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La Sainte Trinité


En cette fête de la Sainte Trinité, la question qui nous est posée pourrait être : En quel Dieu croyons-nous ? Certains de nos contemporains affirment qu’il y a autant de religion sur terre qu’il y a  d’individus parce que chacun se fait une idée de Dieu. Pourtant, le Credo qui rassemble tous les chrétiens dans une même foi nous fait proclamer : Je crois en Dieu le Père, je crois en Jésus Christ, son Fils unique, je crois en l’Esprit Saint… Le mot de TRINITE n’est pas dans la Bible, mais c’est pourtant Jésus lui-même qui est venu nous révéler la Ste Trinité. Avant lui, on n’en avait jamais entendu parler. Peu à peu, Jésus révèle sa relation avec son Père par des manifestations (son Baptême, la Transfiguration) par ses paroles « Qui m’a vu a vu le Père » Jn 14, 9 puis à la fin de sa vie, il leur annonce l’Esprit Saint. « Mais le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » Jn 14, 26
Le Catéchisme nous enseigne que la Sainte Trinité, Dieu UN en trois personnes, est un mystère. Il ne s’agit donc pas d’essayer de comprendre avec la tête, même si pour vous parler je dois faire appel à votre intelligence, mais il faut contempler chacune des trois personnes divines dans sa relation avec les deux autres. Afin d’essayer d’entrer dans cette contemplation pour que le mystère devienne révélation, je vais reprendre des notes que j’avais prises lors d’une conférence du P. Caffarel.
Le Père : Si Dieu existe, il ne peut être que vivant. Et la plus haute manifestation de la vie, c’est l’Amour. C’est la grande révélation apportée par le Christ : « Dieu est Amour. » 1Jn 4, 8. Entre tous les amours, il en est un de particulier qui consiste à faire exister celui qu’on aime : l’amour parental. Si Dieu aime, il est irrésistiblement poussé à se donner à un être qu’il appelle à l’existence, à son Fils qu’il engendre de toute éternité et à qui il se donne lui-même en plénitude. « Le Fils ne peut faire de lui-même rien qu’il ne voie faire au Père. » A la différence des pères de la terre qui engendrent leurs fils dans un acte passager, le Père du ciel est une source éternellement jaillissante. Il fait à son Fils un don sans intermittence et sans réserve. Il lui transmet toute sa puissance, toute sa perfection. Toute la perfection du Père et tout son bonheur, c’est sa paternité. « Personne n’est autant père que lui. » Lc 11, 13. « Si donc vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du Ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient. » Le Père est la générosité en personne. Pour lui, aimer c’est se donner sans réserve, sans intermittence, dans un élan de générosité joyeuse.
Le Fils : Comme le fleuve tient tout son être de la source, le Fils tient tout son être du Père. S’il prétendait se suffire et ne dépendre de personne, il s’anéantirait comme le fleuve coupé de sa source. L’attitude foncière du Fils dans la trinité, c’est l’accueil, mieux, l’avidité : il est tout avide du don du Père. Il est le « pauvre » par excellence, lui qui n’a rien et qui reçoit tout à chaque instant, en même temps qu’il est infiniment riche de toutes les perfections du Père. On peut parler aussi de son « humilité », humilité qui n’est pas aveu d’infériorité, car le Fils est en tout égal au Père. « Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? » Jn 14, 10  Humilité qui est consentement joyeux à la dépendance, la dépendance du fleuve par rapport à sa source. Et en même temps, le Fils est tout entier don en retour au Père. Le fleuve reflue vers sa source dans un élan d’émerveillement et de gratitude. Le Fils est éternelle « eucharistie » (=Action de grâce), cette eucharistie qui nous rassemble autour de lui lors de chaque messe. « Père, je te rends grâce de m’avoir exaucé. » Jn 11, 41. Pour le Fils, aimer c’est se donner sans réserve, sans intermittence, dans un élan de gratitude joyeuse.
Le Saint Esprit : Tout amour humain tend à la communion. L’amour qui unit les époux est autre chose que la somme de leur amour mutuel. De l’Amour du père pour le Fils, et du Fils pour le Père surgit une gerbe immense, l’Esprit Saint qui est Quelqu’un. (Un peu comme l’enfant est l’amour personnifié de l’homme et de la femme.) Le Père et le Fils s’émerveillent devant l’Esprit Saint en qui ils sont un. Une formule imparfaite peut évoquer ce troisième visage de l’amour en Dieu : Aimer, c’est se donner l’un à l’autre pour se donner ensemble. Comme le Fils, l’Esprit est tout accueil. Mais tandis que le Fils reçoit tout son être d’une seule source (le Père), l’Esprit saint « procède du Père et du Fils. » L’Esprit Saint ne reçoit que pour donner. Il acclame éternellement l’Amour du Père et du Fils. Il est la joie du Père et du Fils, la fête éternelle de Dieu, leur joie de se donner et de s’accueillir.
Depuis notre baptême, « au nom du Père, et du Fils, et du St Esprit » nous sommes animés par cet Esprit « qui fait de nous des fils » qui nous donne la vie même de Dieu, qui nous fait entrer dans la famille de Dieu, la Sainte Trinité. Parce que la Trinité est un mystère que l’on découvre en étant dedans. La Trinité n’est pas d’abord une sorte d’énigme, une super équation mathématique pour intellectuels d’élite : C’est une simple réalité « cachée aux sages et aux savants, et révélée aux tout-petits… » Mt 11, 25  Le tout-petit, le nouveau-né ne sait pas qu’il a une famille et comment elle est composée… Mais dès les premières semaines, il se sent confusément pris dans UN Amour… Il ressent autour de lui UNE tendresse qui répond à toutes ses faims, à tous ses cris. Il la ressent d’abord comme UNE, indistincte, mais toute puissante et bonne. Avec le temps, il finira par éprouver que cette présence est MULTIPLE, sans cesser d’être UNE : voix aiguë  et voix grave, visage de velours et visage barbu, mains moêlleuses et mains de fer… Ils sont plusieurs à vivre, autour de lui et pour lui, le même AMOUR…
Pendant quelques instants, contemplons en silence cet Amour qui nous rassemble, qui nous porte et nous fait vivre. Puis, poussés par l’Esprit, nous accueillerons le don du Père en son Fils Jésus, et nous lui rendrons grâce « par lui, avec lui et en lui. » C’est par son Eucharistie que le Christ est présent « avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » C’est par son Eucharistie qu’il nous fait vivre la communion qui règne au sein de la Sainte Trinité. Nous ne pouvons pas garder cette Bonne Nouvelle pour nous car Jésus a encore beaucoup d’autres frères qui ne savent pas qu’ils sont enfants de Dieu.


Jean-Jacques BOUGOIS

Le Clion, Ste Marie et Pornic
3 juin 2012



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