Année C
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Ha 1, 2-3; 2, 2-4 - Ps 94 - 2Tm 1, 6-8.13-14 - Lc 17, 5-10
Comment ne pas se sentir concerné, interpellé par chacune des lectures que la liturgie nous propose aujourd’hui !
Tout
d’abord dans la première lecture, le prophète Habacuc et son cri vers
Dieu : « Combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler au
secours, et tu n’entends pas » Ce genre de reproche à Dieu, nous
l’avons mille fois entendu autour de nous, quand nous ne l’avons pas
proféré nous-mêmes. Devant le malheur qui nous touche, les catastrophes
naturelles, les accidents dont nous sommes victimes, nous-mêmes ou un
de nos proches, les injustices qui ne manquent pas, hélas, dans notre
monde, le premier réflexe est parfois de s’en prendre à Dieu, comme le
prophète Habacuc voici plus de 25 siècles. « Comment Dieu peut-il
permettre cela ? » ou encore : « S’il y avait un
bon Dieu, tout cela n’arriverait pas ». Qui sommes-nous pour faire
des reproches à Dieu ? Sommes-nous donc, nous-mêmes,
irréprochables ? Pourtant, ce cri vers Dieu est un cri
profondément humain, très fréquent dans la Bible. La plupart des
personnages dont l’histoire nous est racontée ont, à un moment ou un
autre, crié leur détresse de la même manière. De nombreux psaumes
également sont des cris, suppliant Dieu pour qu’il fasse régner sa
justice. Mais à chaque fois, le cri se termine comme celui d’Habacuc,
juste après avoir exprimé sa colère envers Dieu : « Je
guetterai ce que dira le Seigneur ». Il est révolté, oui, mais il
garde confiance malgré tout. Il sait que Dieu finira par agir et il
attend avec espérance sa réponse. D’ailleurs, sa réponse ne se fait pas
attendre, même si elle n’est pas forcément telle que le prophète
l’aurait souhaitée : Dieu répond par un appel à la patience dans
la foi, par une invitation à la confiance : « Cela se
réalisera, mais seulement au temps fixé. » Dieu propose la
confiance, c’est-à-dire la foi, et il demande au prophète de
transmettre cette foi : « Tu vas mettre la vision par écrit,
bien clairement sur des tablettes, pour qu’on puisse la lire
couramment. » Pourquoi mettre par écrit, si ce n’est pour pouvoir
transmettre ?
La lettre à Timothée reprend ce thème de la
transmission de la foi . Du fond de sa prison, St Paul encourage son
disciple Timothée : « Réveille en toi le don de Dieu que tu
as reçu » ; « n’aie pas honte de rendre
témoignage » ; « Tu es le dépositaire de
l’Evangile ». Ici encore, nous avons de quoi nous sentir
concernés, interpellés : Nous aussi, nous avons reçu ce don de
Dieu, nous qui sommes baptisés. Nous aussi, nous sommes dépositaires de
l’Evangile, nous qui avons été catéchisés. Qu’en faisons-nous ? En
regardant autour de nous, nous voyons bien qu’il y a de plus en plus de
personnes, et tout spécialement des jeunes et des enfants, qui, eux,
n’ont rien reçu. Ce qui était répandu pour tous voilà quelques
décennies, la connaissance de la Bonne Nouvelle du Christ Jésus, est à
présent un privilège rare. Car si on trouve encore une majorité
d’enfants baptisés, combien ont reçu un enseignement, une
catéchèse ? Combien auront accès à la connaissance de l’amour de
Dieu ? oui, nous sommes les dépositaires de l’Evangile, alors
osons risquer une parole, osons des gestes envers ces pauvres dans la
foi. Mettons-nous au service de nos frères, annonçons ce que nous avons
reçu, n’ayons pas peur. « Car ce n’est pas un esprit de peur que
Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de raison »
nous rappelle St Paul dans la seconde lecture d’aujourd’hui.
Mettons-nous au service de nos frères, mettons-nous au service de la
Parole de Dieu. Nous sommes ces serviteurs quelconques dont Jésus nous
parle dans l’Evangile que nous venons d’entendre. D’anciennes
traductions disaient « serviteur inutile ». Ne nous méprenons
pas sur le sens de cet « inutile » : Nous ne sommes pas
inutiles. Si Jésus s’est choisi des disciples, si son Esprit Saint
continue encore aujourd’hui de susciter des apôtres, c’est que Dieu a
besoin de nous. Sa toute-puissance aurait pu, en effet, faire des
hommes des serviteurs inutiles, mais son amour est si grand qu’il a
voulu avoir besoin des hommes.
Serviteurs quelconques, ou encore
simples serviteurs, Jésus veut dire que nous ne sommes que des
serviteurs, au service d’une tâche qui nous dépasse. Ce n’est pas un
terme méprisant, mais réconfortant, au contraire ! Nous ne sommes
pas responsables à nous seuls de la venue du Royaume de Dieu, c’est
l’affaire de Dieu lui-même. Nous ne sommes que des serviteurs, chacun à
sa place, chacun dans son rôle. Comme le disait un père de séminaire à
ses élèves apprentis prêtres : « Ce n’est pas nous qui allons
sauver le monde, le Christ l’a déjà fait. » Lorsque nous sommes
sollicités par la paroisse pour une tâche ou un service, que ce soit le
caté auprès des enfants, ou une mission auprès des jeunes, des malades,
des personnes en difficulté, ou tout autre chose encore, ne répondons
pas trop vite : « Je ne suis pas capable ! je n’ai pas
assez la foi ! ». Car Jésus nous dit aujourd’hui :
« Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup de foi ! La foi, si
vous en avez ne serait-ce que gros comme cette minuscule graine de
moutarde, vous pouvez faire des choses apparemment impossibles ».
En effet, il ne s’agit pas de peser notre foi, de la mesurer, de
l’évaluer. Il s’agit de compter sur la puissance de Dieu : C’est
lui qui agit, ce n’est pas notre foi, petite ou grande. La mission qui
nous est confiée au nom de notre baptême, en raison de notre baptême,
c’est celle que l’on confie non pas à un « super héros »,
mais à un serviteur. Pas plus, pas moins ! Pas moins, parce que
c’est déjà la marque d’une grande confiance que de confier une mission
à quelqu’un, que de demander un service à une personne, à un serviteur.
C’est donc que Dieu nous fait confiance. Pas plus, parce que, si nous
avons conscience – et c’est cela avoir la foi – que c’est la puissance
de Dieu qui agit, et non pas nous, quand nous travaillons à
l’édification de son Royaume, alors la responsabilité sur nos épaules
devient beaucoup moins lourde : le responsable, c’est Dieu
lui-même. Et rien n’est impossible à Dieu. Même à travers notre peu de
foi, il est capable, lui, de grandes choses.
Pour finir, je vous
propose de méditer cette belle réponse de la bienheureuse Mère Teresa,
réponse débordante de confiance en Dieu, et qui montre bien que, comme pour le prophète Habacuc, la
solution à nos difficultés n’est pas toujours là où on le croit : Une
des sœurs de sa congrégation vient la trouver un jour, et lui
dit : « Ma Mère, ce n’est plus possible, nous sommes
débordées. Nous n’avons pas assez de temps pour tout ce qu’il nous faut
faire, et nous sommes fatiguées.» et Mère Teresa
répondit simplement ceci : « Nous allons ajouter une heure de
prière dans notre journée. Ainsi, vous aurez une heure de plus pour
vous reposer. »
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
5 octobre 2013
Gétigné et Clisson
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