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17° dimanche du Temps Ordinaire


Gn 18, 20-32 ; Ps 137 ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13

La 1ère chose à remarquer dans ce texte, c'est que la manière de prier de Jésus donne envie de l'imiter, et çà nous offre d'ailleurs une excellente occasion pour réfléchir sur la prière chrétienne. Dans la 1ère lecture, Abraham implore le Seigneur pour Sodome et Gomorrhe (une audacieuse et vraie négociation de marchands de tapis), mais qui démontre une confiance totale en Dieu. Et Jésus propose ensuite, dans l'évangile, la prière par excellence, modèle de toutes les prières: le Notre Père.

Ce jour-là, Jésus n’a pas enseigné à ses apôtres une prière, mais une manière d’entrer en contact avec Dieu. Pour eux, le Notre Père était une orientation générale et non une formule intouchable. Jésus n'a rien figé, n'a rien ritualisé ni dogmatisé. Et l'Église, dès les premiers temps, a toujours utilisé de multiples formules dans ses liturgies, tout en conservant une unité de fond.

Dans ce modèle de prière qu’est le Notre Père, nous prions d’abord pour le règne de Dieu.

Ce Règne de Dieu devient réalité dans la vie des gens lorsque notre monde est construit sur l’amour, la compassion, la justice, la liberté, la fraternité, la dignité humaine et la paix.

Par contre, lorsque le nom de Dieu est méprisé et que tout est déshonoré, très souvent les relations humaines se détériorent. Quand Dieu est mis de côté, l’être humain a tendance à devenir le centre de toutes décisions, à se faire Dieu lui-même.

Bien des exemples d’une société sans Dieu nous sont et ont été donnés. Des dirigeants d’État détenant le pouvoir de vie et de mort sur leurs citoyens, les goulags et autres camps... avec toutes ces injustices qui se multipliaient et la liberté inexistante.

Le barbarisme dans l’Allemagne Nazis qui avait accaparé Dieu et l’utilisait à des fins nationalistes : « Gott mit uns » (Dieu avec nous). Ceci a donné les carnages que nous connaissons : fours crématoires et autres camps de la mort. Et ce pèlerinage de pardon du pape François aujourd'hui au Canada là où l’Église a infligé d'innombrables sévices et abus aux enfants autochtones internés dès leur plus jeunes âges dans ces pensionnats gérés par des missionnaires catho, près de 6000 n'en sont jamais revenus...(La Croix hebdo)

Depuis une quarantaine d’années, dans différents pays du globe, nous avons connu aussi des génocides à répétition par des gens qui prennent la place de Dieu et qui s’octroient le pouvoir de vie et de mort sur les autres : aujourd'hui la Russie en Ukraine, Israël (état religieux) en Palestine occupée...

Chez les chrétiens comme chez les membres d’autres religions, le patriotisme poussé à outrance, uni à l’idéologie religieuse peuvent engendrer des abus et des injustices de toutes sortes. Nous retrouvons cette combinaison dangereuse dans plusieurs pays du monde. Les chefs religieux et les dirigeants politiques utilisent alors la religion à des fins personnelles et pour asseoir leur puissance et leurs privilèges (Trump et la Cour de justice encore récemment).

Le Règne de Dieu devient réalité dans la vie des gens lorsque nos sociétés se construisent sur l’amour, la justice, le respect de l'autre différent.

Le Christ nous invite donc à prier d’abord pour que son règne - royaume d'amour - arrive, pour que toutes ces injustices soient éliminées et que la paix et l’amour règne parmi nous. 

Après avoir prié pour le règne de Dieu, le Notre Père nous invite à prier pour nous-mêmes

Il ne s’agit pas d’une prière privée perso, mais d’une prière communautaire : «donne-nous notre pain de tous les jours… remets-nous nos offenses, comme nous les remettons… libère-nous du mal…» Nous prions toujours au pluriel, au nom de la communauté. 

Le Notre Père n’est pas une abdication de nos responsabilités ni une demande à Dieu d’agir à notre place. Ce pourquoi nous prions, Dieu nous demande de l’accomplir dans nos propres vies : Le règne de Dieu, le pain partagé, le pardon reçu et accordé, la libération du mal dans nos vies. Sans les œuvres la foi est morte... alors osons des actes qui disent la foi !!

Il est malheureux aujourd’hui que les gens déclarent n’avoir ni le temps ni le désir de prier. C’est sans doute ce qui leur permettrait de faire face aux difficultés de la vie, de rendre le monde meilleur, de se pardonner mutuellement, de construire la paix, de faire naître l’espérance, d’aimer Dieu et d’aimer le prochain. 

En tant que chrétien, il nous faut éviter de banaliser le Notre Père, de le répéter machinalement, comme s’il s’agissait d’une formule de prière quelconque. Le Christ a voulu nous enseigner «une manière de prier» qui puisse s’adapter à toutes les circonstances et à toutes les époques. 

« Seigneur, apprends-nous à prier », apprends-nous à retrouver nos valeurs chrétiennes, à donner à Dieu la place qui lui revient et aux autres l’amour auquel ils ont droit. Mets-nous Seigneur sur un chemin de reconstruction et de conversion !!



François CORBINEAU, diacre permanent

24 juillet 2022



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