Année C
Sommaire année C
retour vers l'accueil
27° dimanche ordinaire


Ha 1, 2-3; 2, 2-4  -  Ps 94 - 2Tm 1, 6-8.13-14 - Lc 17, 5-10

Comment ne pas se sentir concerné, interpellé par chacune des lectures que la liturgie nous propose aujourd’hui !
Tout d’abord dans la première lecture, le prophète Habacuc et son cri vers Dieu : « Combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler au secours, et tu n’entends pas » Ce genre de reproche à Dieu, nous l’avons mille fois entendu autour de nous, quand nous ne l’avons pas proféré nous-mêmes. Devant le malheur qui nous touche, les catastrophes naturelles, les accidents dont nous sommes victimes, nous-mêmes ou un de nos proches, les injustices qui ne manquent pas, hélas, dans notre monde, le premier réflexe est parfois de s’en prendre à Dieu, comme le prophète Habacuc voici plus de 25 siècles. « Comment Dieu peut-il permettre cela ? » ou encore : « S’il y avait un bon Dieu, tout cela n’arriverait pas ». Qui sommes-nous pour faire des reproches à Dieu ? Sommes-nous donc, nous-mêmes, irréprochables ? Pourtant, ce cri vers Dieu est un cri profondément humain, très fréquent dans la Bible. La plupart des personnages dont l’histoire nous est racontée ont, à un moment ou un autre, crié leur détresse de la même manière. De nombreux psaumes également sont des cris, suppliant Dieu pour qu’il fasse régner sa justice. Mais à chaque fois, le cri se termine comme celui d’Habacuc, juste après avoir exprimé sa colère envers Dieu : « Je guetterai ce que dira le Seigneur ». Il est révolté, oui, mais il garde confiance malgré tout. Il sait que Dieu finira par agir et il attend avec espérance sa réponse. D’ailleurs, sa réponse ne se fait pas attendre, même si elle n’est pas forcément telle que le prophète l’aurait souhaitée : Dieu répond par un appel à la patience dans la foi, par une invitation à la confiance : « Cela se réalisera, mais seulement au temps fixé. » Dieu propose la confiance, c’est-à-dire la foi, et il demande au prophète de transmettre cette foi : « Tu vas mettre la vision par écrit, bien clairement sur des tablettes, pour qu’on puisse la lire couramment. » Pourquoi mettre par écrit, si ce n’est pour pouvoir transmettre ?
La lettre à Timothée reprend ce thème de la transmission de la foi . Du fond de sa prison, St Paul encourage son disciple Timothée : « Réveille en toi le don de Dieu que tu as reçu » ; « n’aie pas honte de rendre témoignage » ; « Tu es le dépositaire de l’Evangile ». Ici encore, nous avons de quoi nous sentir concernés, interpellés : Nous aussi, nous avons reçu ce don de Dieu, nous qui sommes baptisés. Nous aussi, nous sommes dépositaires de l’Evangile, nous qui avons été catéchisés. Qu’en faisons-nous ? En regardant autour de nous, nous voyons bien qu’il y a de plus en plus de personnes, et tout spécialement des jeunes et des enfants, qui, eux, n’ont rien reçu. Ce qui était répandu pour tous voilà quelques décennies, la connaissance de la Bonne Nouvelle du Christ Jésus, est à présent un privilège rare. Car si on trouve encore une majorité d’enfants baptisés, combien ont reçu un enseignement, une catéchèse ? Combien auront accès à la connaissance de l’amour de Dieu ? oui, nous sommes les dépositaires de l’Evangile, alors osons risquer une parole, osons des gestes envers ces pauvres dans la foi. Mettons-nous au service de nos frères, annonçons ce que nous avons reçu, n’ayons pas peur. « Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de raison » nous rappelle St Paul dans la seconde lecture d’aujourd’hui. Mettons-nous au service de nos frères, mettons-nous au service de la Parole de Dieu. Nous sommes ces serviteurs quelconques dont Jésus nous parle dans l’Evangile que nous venons d’entendre. D’anciennes traductions disaient « serviteur inutile ». Ne nous méprenons pas sur le sens de cet « inutile » : Nous ne sommes pas inutiles. Si Jésus s’est choisi des disciples, si son Esprit Saint continue encore aujourd’hui de susciter des apôtres, c’est que Dieu a besoin de nous. Sa toute-puissance aurait pu, en effet, faire des hommes des serviteurs inutiles, mais son amour est si grand qu’il a voulu avoir besoin des hommes.
Serviteurs quelconques, ou encore simples serviteurs, Jésus veut dire que nous ne sommes que des serviteurs, au service d’une tâche qui nous dépasse. Ce n’est pas un terme méprisant, mais réconfortant, au contraire ! Nous ne sommes pas responsables à nous seuls de la venue du Royaume de Dieu, c’est l’affaire de Dieu lui-même. Nous ne sommes que des serviteurs, chacun à sa place, chacun dans son rôle. Comme le disait un père de séminaire à ses élèves apprentis prêtres : « Ce n’est pas nous qui allons sauver le monde, le Christ l’a déjà fait. » Lorsque nous sommes sollicités par la paroisse pour une tâche ou un service, que ce soit le caté auprès des enfants, ou une mission auprès des jeunes, des malades, des personnes en difficulté, ou tout autre chose encore, ne répondons pas trop vite : « Je ne suis pas capable ! je n’ai pas assez la foi ! ». Car Jésus nous dit aujourd’hui : « Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup de foi ! La foi, si vous en avez ne serait-ce que gros comme cette minuscule graine de moutarde, vous pouvez faire des choses apparemment impossibles ». En effet, il ne s’agit pas de peser notre foi, de la mesurer, de l’évaluer. Il s’agit de compter sur la puissance de Dieu : C’est lui qui agit, ce n’est pas notre foi, petite ou grande. La mission qui nous est confiée au nom de notre baptême, en raison de notre baptême, c’est celle que l’on confie non pas à un « super héros », mais à un serviteur. Pas plus, pas moins ! Pas moins, parce que c’est déjà la marque d’une grande confiance que de confier une mission à quelqu’un, que de demander un service à une personne, à un serviteur. C’est donc que Dieu nous fait confiance. Pas plus, parce que, si nous avons conscience – et c’est cela avoir la foi – que c’est la puissance de Dieu qui agit, et non pas nous, quand nous travaillons à l’édification de son Royaume, alors la responsabilité sur nos épaules devient beaucoup moins lourde : le responsable, c’est Dieu lui-même. Et rien n’est impossible à Dieu. Même à travers notre peu de foi, il est capable, lui, de grandes choses.
Pour finir, je vous propose de méditer cette belle réponse de la bienheureuse Mère Teresa, réponse débordante de confiance en Dieu, et qui montre bien que, comme pour le prophète Habacuc, la solution à nos difficultés n’est pas toujours là où on le croit : Une des sœurs de sa congrégation vient la trouver un jour, et lui dit : « Ma Mère, ce n’est plus possible, nous sommes débordées. Nous n’avons pas assez de temps pour tout ce qu’il nous faut faire, et nous sommes fatiguées.» et Mère Teresa répondit simplement ceci : « Nous allons ajouter une heure de prière dans notre journée. Ainsi, vous aurez une heure de plus pour vous reposer. »

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent
5 octobre 2013
Gétigné et Clisson

Sommaire année C
retour vers l'accueil