Année B
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retour vers l'accueilNuit de Noël
Au moyen âge, avant la Messe de minuit, les chrétiens étaient
invités à un spectacle donné sur le parvis des grandes églises. Un
spectacle appelé Mystère, pendant lequel, sous forme très théâtrale
était récapitulée toute l’histoire sainte, depuis la création du monde
et le passage de la Mer Rouge jusqu’à la naissance de Jésus et sa
Passion.
On commençait bien entendu avec Adam et Eve et l’arbre du jardin d’
Eden figuré sous la forme d’un buisson sur lequel on accrochait des
fruits , des pommes par exemple : c’est l’origine de notre sapin de
Noël et de ses boules de verre.
C’était une forme de catéchisme vivant complétant ainsi l'enseignement des bas-reliefs et des vitraux des églises.
Car même si l’histoire de Jésus nous la connaissons, particulièrement
le récit de sa naissance, il est bon de venir y regarder de près pour
dépoussiérer les souvenirs un peu nébuleux que nous en gardons : est-ce
simplement la naissance d’un enfant qui sera couché dans une mangeoire
et que quelques pauvres bergers viendront fêter ?
Comme au cinéma, faisons un plan un peu plus large. Nous sommes dans un
pays occupé. Et l’empereur viens de décréter un recensement qui oblige
chacun à se déplacer et parfois à faire de longues distances à une
époque sans voiture ni TGV. Tout le monde est un peu déraciné, sans
repère.
Et nous faisons un plan plus serré sur Marie et Joseph qui eux aussi
ont beaucoup marché (sur Google la distance entre Nazareth et Bethléem
est de 155km par l’autoroute).
Il se fait tard et ils doivent trouver un lieu pour se reposer. Alors
Joseph va de maison en maison et même à l’auberge où la réponse est
toujours la même : il n’y a pas de place.
« Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma
voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et
lui avec moi. » (Apocalypse 3:20)
Imaginez cet homme bientôt papa, qui se voit refuser un abri alors que
sa jeune épouse est prête à accoucher. J’aurais hurlé ma révolte au
milieu de la place publique. Lui a trouvé refuge dans une étable, en
toute discrétion.
Mais ce soir, dans nos villages dans nos quartiers, interrogeons nous :
comment répondrais je à un homme qui me dit ne pas savoir ou dormir
avec sa femme enceinte ?
Ce ne sont plus des beaux discours ou de la morale mais de la vie quotidienne.
A l’époque de la naissance de Jésus et de ce recensement, la solidarité
avec ces populations en déplacement aurait pu être plus grande.
Mais aujourd’hui, chez nous, comment réagissons nous aux images
violentes que la télévision nous sert en apéritif tous les jours ?
Peut-être nous arrive t-il de penser : « pourquoi Dieu est il venu dans
cette crèche alors que si il était venu avec sa toute puissance pour
remettre les choses à leur juste place, le monde aurait été plus
heureux à vivre. »
Et devant la crise économique causée par des spéculateurs et des
égoïstes de renommée internationale, si Dieu agissait une bonne fois,
tout irait mieux.
Alors que nous le voyons tout petit et couché dans la paille de cette étable.
Quel est donc son message ?
Un collégien posait cette question : si Dieu nous aime, pourquoi la guerre, pourquoi les enfants qui meurent de faim ?
La réponse se trouve en partie dans la crèche !
Est-ce que des parents qui aiment leurs enfants ne les voient pas
prendre des chemins difficiles et douteux parfois, contre leur avis.
Mais pourtant ils aiment leurs enfants.
Des parents trop présents qui ne laissent pas leur fille ou leur fils
faire eux-mêmes leurs propres choix, des parents trop autoritaires, les
privent de la liberté qui rime avec amour. Pas une liberté facile
« je fais ce que je veux ». Mais une liberté, intelligente,
éclairée, que les parents aident à construire. Le premier tour de vélo
serre le cœur des mamans mais il faut bien se lancer !
Pour Dieu c’est un peu pareil : si son amour pour nous allait avec des
contraintes continuelles pour nous empêcher de tomber, ou de nous
tromper : quel serait cet amour sans liberté, sans bonheur ?
Alors Dieu se fait discret, il propose, il chuchote, mais il nous
laisse notre liberté. Et nous savons bien que toutes les guerres, les
famines , les marées noires mais aussi la précarité, la crise
financière…ont bien une origine humaine : ce n’est pas Dieu qui nous
veut du mal mais c’est la liberté qu’Il nous donne qui est mal utilisée
par certains.
Et bien, sa discrétion est allée jusqu’à choisir de se faire l’un de
nous, un pauvre parmi nous, petit bébé dans une étable, fils d’un
ouvrier charpentier, et qui acceptera de mourir comme un esclave
torturé sur la croix. Il aurait pu se sauver de cette croix ou naître
dans un palais mais il a choisi de vivre avec les petits.
Et ce sont les moins riches qui l’ont reconnus : les bergers qui a
cette époque vivaient en marge de la société. Pourtant ils n’étaient
pas rassurés. « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer
une bonne nouvelle. »
« Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma
voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et
lui avec moi. »
Alors bien sûr, recevoir quelqu’un à l’improviste cela nous dérange un
peu : il faut faire un peu de place et bousculer notre emploi du temps.
C’est à cela que nous invite Jésus. Mais il nous assure d’une chose
c’est que nous n’y perdrons pas au change : son cadeau c’est notre
bonheur ! Et plus encore que les cadeaux que nous allons échanger qui
font notre joie quelques heures, quelques jours. Lui nous offre son
amitié pour toujours.
« Car il s’est donné pour nous [ … ] pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. »(Ti 2,13)
« Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père
l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. »
(Jn 14, 23)
Il est là à la porte de notre cœur. Regardez dans la crèche : il nous tend les bras. Qu’allons nous lui dire ?
« Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma
voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et
lui avec moi. »
Chant : Ps 95(96) Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur.
Philippe ARRIVE, diacre permanent
Château Thebaud 24 Décembre 2011
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