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« Pour la foule, qui suis-je ? »
Pour la foule de toutes ces personnes qui constituent l’humanité entière, qui est Jésus ? Pour la foule de tous ces gens que nous connaissons, qui sont nos proches, et qui sont parfois très loin de la foi, qui est Jésus ? Pour la foule de ces jeunes et moins jeunes, foule  rassemblée ces jours-ci pour ce festival dont tout le monde parle, qui est Jésus ?
« Pour la foule, qui suis-je ? » demandait Jésus à ses disciples, il y a 2000 ans. « Pour la foule, qui suis-je ? » nous demande-t-il encore aujourd’hui. Voilà une question qui peut nous laisser perplexe. Autant de personnes, autant de réponses, sans doute. Certains, nous le savons bien, pensent que Jésus, c’est une invention, qu’il n’a jamais existé. Même si tous les historiens, même les plus hostiles à la foi catholique, s’accordent à dire que Jésus de Nazareth a bien existé, au temps du roi Hérode, dans la période où Ponce Pilate était procurateur de Judée. D’autres pensent que Jésus, c’est une belle histoire qu’on raconte aux petits enfants et que les esprits un peu naïfs continuent à croire toute leur vie. Et puis, il y a aussi ceux pour qui Jésus, c’est celui qui nous présente Dieu comme une sorte de chef du monde, qui décide de ce qui est bien et mal, qui manipule les hommes au gré de ses caprices, qui fait les maladies, les tremblements de terre, les tsunami, tempêtes et autres accidents pour punir au hasard les hommes afin de leur montrer que c’est bien lui le chef qui dirige le monde…
Dans tous les cas, quelle tristesse ! Mais surtout, quelle ignorance ! Car c’est bien de cela qu’il s’agit, quand Jésus pose à ses disciples la question : « Pour la foule, qui suis-je ? » Ce n’est pas pour savoir quelle est sa cote de popularité, ni pour poser une colle à ses amis. Ce n’est pas non-plus par curiosité, puisqu’il sait bien ce qu’il y a dans le cœur de chacun. Non, si Jésus interroge ainsi ses disciples, c’est pour attirer leur attention sur l’ignorance des hommes à son sujet. Pour leur faire prendre conscience qu’il y a un besoin urgent – et l’urgence est de mise à toute époque – de faire connaître à tous les hommes la lumière qu’est le Christ, salut pour chacun d’eux. Cette question doit donc nous interpeler fortement. On doit se demander : mais alors, comment faire connaître Jésus à tous les hommes ? Eh bien, frères et sœurs, c’est là que notre mission de baptisé devient très difficile et très délicate. Car, le plus souvent, ce n’est pas par des paroles que nous pourrons annoncer le Christ sauveur du monde, mais par nos actes. Dire « Dieu est amour », c’est facile, ça ne mange pas de pain. C’est par la manière dont nous vivons, par les actes que nous posons, que nous sommes ou non images d’un Dieu amour et tendresse pour chacun. C’est parfois une véritable croix. D’ailleurs, Jésus nous le dit bien dans cet évangile : « celui qui veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Si nous voulons annoncer Jésus aux hommes de notre temps, et plus spécialement aujourd’hui, ici à Clisson, à ceux qui, par leur attitude, les images et les symboles qu’ils diffusent, les paroles de leurs chansons, se moquent de notre foi, la méprisent, la tournent en dérision, et qui ainsi peuvent nous blesser, parfois très profondément, ce n’est certainement pas en utilisant les mêmes moyens que les leurs : la violence, le mépris, l’arrogance, l’agressivité, la haine. Tous ces moyens ne sont pas évangéliques,  et seraient de notre part un contre-témoignage. Jésus lui-même n’a jamais employé de tels moyens. Au contraire, si notre foi est assez forte, gardons une attitude pleine de compassion pour ceux qui nous agressent. Rappelons-nous que c’est par leur ignorance qu’ils agissent ainsi. Demandons-nous plutôt : « qu’est-ce que j’ai fait pour annoncer Jésus, amour et miséricorde de Dieu, à cette personne qui m’agresse justement parce qu’elle ne connaît pas cet amour ? » C’est alors que peut nous revenir à l’esprit cette deuxième question que Jésus pose à ses disciples : « pour VOUS, qui suis-je ? » La réponse que nous ferons sera décisive. Si Jésus est véritablement, pour moi, le fils de ce Dieu d’amour qui me fait vivre, comment pourrai-je le renier par mes actes dès que je serai remis en question ?
Nous avons lu tout-à-l’heure le psaume 62. Voici une réponse possible à cette question : pour moi, qui es-tu Jésus ? qui est-il donc ce Dieu que j’ai tant de mal à connaître et qui pourtant fait toute ma joie ? Je vous invite vraiment, frères et sœurs, à lire, à méditer, à retenir peut-être par cœur ce magnifique poème de désir et d’amour qu’est le psaume 62 :

Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.

Je t'ai contemplé au sanctuaire,
j'ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l'ombre de tes ailes.
Mon âme s'attache à toi,
ta main droite me soutient.

Ce sont là des paroles d’amoureux, poème d’amour pour ce Dieu d’amour dont on est si démuni pour en bien parler, de cet inconnaissable mais cependant si incroyablement attirant, en qui chacun peut mettre sa confiance. Vivons ce psaume, afin que le monde, si assoiffé de Dieu sans même le savoir, puisse le reconnaître en nous. Laissons résonner en nos cœurs cette question que Jésus nous pose aujourd’hui : « pour vous, qui suis-je ? » et prenons le temps d’apporter, petit à petit, jour après jour, par notre vie toute simple et quotidienne, une réponse qui soit, pour les foules assoiffées de vérité, une véritable annonce de l’évangile.
Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent.
Clisson, le 20 juin 2010.


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