Année C
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retour vers l'accueil15° dimanche ordinaire
Dt 30, 10-14 ; Ps 18 ; Col 1, 15-20 ; Lc 10, 25-37
Réveillons nos consciences !
La première lecture de la
liturgie de ce dimanche est tirée du livre du Deutéronome, le plus
juridique de tous les livres de l'Ancien Testament. Et pourtant le
message est une merveilleuse introduction à l'enseignement de
l'Évangile. Ce texte nous dit que la Parole de Dieu est toute proche de
nous, inscrite dans notre bouche et dans notre cœur pour que la
mettions en pratique.
Le passage d’Evangile que nous
venons d’écouter commence par une question personnelle posée à Jésus
par un docteur de la Loi. C'est une bonne question même si elle est
posée, nous dit St Luc, pour mettre Jésus à l’épreuve. Ce scribe n'a
pas dit de façon abstraite : "Quel est le plus grand commandement ?"
mais bien : "Que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ?"
Jésus lui dit: "Tu es un docteur de la Loi; tu dois savoir cela. Que
lis-tu dans la Loi?" Et l'homme donne alors la bonne réponse: "Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de
toute ta force, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même." «
Tu as bien répondu, lui dit Jésus! Fais ainsi et tu auras la vie. »
Mais le scribe insiste et lui pose alors une autre question: " Qui est
mon prochain?"
Jésus va répondre par cette
parabole du « bon samaritain » que nous connaissons mais dont nous
n’aurons jamais fini de découvrir tout le sens. Souvenons-nous qu’une
parabole consiste à amener les auditeurs à s'identifier à l'un ou
l’autre des personnages du récit. Reprenons la structure du récit. Le
docteur avait dit "Qui est mon prochain?" mais Jésus, après la parabole
reformule autrement la question : "Qui a été le prochain de l'homme
tombé sous les coups?" Le docteur ne peut que répondre: "Celui qui a
fait preuve de bonté envers lui". Lorsque Jésus dit : "Va et fait de
même", le sens immédiat n'est pas seulement : "Va et sois toi aussi un
bon samaritain" mais également : "Comme l'homme tombé sous les coups
des brigands, accepte, toi aussi, que même un samaritain soit ton
prochain".
Car, ce n’est pas par hasard que
Jésus nous donne en exemple un samaritain. Les samaritains étaient
méprisés par le peuple juif car considérés comme des hérétiques. Et
pourtant, ce samaritain, Jésus le déclare plus proche de Dieu que tous
les dignitaires du temple. C’est lui qu’il nous donne comme modèle à
imiter. Avec cette parabole, il nous montre que ce n’est pas à nous de
décider qui est notre prochain. C’est à nous de devenir le prochain de
celui qui est sur notre route, quel qu’il soit. Comme nous sommes
nous-mêmes tentés de le faire, les docteurs de la loi faisaient des
distinctions entre les différentes catégories de prochain. Avec Jésus,
il y a un renversement radical. L’important c’est de nous faire proche
de l’autre, de nous approcher de lui.
Avons-nous réalisé que, dans
cette parabole, Jésus nous parle aussi de lui-même ? Il est celui qui
se rend proche de l’homme dans la détresse. Il s’approche des malades,
des paralysés, des lépreux et des exclus de toutes sortes. Il pardonne
à la pécheresse. Il va même chez les publicains que tous considéraient
comme des traitres. Lui-même s’en explique : Je ne suis pas venu pour
les justes mais pour les pécheurs… Le Fils de l’homme est venu chercher
et sauver ceux qui étaient perdus. »
Pour faire le lien entre ce que nous enseigne Jésus et ce que nous
vivons dans notre monde d’aujourd’hui, il m’est apparu important de
prendre de temps de nous arrêter quelques instants sur les paroles et
l’attitude de notre pape François.
Vous l’avez sûrement appris par
la presse ou la télévision, François s’est rendu lundi dernier sur la
toute petite île italienne de Lampedusa. Pourquoi ? Parce que cette île
qui abrite environ 6000 habitants est fréquemment une première
destination pour de nombreux immigrés africains fuyant la pauvreté et
la guerre. Depuis des années, des centaines d’entre eux se sont noyés
au cours de ces voyages effectués dans des conditions très précaires et
cela continue. Bouleversé par ces événements, François a décidé de se
rendre sur cette île et, dans son homélie, il nous interpelle tous : «
J'ai senti que je devais venir ici aujourd'hui pour prier, pour
accomplir un geste de proximité, mais aussi réveiller nos consciences
afin que ce qui est arrivé ne se répète pas, ne se répète pas, s'il
vous plaît ! … Aujourd'hui, dit-il, personne ne se sent
responsable de cela ; nous avons perdu le sens de la responsabilité
fraternelle; nous sommes tombés dans l'attitude hypocrite du prêtre et
du serviteur de l'autel dont Jésus parle dans la parabole du Bon
Samaritain: nous regardons le frère à demi mort au bord de la route ;
nous pensons peut-être "Ah, le pauvre !", et nous continuons notre
route, ce n'est pas notre affaire; et cela nous tranquillise, et nous
nous sentons en règle. La culture du bien-être, qui nous conduit à
penser à nous-mêmes, nous rend insensibles au cri des autres, nous fait
vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais ne sont rien :
elles sont l'illusion de la futilité, du provisoire, qui conduit à
l'indifférence pour les autres, et même conduit à la mondialisation de
l'indifférence. Dans ce monde de la mondialisation, nous sommes tombés
dans la mondialisation de l'indifférence. Nous nous sommes habitués à
la souffrance de l'autre, elle ne nous regarde pas, ne nous intéresse
pas, ce n'est pas notre affaire! » fin de citation.
Notre pape François, le « pape des pauvres », s’adresse à chacun de
nous, veut réveiller notre conscience et se remet lui-même en
question.
Certes, ici, à Orvault, nous nous
sentons bien impuissants pour ces migrants de Lampedusa. Nous pouvons
au moins prier pour eux, et être attentifs et sensibles aux personnes
en souffrance tout près de nous.
Nous t’en prions, Seigneur :
fais-nous ressembler au samaritain qui fut pris de pitié et releva le
blessé. Fais-nous ressembler à Jésus ton Fils qui s'est fait le
prochain de chacun de nous.
André ROUL, diacre permanent.
14 juillet 2013
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