de nous.
La guérison est offerte sans condition, et le Salut est offert « pour la multitude ». C’est le sens de l’eucharistie que nous allons célébrer.
A nous de le faire savoir. C’est cela la Bonne nouvelle qu’il faut partager.
Il ne s’agit plus de rester « à distance » de Jésus, mais de toujours nous rapprocher de lui, par les sacrements, par la prière, et par le témoignage. Le nom de Jésus signifie « Dieu sauve ».
Nous sommes disciples de Jésus, et nous sommes aussi missionnaire de ce que nous avons entendu et reçu.
C’est la Semaine des Missions.
Alors, à notre tour, puisque nous sommes sauvés, devenons contagieux de cette Bonne Nouvelle pour les autres !
Amen
Emmanuel MÉRIAUX, diacre permanent
Église St Louis de Montfort, SAINT HERBLAIN (44)
12 octobre 2025