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Au début de ces vacances d’été je vous propose un premier devoir de vacances : des mathématiques !
Saint
Luc est le seul des quatre Evangélistes à nous rapporter cet épisode de
l’envoi en mission de 72 disciples et pas seulement des douze Apôtres.
72 ! Ils sont envoyés 2 par 2 ce qui nous fait 36 paires de
disciples : 36 !
Et 36 c’est 3 fois 12 ! 3, chiffre
parfait (Dieu), et 12, la plénitude (les douze tribus d’Israël).
C'est-à-dire que nous sommes tous envoyés pour annoncer la Bonne
Nouvelle !
Tous envoyés. Et Jésus nous donne notre carnet de route :
« Il
les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités
où lui-même devait aller. » C'est-à-dire
partout : « Allez donc ! De toutes les nations faites
des disciples »(Mth 28, 19).
Puis il ajoute : « Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups »
Jésus
envoie t il ses disciples droit à la mort ? Et les martyrs de tout
les temps en seraient le témoignage ? Non ! Mais il semble
leur refuser la possibilité de se faire protéger par la force :
c’est une décision qui parait tellement insensée qu’elle ne peut
manquer d’avoir une raison profonde. Laquelle ?
Dans le livre
du prophète Isaïe il est question d’un Serviteur qui tend le dos à ceux
qui le frappent et les joues à ceux qui lui arrachent la barbe. Pas
parce qu’il manque de caractère et de force, mais uniquement parce
qu’il veut montrer à tous ce que Dieu est capable de faire pour porter
secours à ceux qui lui font une confiance absolue.
C’est une
manière de faire que l’on retrouve avec Jésus. Rappelez-vous son
attitude en face des soldats qui viennent l’arrêter. Non seulement il
s’avance vers eux les mains nues, mais encore il ordonne à Pierre de
remettre son épée au fourreau. «Crois-tu que je ne puisse pas faire
appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze
légions d'anges ?».
Jésus persiste jusqu’au bout dans la même
attitude, repoussant la tentation de « se sauver lui-même » en faisant
un miracle sous les railleries de ceux qui le regardent sur la
Croix !
Et de retour de leur mission les disciples en
témoigneront, eux qui ne sont ni puissants ni très
instruits : « Seigneur, même les esprits mauvais nous
sont soumis en ton nom. »
Car Jésus ne leur a pas dit :
Allez prêcher mon catéchisme et convertir les incrédules ; il leur
dit : « guérissez les malades, et dites aux habitants :
'Le règne de Dieu est tout proche de vous. »
De cette première mission « Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux ! »
Et
Jésus leur répond : « Je voyais Satan tomber du ciel
comme l'éclair. » Que vient faire Satan dans notre histoire ?
Moi
qui suis catéchiste, ou bien moi qui visite les malades à l’hôpital où
les personnes isolées, moi qui rencontre les personnes qui vivent dans
la rue, Jésus me dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme
l'éclair. » Jésus dit : ce que vous faites en mon Nom met la
déroute chez Satan et ses sbires ! Satan, le diable (celui qui se
met en travers de Dieu dans notre vie).
Il y a quelques temps est
paru le livre d’un jeune philosophe, Fabrice Hadjadj : La Foi des
Démons. Un livre dans lequel l’auteur y démontre que le diable œuvre
surtout sous l’apparence du bien. Le défi consiste donc à repérer ses
ruses. En sept chapitres (ce sont des mathématiques bibliques) il nous
donne les remèdes pour éviter les pièges qui ne sont plus la
gourmandise, la colère, l’avarice ou je ne sais quel péché capital mais
des comportements beaucoup plus subtiles. Je vous en cite quelques
uns :
1 Satan connaît Dieu !
Fabrice Hadjadj relève que,
dans les Évangiles, les démons disent la vérité sur Dieu: «Je sais qui
tu es: le saint de Dieu.» Le diable adhère au Credo avec son esprit
mais pas avec son cœur. L’auteur a recours à une image musicale, Satan
connaît par cœur la partition, mais refuse de la jouer. En ce qui nous
concerne, avoir la foi ne protège pas du Malin. Ce Philosophe voit le
diable à l’œuvre moins chez ceux qui font profession d’athéisme qu’au
sein des «chrétiens» sûrs de détenir la vérité.
Le
remède : Demander à Dieu de nous inciter à nous méfier de
nous-mêmes, dès que l’on pense détenir la vérité, surtout en matière
religieuse.
2 Satan veut la sainteté à la force du poignet
Le
défi du diable est aussi, selon Hadjadj, de nous faire «croire que l’on
peut sauver l’homme sans la grâce», de nous persuader que nous pouvons
être des saints par nous-mêmes.
Pour guérir : Redire à Dieu,
tous les matins et tous les soirs, que nous avons besoin de sa
miséricorde. Car «Être humble n’est pas se rabaisser, c’est se laisser
relever par Dieu.»
3 Satan est à l’aise dans le spirituel
Selon
l’idée reçue, Dieu est spirituel, alors que le diable est matérialiste
et nous tente par la chair. Hadjadj renverse tout : «Le vrai problème
est le suivant: Satan est très spirituel. Sa nature même est celle d’un
esprit pur. La spiritualité, c’est son truc.»: Satan ne peut pardonner
à Dieu d’avoir quitté le Ciel pour partager l’humble condition humaine
jusqu’à la mort sur la Croix. Du coup, il se réjouit lorsque les
chrétiens, résistant au péché matérialiste, tombent dans l’orgueil
spirituel à travers la fuite dans un spiritualisme exacerbé.
Alors
réécoutons ce que nous disait St Paul tout à l’heure dans l’épître aux
Galates : « pour moi, que la croix de notre Seigneur
Jésus Christ reste mon seul orgueil. »
4 Satan désire notre bonheur par notre autonomie
Satan n’a pas d’autre but que de nous persuader que nous sommes capables d’être heureux uniquement par nous-mêmes
Pour
le vaincre il faut s’abandonner dans la confiance à Dieu pour
recevoir tout de lui, renoncer à tout assumer par ses propres forces.
Ce qui implique aussi d’accepter de demander de l’aide, de renoncer à
tout contrôler.
7 Satan adore les principes et les valeurs
Fabrice
Hadjadj constate que nous nous sentons souvent plus prompts à vouloir
venir en aide à des gens à l’autre bout de la planète qu’à supporter
les défauts de notre conjoint ou de nos collègues. «Monsieur (Satan) le
spirituel est favorable à la foi dès qu’elle est désincarnée et se fait
le promoteur de la charité, tant qu’elle n’est que discours ou
distance.» Selon Hadjadj, la vraie charité se concrétise dans le simple
fait d’honorer nos devoirs auprès de nos familiers.
Le remède.
Aimer son prochain de façon non virtuelle, mais à travers des gestes ou
des actes concrets et quotidiens, qui impliquent le corps. Aimer les
gens pour eux-mêmes et non pour ce qu’on voudrait qu’ils soient
implique de vraiment prier le «Que TA volonté soit faite» du Notre Père.
Mais
devant toutes ces difficultés que nous croyions vaincre écoutons Jésus
nous redire l’Amour du Père pour chacun de nous : « ne vous
réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais
réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »
Philippe ARRIVE
03-04 Juillet 2010
VERTOU
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