Année C
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18° dimanche du Temps Ordinaire


Qo 1, 2 ; 2, 21-23 ; Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc ; Col 3, 1-5.9-11 ; Lc 12, 13-21)


        Dans son recueil, Qohèleth nous livre ses sages réflexions. Aujourd’hui il dans la 1ère lecture il attire notre attention sur ce défaut tellement humain : la vanité. Reste une question : « Pourquoi tant me fatiguer et m’inquiéter de ce j’ai amassé pour ne pas en profiter? » Deux siècles plus tard, Jésus réplique de la même façon à une personne qui l’interpelle pour son problème d’héritage. «  À quoi bon amasser si cela n’ouvre pas au chemin qui mène à Dieu ? » Deux mille ans plus tard … Aujourd’hui…n’est-ce pas encore d’actualité ? Au milieu de cette société de l’image et de l’éphémère qui promet tout et n’importe quoi, dans un monde où l’on peut, soit disant, tout se procurer sans effort, tout faire et tout dire, dans lequel il faut être le plus beau, le plus riche ou bien le plus fort … pour être vu et reconnu, apprécié et envié. Jusqu’à ces pratiques où l’on va se photographier soi-même. Ce n’est plus le mont Saint-Michel que l’on voit mais une photo de moi devant ce monument que l’on devine derrière mon visage ! Vanité des vanités disait le sage…oui, Vanité des vanités.
      
        Bien rares sont ceux qui arrivent à dépasser la vanité : collectionner les honneurs, des vêtements de marque, une position sociale vantée…et tant d’écueils dans notre quotidien. Bien sur, je m’y trouve aussi. Et pourtant St Paul avec sa pertinence, et la force de ses propos, donne une façon, sa façon de dépasser la vanité. Une vanité qui à terme tend vers l’orgueil, une avidité qui conduit à l’égoïsme, toutes ces peurs : de manquer, de ne pas être vu ni reconnu qui vont nous isoler ou bien rejeter l’autre de peur qu’il me fasse de l’ombre. Paul nous pousse à dépasser cette dimension matérielle, terrestre…charnelle pour nous révéler à notre dimension spirituelle. S’ouvrir à l’Esprit porté par le Christ pour repousser toute injustice, tout ce qui concourt au conflit, au jugement qui mènera à l’exploitation de l’autre, à la non considération du plus faible, à l’ignorance du plus pauvre et sans doute à la discrimination. Emprunter un chemin de Vérité et de confiance en l’Esprit.

        Jésus, le Christ, homme parmi les hommes, s’est offert pour que nous comprenions que l’amour de Dieu est infini et qu’il est le chemin du Salut. Dieu notre Père nous aime tels que nous sommes. Il nous connait, sait nos forces et nos faiblesses. Inutile de parader, de dépenser ou d’amasser au-delà du raisonnable. Saint Jean de la Croix le dit avec vigueur : « c’est à l’amour que nous aurons donné que nous serons jugés ! » Un simple service rendu par amour… comme Jésus aux pieds de ses apôtres, un service donné au quotidien, humblement, gratuitement comme Teresa à Calcutta, ou l’Abbé Pierre par ici mais aussi toutes ces personnes si discrètes, si humbles, tout autour de nous…et vous en connaissez… rayonnant d’un amour fraternel et divin. Loin d’eux la vanité. Pour eux le chemin de Jésus, sans bruit, sans parader.

        Pour être mieux compris, Jésus nous donne une parabole : celle d’un homme qui a tant amassé qu’il imagine construire d’autres greniers pour amasser encore plus. Mais à quoi bon ? Aucune fortune ne lui permettra d’ajouter un seul jour à sa propre vie ! Cette parabole me rappelle clairement celle du semeur. Ce semeur dont la semence tombe sur le chemin, sur les pierres, au milieu des ronces…sans résultat mais aussi dans une bonne terre où elle produira à 30, 50, 80 pour un. Et Jésus d’expliquer à ses apôtres que ces graines sont la Parole de Dieu. Si nous sommes là dans cette église aujourd’hui, nous pensons, avec justesse, que nous sommes de cette bonne terre qui permet à la semence de pousser et de donner des épis riches et pleins. Des grains que nous conservons avec joie au fond de notre cœur, qui nous réchauffent, nous réjouissent, nous rassurent. Mais à quoi bon amasser cette Parole ? Ne faudrait-il pas que nous la partagions avec le monde. ? Aurai-je la vanité de croire qu’elle ne s’adresse qu’à moi ? Suis-je le seul à la recevoir, à en profiter ?

        Notre baptême nous envoie au milieu du monde annoncer la Bonne Nouvelle et ces grains de Parole en sont la marque. Ne les gardons pas pour nous, ne les amassons pas ! Dans l’humilité du serviteur, dans la simplicité d’une rencontre, par des actes d’amour désintéressés, comme ceux que notre Père a pour chacun de nous, partageons, donnons, offrons chaque grain de cette Parole d’amour pour que l’autre (celle qui est à côté de toi…celui que je vais croiser sur le trottoir) se sache lui aussi aimé, respecté et attendu par Dieu tel qu’il est, la où il est. En suivant le chemin du Christ qui donne sa vie par amour, ce n’est pas un jour de plus à notre vie que nous gagnerons. Non, non… mais la Vie Éternelle avec Dieu notre Père et tous nos frères.


Patrick DOUEZ, diacre permanent
4 août 2019



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