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Espérance et exigence. Voilà deux notions qui traversent les lectures de ce jour. Espérance, dans la première lecture du livre de la Sagesse : « assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, [nos Pères] étaient dans la joie. » espérance aussi, dans le psaume 32 : « Nous attendons notre vie du Seigneur ; il est pour nous un appui, un bouclier. » Espérance encore dans la deuxième lecture, extraite de la lettre aux Hébreux, où l’auteur retrace l’histoire de la foi de différents personnages bibliques, foi qui a toujours eu des conséquences heureuses de délivrance et de bénédictions. Espérance enfin, dans ce passage de l’évangile de Luc, avec ces trois petites histoires racontées par Jésus, où il est question de l’espérance de son retour.
Espérance, mais aussi exigence. La première lecture rappelle que nos Pères « offraient un sacrifice » et « partageaient aussi bien le meilleur que le pire » ; de même la lettre aux Hébreux nous invite à admirer la foi  d’Abraham qui accepta de sacrifier son fils Isaac. Et puis surtout, dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à cette exigence qu’est l’attente, la vigilance, dans l’espérance de son retour.
« Tenez-vous prêts » nous dit-il. Pour tenir cette exigence, il faut une bonne dose de foi et d’espérance ! Nous savons bien dans quel état peut nous mettre l’attente d’un événement : l’enfant qui attend  Noël, le travailleur qui attend les vacances, le prisonnier qui attend sa libération, le fiancé qui attend sa fiancée, la femme enceinte qui attend la naissance de son enfant, le malade en fin de vie qui attend la mort… Nos attentes humaines peuvent être pour nous des occasions de désespérer, ou au contraire de s’enthousiasmer. Mais dans tous les cas, l’échéance nous est connue. Nous savons à quelle date l’événement doit arriver ; nous avons au moins une idée de la durée de notre attente : six mois, un ans, une heure…et puisque ce n’est pas pour tout de suite, nous mettons à profit le temps qui nous reste pour faire autre chose, pour penser à autre chose, car rester en attente, sans cesse tendu vers l’événement à venir, nous est insupportable et soumet notre patience à rude épreuve.
Mais le retour du Christ, c’est pour quand ? nous ne le savons pas, et nous pensons parfois qu’il nous faut attendre notre mort et le passage dans une autre vie pour l’accueillir. Et la mort n’est pas ce que nous espérons le plus dans notre vie ! Si donc attendre le retour du Christ consiste à attendre notre mort, à quoi sert notre foi ? Or, la deuxième lecture nous le rappelle : « la foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître les réalités qu’on ne voit pas. » Il ne s’agit donc pas d’espérer notre propre mort, mais de réaliser que le retour du Christ, c’est pour tout de suite. Ce retour se concrétise à chaque instant dans nos vies, si nous acceptons la recommandation de Jésus : « restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées ». En quoi consiste cette attitude ? Jésus le précise avec un exemple on ne peut plus concret : « Vendez ce que vous avez, et donnez-le en aumône. ». Exigence, condition de l’espérance, car tout amour est exigeant.
Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais, dans ce passage, après cette deuxième parabole, Pierre pose une question qui peut passer inaperçue, car Jésus n’y apporte pas de réponse : « Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? » Jésus ne répond pas directement, mais il raconte une troisième parabole où il est question d’un intendant fidèle et sensé à qui le maître confie la charge de ses domestiques. Selon le comportement de l’intendant en l’absence du maître, il lui sera confié la charge de tous ses biens ou au contraire, il sera puni. Et Jésus conclut, comme pour donner une morale à sa parabole : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. » Alors ? Pierre attend toujours sa réponse ! Cette parabole, à qui s’adresse-t-elle ? aux disciples, ou à tout le monde ? à nous, ou aux autres ? Jésus parle de ceux à qui il a été confié une charge. Chacun de nous peut toujours se dire : « moi, je ne suis pas responsable dans l’Eglise : je n’ai pas été appelé à un ministère, je ne suis pas engagé dans un mouvement, ni dans un service, ou alors juste comme simple bénévole. Je ne suis donc pas concerné par cette parabole, car on ne m’a rien confié de particulier. » C’est pourquoi Jésus ne répond pas directement. Il laisse à chacun le soin de se déterminer : suis-je de ceux à qui on a confié quelque chose ? qu’est-ce qui m’a été confié ? et ce qui m’est confié, est-ce peu ou beaucoup ? En plein milieu de l’été, au cœur des vacances pour certains, voilà un évangile qui nous interpelle sur de nos responsabilités dans l’Eglise. Car tous, nous qui avons été baptisés, nous avons de ce fait une responsabilité. Il nous a été confié une charge. Elle est plus ou moins grande, plus ou moins pesante, plus ou moins visible, mais le baptême fait de nous tous des enfants de Dieu et donc nous lie à lui par une relation filiale, une relation d’amour. C’est au minimum cet amour qui nous est confié. À chacun selon ses possibilités, mais personne n’en est exclu.
« Vendez ce que vous avez, et donnez-le en aumône. ». En clair, Jésus nous demande de ne pas nous considérer propriétaires de nos biens, mais comme les « intendants fidèles et sensés » de la parabole qui recevront leur récompense. L’intendant est celui qui est responsable de ce qui lui est confié, c’est ainsi qu’il nous faut être. Ayons le souci de vivre le partage, ayons un esprit de charité. Que notre foi soit vivante et agissante ; qu’elle soit signe visible de la présence invisible du Christ dans notre quotidien, dans ce monde-ci, et pas seulement dans l’autre. « Vendez ce que vous avez, et donnez-le en aumône ». En agissant ainsi, nous nous ferons « une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, car là où est notre trésor, là aussi sera notre cœur ». C’est là notre espérance, c’est là l’exigence de l’amour.

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent
Monnières, St Hilaire de Clisson, St Lumine de Clisson
le 8 août 2010


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