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Sg 9, 13-18 ; PS 89 ; Phi (1, 9b-10.12-17) ; Lc (14, 25-33)

Béatification du Pape Jean-Paul 1er

          " Si quelqu'un vient à moi sans me préférer aux membres de sa parenté et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple" nous dit Jésus. Et de même, nous sommes invités à prendre notre preopre croix pour le suivre. Voilà un appel bien précis et rigoureux de la part de notre Seigneur !

Il se trouve qu’un homme qui a entendu cet appel et l’a vécu avec rigueur, est béatifié aujourd’hui à Rome, le Pape Jean-Paul 1er, Albino Luciani.

Il est né dans une famille modeste dans un village du nord de l’Italie en 1912. Il entre très tôt au petit séminaire puis au grand. Elève brillant, il termine ses études à l’université pontificale grégorienne à Rome.

         Il est ordonné prêtre en 1935, il exerce son ministère au grand séminaire de Belluno. Il est consacré évêque de Vittorio en 1958 par le Pape Jean XXIII. Il participe au Concile Vatican II puis devient Patriarche de Venise en 1969 avant d’être créé cardinal par Paul VI en 1973.

         Il est élu pape le 26 août 1978 le premier jour de scrutin au 4ème tour.

         Nous le savons, il décédé le 28 septembre suivant après un pontificat de 33 jours.

         Il n’a laissé en tant que pape que relativement peu  d’écrits mais une œuvre antérieure à sa Papauté permet de mieux le découvrir. 

          Le  portrait spirituel de ce pape du sourire est enrichissant et porteur d’un message fort même pour l’Eglise d’aujourd’hui car il avait une pensée d’avant-garde en divers domaines dont celui de l’écologie par exemple.

         Le Pape Benoit XVI disait de lui que “c’était un maitre avisé dans la foi et un commentateur passionnant de la Parole de Dieu, un catéchiste incomparable“.

         Dans son premier message Urbi et Orbi, Jean Paul 1er reprend 6 fois “nous voulons “dessinant le programme de ce que devait être sa papauté.

         S’inscrivant dans la ligne de Vatican II et dans la discipline de l’Eglise, il souhaite poursuivre l’effort œcuménique et la voie du dialogue dans une constante recherche de la paix dans le monde, mais surtout, il marque fortement sa volonté de l’évangélisation.

         Il présente cette volonté en des termes forts :

-l’évangélisation doit examiner chaque voie, rechercher chaque moyen “à temps et à contretemps“(2 Tim 4,2) pour semer le Verbe, pour proclamer le message, pour  annoncer le salut, qui suscite dans les âmes l’inquiétude de la recherche du vrai et l’assiste avec l’aide du Très-haut.

Et il exhorte“ si tous les fils de l’Eglise deviennent capables d’être d’infatigables missionnaires de l’Evangile un nouvel épanouissement de sainteté et de renouveau surgira dans le monde, assoiffé d’amour et de vérité.“

         Ce souci d’évangélisation il l’avait déjà fortement exprimé en tant que Patriarche de Venise se rendant auprès de prêtres de son diocèse de Venise  partis au service de diocèses en Afrique.

         Jean-Paul 1er possédait de fortes vertus humaines .Les traits saillants de sa personnalité étaient l’humilité, la proximité, la simplicité, l’insistance sur la présence de Dieu et sa miséricorde, l’amour du prochain et la solidarité.

         Il était aussi très cultivé. On le découvre dans les lettres qu’il fit chaque mois durant plusieurs années dans une revue diocésaine de Venise à des personnalités diverses du monde littéraire, politique, économique, artistique des temps passés, mais aussi à des personnalités spirituelles, telles que Ste Thérèse de Lisieux, St François de Sales, St Bonaventure et bien d’autres .Ces textes ont été regroupés dans un livre :“Humblement vôtre“.

         Ce titre qui n’est pas de lui mais de l’éditeur, montre bien qu’il était d’une grande humilité. 

         Sa devise épiscopale était d’ailleurs “Humilité“ 

         Il s’est toujours étonné des promotions qu’il recevait dans l’Eglise. Son élection à la Papauté l’a particulièrement éprouvé et il dira lors de son élection :“une grande tempête est sur moi !“ et il l’évoque plusieurs fois dans ses premières prises de paroles. Il n’a jamais oublié ses origines modestes et n’hésitait pas à partager ses émotions.

         Il consacrera sa première audience à cette vertu d’humilité..

         Écoutons-le dans un message qu’il a donné sur le Rosaire : “ quand je parle seul à seul avec Dieu ou la Vierge Marie plus qu’un adulte je préfère me sentir comme un enfant. La mitre, la barrette, l’anneau disparaissent, j’envoie en vacances l’adulte et l’Evêque....pour me laisser aller à la tendresse spontanée de l’enfant avec son papa ou sa maman“

         Quel cœur humble pour donner ce témoignage !

         Cet homme, cette âme de prière intense, était aussi préoccupé par la dimension de charité dans la vie chrétienne. “C’est donc à la qualité de nos actions que nous devons regarder, (plus) qu’à la grandeur et au nombre “, tout en arborant “les visages souriants de ceux qui sont en chemin vers la joyeuse demeure du Seigneur“.Prenons-le comme une invitation.

         Il consacrera sa 4ème audience, la dernière, la veille de sa mort à ce thème de la charité.

         Il part d’une courte  prière familière  en précisant en entrée : “c’est ma maman qui me l’a apprise, encore maintenant je la récite plusieurs fois par jour“.

         Il commence par expliquer qu’aimer signifie voyager, courir avec le cœur vers l’objet aimé “et il complète “ qu’aimer Dieu c’est voyager vers Dieu avec le cœur“.

         Il évoque ses lectures d’enfance avec Jules Verne mais que “les voyages d’amour vers Dieu sont infiniment plus intéressants. On le lit, dit-il, dans la vie des saints“, prenant l’exemple de St Vincent de Paul qu’il qualifie d’être  “un géant de la charité“

         “Dieu est un bien infini et sera notre félicité éternelle...les succès du monde comparés à Lui sont à peine des fragments de bien, de  fugaces moments de bonheur“

         Il poursuit “On doit aimer Dieu et l’homme, ce dernier toutefois jamais plus que Dieu ou contre Dieu : si l’amour de Dieu doit prévaloir  il n’est pas cependant exclusif“. Il s’appuie ici sur une méditation de St François de Sales sur l’amour de Jacob  pour Dieu et pour Rachel.

“Ce n’est que si j’aime Dieu vraiment sérieusement, que je parviendrai à ... aimer (mes frères) en tant que fils de Dieu et parce que Celui-ci me le demande.“

         Nous sommes encore loin d’aimer autrui “comme nous-mêmes “ce qui est le commandement de Dieu“.

         Mais aimer Dieu, “nous l’avons vu, cela aussi est un voyage : Dieu veut qu’il soit toujours plus intense, plus parfait“

         Et Jean Paul 1er conclut cet ultime message, “ Cela signifie aimer Dieu, non pas un peu, mais beaucoup, ne pas s’arrêter là où on est arrivé mais, avec Son aide, progresser dans l’Amour“.

         Merci, Saint Père, du chemin de conversion que vous nous proposez.

         Vous qui êtes auprès du Seigneur  priez  pour que nous sachions, nous aussi  suivre ce chemin.

 

Georges Renoux, diacre permanent

Basilique du  Sacré-Cœur de Marseille

Le 4 septembre 2022

 



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