Année C
Sommaire année C
retour vers l'accueil19° dimanche ordinaire
Espérance
et exigence. Voilà deux notions qui traversent les lectures de ce jour.
Espérance, dans la première lecture du livre de la Sagesse :
« assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, [nos Pères]
étaient dans la joie. » espérance aussi, dans le psaume 32 :
« Nous attendons notre vie du Seigneur ; il est pour nous un
appui, un bouclier. » Espérance encore dans la deuxième lecture,
extraite de la lettre aux Hébreux, où l’auteur retrace l’histoire de la
foi de différents personnages bibliques, foi qui a toujours eu des
conséquences heureuses de délivrance et de bénédictions. Espérance
enfin, dans ce passage de l’évangile de Luc, avec ces trois petites
histoires racontées par Jésus, où il est question de l’espérance de son
retour.
Espérance, mais aussi exigence. La première lecture
rappelle que nos Pères « offraient un sacrifice » et
« partageaient aussi bien le meilleur que le pire » ; de
même la lettre aux Hébreux nous invite à admirer la foi d’Abraham
qui accepta de sacrifier son fils Isaac. Et puis surtout, dans
l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à cette exigence qu’est
l’attente, la vigilance, dans l’espérance de son retour.
« Tenez-vous
prêts » nous dit-il. Pour tenir cette exigence, il faut une bonne
dose de foi et d’espérance ! Nous savons bien dans quel état peut
nous mettre l’attente d’un événement : l’enfant qui attend
Noël, le travailleur qui attend les vacances, le prisonnier qui attend
sa libération, le fiancé qui attend sa fiancée, la femme enceinte qui
attend la naissance de son enfant, le malade en fin de vie qui attend
la mort… Nos attentes humaines peuvent être pour nous des occasions de
désespérer, ou au contraire de s’enthousiasmer. Mais dans tous les cas,
l’échéance nous est connue. Nous savons à quelle date l’événement doit
arriver ; nous avons au moins une idée de la durée de notre
attente : six mois, un ans, une heure…et puisque ce n’est pas pour
tout de suite, nous mettons à profit le temps qui nous reste pour faire
autre chose, pour penser à autre chose, car rester en attente, sans
cesse tendu vers l’événement à venir, nous est insupportable et soumet
notre patience à rude épreuve.
Mais le retour du Christ, c’est
pour quand ? nous ne le savons pas, et nous pensons parfois qu’il
nous faut attendre notre mort et le passage dans une autre vie pour
l’accueillir. Et la mort n’est pas ce que nous espérons le plus dans
notre vie ! Si donc attendre le retour du Christ consiste à
attendre notre mort, à quoi sert notre foi ? Or, la deuxième
lecture nous le rappelle : « la foi est le moyen de posséder
déjà ce qu’on espère, et de connaître les réalités qu’on ne voit
pas. » Il ne s’agit donc pas d’espérer notre propre mort, mais de
réaliser que le retour du Christ, c’est pour tout de suite. Ce retour
se concrétise à chaque instant dans nos vies, si nous acceptons la
recommandation de Jésus : « restez en tenue de service, et
gardez vos lampes allumées ». En quoi consiste cette
attitude ? Jésus le précise avec un exemple on ne peut plus
concret : « Vendez ce que vous avez, et donnez-le en
aumône. ». Exigence, condition de l’espérance, car tout amour est
exigeant.
Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais, dans ce
passage, après cette deuxième parabole, Pierre pose une question qui
peut passer inaperçue, car Jésus n’y apporte pas de réponse :
« Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le
monde ? » Jésus ne répond pas directement, mais il raconte
une troisième parabole où il est question d’un intendant fidèle et
sensé à qui le maître confie la charge de ses domestiques. Selon le
comportement de l’intendant en l’absence du maître, il lui sera confié
la charge de tous ses biens ou au contraire, il sera puni. Et Jésus
conclut, comme pour donner une morale à sa parabole : « À qui
l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a
beaucoup confié, on réclamera davantage. » Alors ? Pierre
attend toujours sa réponse ! Cette parabole, à qui
s’adresse-t-elle ? aux disciples, ou à tout le monde ? à
nous, ou aux autres ? Jésus parle de ceux à qui il a été confié
une charge. Chacun de nous peut toujours se dire : « moi, je
ne suis pas responsable dans l’Eglise : je n’ai pas été appelé à
un ministère, je ne suis pas engagé dans un mouvement, ni dans un
service, ou alors juste comme simple bénévole. Je ne suis donc pas
concerné par cette parabole, car on ne m’a rien confié de particulier.
» C’est pourquoi Jésus ne répond pas directement. Il laisse à chacun le
soin de se déterminer : suis-je de ceux à qui on a confié quelque
chose ? qu’est-ce qui m’a été confié ? et ce qui m’est
confié, est-ce peu ou beaucoup ? En plein milieu de l’été, au cœur
des vacances pour certains, voilà un évangile qui nous interpelle sur
de nos responsabilités dans l’Eglise. Car tous, nous qui avons été
baptisés, nous avons de ce fait une responsabilité. Il nous a été
confié une charge. Elle est plus ou moins grande, plus ou moins
pesante, plus ou moins visible, mais le baptême fait de nous tous des
enfants de Dieu et donc nous lie à lui par une relation filiale, une
relation d’amour. C’est au minimum cet amour qui nous est confié. À
chacun selon ses possibilités, mais personne n’en est exclu.
« Vendez
ce que vous avez, et donnez-le en aumône. ». En clair, Jésus nous
demande de ne pas nous considérer propriétaires de nos biens, mais
comme les « intendants fidèles et sensés » de la parabole qui recevront
leur récompense. L’intendant est celui qui est responsable de ce qui
lui est confié, c’est ainsi qu’il nous faut être. Ayons le souci de
vivre le partage, ayons un esprit de charité. Que notre foi soit
vivante et agissante ; qu’elle soit signe visible de la présence
invisible du Christ dans notre quotidien, dans ce monde-ci, et pas
seulement dans l’autre. « Vendez ce que vous avez, et donnez-le en
aumône ». En agissant ainsi, nous nous ferons « une bourse
qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, car là où est
notre trésor, là aussi sera notre cœur ». C’est là notre
espérance, c’est là l’exigence de l’amour.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
Monnières, St Hilaire de Clisson, St Lumine de Clisson
le 8 août 2010
Sommaire année C
retour vers l'accueil