On peut imaginer la tête des
gens quand Jésus fait l’éloge du gérant malhonnête !
Jésus se fait provocateur… Bien
sûr, c’est une parabole. Jésus ne dénonce personne précisément mais il
interpelle
tout le monde. Et il nous invite à un véritable choix : entre Dieu
et l’argent…
entre l’égoïsme et la fraternité.
Regardons
d’abord
le gérant. Il n’est pas propriétaire des biens qui lui sont
confiés. Son maître lui a fait confiance. Nous non plus, nous ne sommes
pas
propriétaires de ce que nous possédons. Individuellement, nous sommes
appelés à
gérer les biens, les qualités et les richesses spirituelles,
intellectuelles ou
morales que nous avons reçues. Je n’ai pas le droit de "gaspiller" les
dons que Dieu m’a confiés. Je devrai en rendre compte.
Collectivement, nous sommes responsables des ressources naturelles de la
planète que nous habitons avec les animaux et les végétaux qui partagent
notre
vie. Nous n’avons pas le droit de détériorer l’environnement dans lequel
le
créateur nous a placés. Nous devrons en rendre compte.
Regardons maintenant les
comportements
du maître et du gérant. L’employé dilapide les biens de son patron.
Le maître lui demande des comptes et lui retire sa confiance. La
relation est
rompue. Pourtant, en même temps, le maître fait l’éloge de son ex-gérant
et le
félicite pour son habileté. Il ne lui dit pas « Bravo » pour
sa
malhonnêteté dans les affaires, mais « Bravo » pour son
habileté à se
faire un réseau d’amis. Son regard reste donc un regard d’espérance qui
peut
amener ce gérant à passer des fils du monde au fils de la lumière, de la
gérance administrative à la relation humaine.
Nous pouvons comprendre le
message de la façon suivante : « Si vous, enfants de la lumière
vous mettiez
autant d’énergie dans la pratique du partage que les enfants de ce monde
en
mettent à la poursuite de l’argent et du pouvoir, tout irait mieux dans
notre humanité…
Il y aurait plus de paix, de joie, de fraternité… Il y aurait moins de
gens
dans la misère, moins de personnes seules ou découragées dans la vie…
»
Regardons enfin l’argent. Il
n’est
ni bon ni mauvais. Mais dans la mentalité capitaliste que nous
connaissons, l’argent, les biens et le confort qu’il procure deviennent
souvent
les principales raisons de vivre. 800 ans avant Jésus, le prophète Amos
dénonçait déjà la recherche du profit au détriment des malheureux et des
humbles du pays. Il affirmait que le Seigneur n’oublierait jamais cette
exploitation des personnes par l’argent. Même si aujourd’hui la
solidarité se
développe dans le monde, l’exploitation des pauvres par les pays riches
est
encore fréquente.
Ce
que Jésus souligne à travers la parabole du
gérant malhonnête, c’est le bon emploi des richesses, pour développer
l’amitié
et mettre de l'amour dans les relations. Voilà une conception vraiment
révolutionnaire sur l’argent et les talents : en faire un instrument de
partage
et créer ainsi une fraternité qui construit le royaume de Dieu.
La Parole de Dieu nous invite à
un véritable choix : soit rechercher une réussite matérielle et
sociale
centrée sur nous-mêmes, soit suivre la loi de sainteté qui consiste
à aimer
Dieu et à aimer son prochain comme nous l’avons entendu dans la
prière
d’entrée de cette célébration. Nous ne pouvons pas servir Dieu et
l’argent.
Pour terminer, je vous lis une
courte prière du Frère Michel Fleury, moine de Tibhirine qui écrivait en
1981 :
"Oui, viens, Seigneur Jésus, combler la pauvreté que
nous sommes
par la richesse
que
tu es…
par la richesse
d’une
vie de prière."
Hubert PLOQUIN, diacre
permanent
18 septembre 2022