Ha 1, 2-3; 2, 2-4  -  Ps 94 - 2Tm 1, 6-8.13-14 - Lc 17, 5-10

Frères et sœurs,

“Pourquoi me fais tu voir le mal et la misère“ ?

N’aurions-nous pas parfois le sentiment que nous pourrions nous tourner vers Dieu en reprenant l’apostrophe que le prophète Habacuc lui adresse ?

Déjà il y a 2700 ans la vie n’était pas facile et l’homme de foi qu’était ce prophète appelait le Seigneur à son secours.

Et c’est aussi cette démarche d’interpellation que font les apôtres vers Jésus en lui demandant d’augmenter leur foi. Pour cet événement St Luc donne à Jésus le titre de Seigneur. Il le fera à de nombreuses reprises tant dans son Evangile que dans les Actes des Apôtres, contrairement à Matthieu et Marc qui ne l’utilise qu’une fois. De plus il utilise le terme d’Apôtres pour bien identifier les Douze.

Il est celui qui les guide , ce Jésus qui va être crucifié puis ressuscitera, celui qui va envoyer l’Esprit Saint sur eux à la Pentecôte.

Car la question que posent les Apôtres est vraiment de l’ordre de la spiritualité la plus profonde. En effet ils demandent à Jésus “augmente en nous la foi“

Ainsi on peut se poser des questions sur le fait que ceux que l’on verra quelque temps plus tard, timorés, tristes, inquiets, peureux puissent au cours de cette montée vers Jérusalem, qui sert de fil conducteur à l’évangile de Luc poser cette question à Jésus “augmente en nous la foi“. Mais lorsque l’on replace ce passage dans son contexte, on s’aperçoit que juste avant ils ont entendu Jésus leur dire qu’il faut pardonner sept fois par jour à un frère importun et aussi après une admonestation sur les causes de la chute dans le péché. Ceci explique sans doute cela.

Pour répondre aux Apôtres, Jésus va utiliser une image a forte coloration orientale. En effet nous savons par St Marc que la graine de moutarde est la plus petite des graines, de même que les écrits rabbiniques présentent le gros arbre, le sycomore, comme celui qui est le plus difficile à déraciner.

Ainsi pour montrer à ses apôtres, et à nous aujourd’hui, ce qu’est la foi, Jésus va  prendre des sujets paradoxaux, ces objets en opposition totale,  la plus petite des graines ,le plus difficile des arbres à déraciner.

Nous le savons, la foi est d’abord la nécessité d’adhérer à la personne de Jésus, c’est ce qu’on fait les Apôtres, “viens et suis moi». Avec ce qu’ils étaient, avec ce que nous sommes, faibles, petits, pécheurs, mais décidés à lui faire confiance. “Seigneur fais que je crois“

Il ne s’agit pas d’abord d’une adhésion intellectuelle, d’une adhésion  rationnelle à une idée, à une idéologie, il s’agit de nous efforcer de rencontrer une personne, comme l’on fait  les Apôtres, Jésus qui nous montre le Père par la puissance de l’Esprit Saint.

Ainsi la foi est adhésion, la foi est rencontre, la foi est amour, la foi est accueil car la foi est un don de Dieu. Et ce ne sont pas nos efforts qui nous permettront de grandir dans la foi c’est notre  disponibilité à ce que Dieu veut nous donner. Là se trouve   l’accueil, l’acceptation, l’adhésion à la foi. C’est le fait que Jésus vienne lui-même nous rencontrer, là ou nous en sommes, si notre cœur accepte de l’accueillir.

Prenons une image, elle est classique. Si l’on veut que le soleil entre dans la maison, il faut d’abord en ouvrir les fenêtres et écarter les rideaux. Pour la foi c’est la même chose. Ce soleil qui nous est proposé, c’est le Christ que nous devons accueillir mais qui ne peut le faire que si nos cœurs sont ouverts et se rendent disponibles pour le recevoir.

Proposition de Dieu, liberté de l’homme.

Toute notre vie doit être expérience de vouloir “accueillir“ plutôt que de vouloir “acquérir“

Avec les Apôtres redisons “Seigneur augmente en nous la foi», «fais Seigneur que je crois davantage“.

Cette foi, le Christ nous dit qu’elle peut transporter les montagnes ou qu’elle va permettre de jeter à la mer le sycomore cet arbre si difficile à déraciner.

Bien sûr ce n’est pas d’abord demander au Seigneur des signes extraordinaires. En disant cela Jésus veut nous montrer la puissance de la foi “si tu crois tu verras la gloire de Dieu “chantons- nous parfois. La gloire de Dieu se manifeste dans la vie des hommes. Si nous vivons dans la foi nous verrons que Dieu est vivant aujourd’hui, au milieu de nous, qu’il est agissant. Si nous vivons dans la foi, nous verrons nous aussi des montagnes ou des arbres qui vont se jeter dans la mer, les montagnes de l’égoïsme deviennent charité, les ennemis s’embrassent, les époux et les familles se réconcilient.

Cela le Seigneur peut le faire si nous sommes demandeurs, si dans la foi nous le prions de venir réconcilier les cœurs et les esprits et c’est là que nous pourrons voir ces prodiges annoncés.

Cette foi n’est pas seulement une simple adhésion du cœur, une simple rencontre qui nous satisfasse pleinement car le Seigneur nous appelle à la foi pour nous envoyer.

C’est là où nous devons être serviteurs. Ce que le Seigneur nous donne nous avons à le partager, à le démultiplier..

Au sens le plus strict Dieu n’a pas besoin des hommes mais il veut avoir besoin des hommes. Dieu veut se servir de celles et ceux qui seront ses amis, ses serviteurs pour aller dire autour d’eux, le plus loin possible, le plus fort possible que l’être humain, que chaque homme et femme est aimé de Dieu.

Frères et sœurs c’est cela le cœur de l’annonce : chacune, chacun est aimé de Dieu.

Oui le Seigneur veut avoir besoin de nous comme de ses serviteurs. Ce n’est pas pour notre propre gloire  mais pour celle du Seigneur.

Le Christ nous dit “vous serez de simples serviteurs “

Quelle humilité nous demande le Seigneur !

En effet, nous sommes souvent préoccupés de faire les comptes, les vérifications des résultats de ce que nous avons entrepris.

Notre monde économique aujourd’hui ne connaît très souvent que le résultat, le profit, le nombre d’adhésions, l’importance de la clientèle, On évalue l’importance au nombre. ! 

On connaît le mot de Staline :“ le Vatican combien de divisions“

Le Christ lui nous dit “soyez serviteurs“, il dira ailleurs “autre est celui qui sème, autre est celui qui moissonne». Le serviteur quelconque est celui qui accepte de se mettre au service du Seigneur, sans que sa préoccupation soit d’abord de ce qu’il adviendra de la Parole de Dieu qu’il aura transmise, de l’amitié aux hommes qu’il aura donné. Dieu travaille les cœurs.

Oui Seigneur fais de nous des serviteurs pour qui la mission dont on sait qu’elle est abondante ,voit arriver beaucoup d’ouvriers et que chacune et chacun d’entre nous ,soyons capables d’être là où la vie nous place, l’un de ses serviteurs que tu appelles à une intimité toujours plus grande avec toi.

Que la Vierge Marie qui a su dire à Cana aux serviteurs “faites tout ce qu’il vous dira, que Notre Bonne Mère nous aide à être vraiment ces serviteurs que le Cœur de  Dieu attend. 

Georges RENOUX, Diacre Permanent

Basilique du Sacré Cœur de Marseille

Le 5 octobre 2025