Année C
Sommaire année C
retour vers l'accueil14° dimanche ordinaire
Dimanche
dernier, les lectures nous invitaient à entendre l’appel à suivre
Jésus. Appel radical, exigeant, sans regarder en arrière, sans même
prendre le temps de faire ses adieux à sa famille, ni d’enterrer ses
morts. Aujourd’hui, il s’agit de l’envoi en mission. En effet, suivre
Jésus a pour conséquence de nous envoyer témoigner de lui auprès de nos
contemporains. Cette mission, elle aussi, est exigeante, radicale, dans
un monde où la Bonne Nouvelle n’est pas toujours accueillie
favorablement : « je vous envoie comme des agneaux au milieu
des loups ». Situation pas très confortable !
Alors
qu’il monte à Jérusalem pour y être arrêté, jugé, crucifié, Jésus
envoie ses disciples au-devant de lui. Il les envoie au-devant de lui,
mais en réalité Jésus précède ses disciples. Par sa mort et sa
résurrection, il est partout où sont ses envoyés, guérissant les
malades, soumettant les esprits mauvais. Car c’est bien Jésus lui-même
qui agit à travers eux. Le fondement de notre grande espérance de
Chrétien, c’est de savoir que nous sommes précédés en tout lieu où nous
portons la Bonne Nouvelle. Précédés et donc attendus. Jésus nous attend
là où il nous envoie. Grande espérance, mais qui impose aussi une
grande humilité : ce n’est pas nous qui agissons, lorsque nous
témoignons, mais c’est Jésus qui agit en nous. Et à nous aussi, comme
aux disciples, il pourrait nous venir ce frisson grisant, ce petit
parfum de la gloire en constatant que « même les esprits mauvais
nous sont soumis », si nous perdions de vue que c’est Jésus qui
agit par nos mains.
Dans son récit, Luc nous raconte que Jésus envoie 72 disciples.
3 fois 12 plus 3 fois 12, : 3, chiffre parfait, et 12, la plénitude.
72,
c’est donc à la fois la multitude des peuples de la terre : la
multitude géographique, et celle des missionnaires de toutes
époques, la multitude temporelle. Jésus est pleinement présent dans le
temps et dans l’espace, il est à la fois maître de l’infini et de
l’éternité. Il envoie 72 disciples, et pas seulement ses 12 apôtres,
car l’urgence de la mission n’est pas réservée aux seuls évêques et à
leurs collaborateurs directs, mais à tous les chrétiens de tous les
temps, partout sur la terre.
Comme la loi de Moïse imposait 2 témoins pour qu’un fait soit reconnu, Jésus envoie devant lui ses disciples 2 par 2.
Deux,
c’est déjà une communauté. Chacun des disciples est le témoin et le
garant de l’autre devant les peuples. Ses disciples passeront de
maison en maison. Non pas par les lieux sacrés comme le Temple ou les
synagogues, mais dans les lieux où vivent les hommes. Car Dieu nous
rejoint chez nous, il s’adresse à nous là où nous sommes. Jésus
n’avait-il pas dit à la Samaritaine : « l’heure vient où les
vrais adorateurs n’adoreront plus ni sur cette montagne, ni à
Jérusalem, mais ils adoreront le Père en esprit et en vérité ».
Cette
mission qui nous est confiée à cause de notre baptême, tout comme aux
72, quelle est-elle donc ? S’agit-il de guérir les malades ?
de faire des actions extraordinaires ? des miracles ? Ce
n’est pas ce que nous dit l’évangile :
La mission confiée aux
72 n’est pas d’abord de guérir les malades et de maîtriser les esprits
mauvais, mais d’annoncer la Bonne Nouvelle de la paix de Dieu
(« dites d’abord : paix à cette maison »), la Bonne
Nouvelle de l’amour de Dieu pour les hommes. Jésus le demande à
plusieurs reprises : « dites-leur : le règne de Dieu est
tout proche ». Les guérisons et les actes extraordinaires ne sont
pas le but de la mission. Ils ne sont que le signe visible de la venue
du règne de Dieu. Ce qui est important, ce n’est pas le signe en
lui-même, mais ce qu’il révèle. A leur retour, les disciples sont tout
excités de raconter leurs exploits, ils sont eux-mêmes surpris de ce
qu’ils ont été capables de faire : « Seigneur, même les
esprits mauvais nous sont soumis en ton nom ! » Certes, le
signe est éclatant ! Mais il ne faudrait pas que cet éclat empêche
de voir ce qui est ainsi signifié : le règne de Dieu est déjà là.
C’est ce que rappelle Jésus : « Ne vous réjouissez pas parce
que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que
vos noms sont inscrits dans les cieux .» Que les esprits mauvais
soient soumis, c’est bien. Mais il y a mieux encore : l’intimité
avec Dieu, source de vraie joie, source de tout apostolat. Paul ne dit
pas autre chose dans sa lettre aux Galates, dans ce passage que nous
venons d’entendre : « la croix de notre Seigneur Jésus-Christ
reste mon seul orgueil ». Mais, pour comprendre Paul, il faut bien
préciser que, pour lui, la croix n’est pas un objet, pas même un objet
de vénération : c’est un événement. Quand Paul parle de la croix
du Christ, il ne se livre pas à une contemplation de ses douleurs, au
rappel de ses souffrances. Pour lui, la croix du Christ est un
événement historique, c’est même l’événement central de l’histoire du
monde, l’événement qui a opéré une fois pour toutes la réconciliation
entre Dieu et l’humanité d’une part, la réconciliation entre les
hommes, d’autre part. Car la croix et la résurrection sont
indissociables : il s’agit d’un seul et même événement.
Frères
et sœurs, en ces jours où il nous est accordé quelque temps de repos,
n’oublions pas cette mission à laquelle Jésus nous envoie toujours. Car
Dieu, lui, ne prend pas de vacances ! Nous allons sans doute
rencontrer des personnes, connues ou inconnues. N’hésitons pas à leur
annoncer, comme le prophète Isaïe, cet amour que Dieu propose à tous
les hommes, cette tendresse infinie avec laquelle Dieu protège ses
enfants : « Vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur
les bras, que l’on caresse sur les genoux. De même qu’une mère console
son enfant, moi-même je vous consolerai. » Même en vacances,
Restons porteurs de cette Bonne Nouvelle qui nous fait vivre, qui est
la source de notre joie !
Amen !
Sommaire année C
retour vers l'accueil