Année B
Sommaire année B
retour vers l'accueilJeudi Saint
Les enfants, vous qui vous préparez à la
première communion, avez-vous remarqué, dans la deuxième lecture que
nous avons entendue, de quoi il est question ? St Paul, dans sa lettre
aux Corinthiens, nous parle de la « première communion » de Jésus !
Jésus nous donne la communion pour la première fois. En accomplissant
les gestes rituels, habituels, de son époque, qui se répétaient chaque
année dans toutes les familles au moment de la Pâque, Jésus transforme
ces gestes, leur redonne un autre sens, les prolonge. Habituellement,
c’était le chef de famille qui, au début du repas, rompait ce pain très
spécial, sans levain, en rendant grâce à Dieu, en faisant mémoire du
jour où Dieu a libéré ses ancêtres de l’esclavage en Egypte. Et puis, à
la fin du repas, c’est la coupe de vin qui était ainsi levée, avec une
parole d’action de grâce, de remerciement, en signe de l’alliance que
Dieu a faite avec son peuple. La coupe était ensuite partagée par
toutes les personnes qui prenaient part au repas. Jésus ne fait donc
que répéter ce rituel très ancien, mais en expliquant à ses disciples
que ce pain, c’est désormais son corps livré pour nous, et que ce vin,
c’est son sang versé pour nous, pour toute l’humanité. Voyez-vous les
enfants, l’Ancienne Alliance – que vos parents appellent sans doute «
l’Ancien Testament » – est renouvelée par Dieu en la personne de Jésus
lui-même, et il s’agit désormais de la Nouvelle Alliance. C’est pour
cela que Jésus est venu. Pour rappeler à tous les hommes que Dieu n’a
pas rompu son alliance avec eux, mais qu’au contraire il est toujours
notre allié ; il vient concrétiser son alliance, l’accomplir, la rendre
plus facile à voir et à comprendre. Il suffit pour cela de voir Jésus,
d’observer ce qu’il fait, ce qu’il dit, pour comprendre comment Dieu
aime l’humanité tout entière. Et Jésus va accepter d’aller jusqu’à
mourir pour le faire comprendre.
Vous vous rappelez, les enfants, qu’il a dit à
Zachée : « aujourd’hui, je veux demeurer chez toi ». Même si cet homme
a fait du tort à beaucoup de gens, même si personne ne l’aime, Jésus,
lui, l’aime au point de désirer venir demeurer chez lui. Alors les
enfants, quand vous aussi, à votre tour, vous allez manger ce pain qui
est le corps de Jésus, vous accomplirez cette parole de Jésus : «
aujourd’hui, je veux demeurer chez toi ». Jésus vient habiter en nous,
en se laissant manger par nous. En mangeant le corps de Jésus
eucharistie, vous entrerez dans la communion de tous ceux qui suivent
Jésus, tous ceux qui lui font confiance, tous ceux qui ont compris
qu’il a donné sa vie pour tous, qu’il donne son corps en nourriture. Et
la nourriture, c’est ce qui nous donne la force, l’énergie pour vivre.
Le corps de Jésus, c’est une nourriture de vie.
Ce geste de Jésus, cette première communion qu’il propose, c’était un
jeudi. C’est ce que nous rappelons aujourd’hui, Jeudi Saint. Et chaque
Jeudi Saint, l’Eglise nous rappelle aussi cet autre geste de Jésus,
qu’il accomplit le même soir avec ses amis : le lavement des pieds.
C’est le texte que je viens de lire. L’avez-vous remarqué ?
Contrairement aux 3 autres évangélistes, St Jean ne nous raconte pas,
dans son évangile, l’institution de l’eucharistie sous la forme du
repas, du partage du pain qui est son corps et du vin qui est son sang.
Sans doute qu’à l’époque où il écrit, l’eucharistie est une habitude
déjà bien établie dans les premières communautés chrétiennes. Jean
préfère mettre l’accent sur ce geste du lavement des pieds, geste tout
aussi inattendu et scandaleux que de donner son corps à manger et son
sang à boire : Lui, le Seigneur et le Maître, se fait le serviteur de
tous. Ces deux gestes de Jésus sont liés. Certains disent même qu’ils
ne font qu’un. De même que les deux premiers commandements sont
semblables : « tu aimeras Dieu de tout ton cœur » et « tu aimeras ton
prochain comme toi-même », communier au corps du Christ et servir ses
frères sont équivalents et inséparables. Car de même que Jésus nous a
dit après avoir partagé le pain et le vin : « faites ceci en mémoire de
moi », de même il nous a dit après avoir lavé les pieds de chacun de
ses disciples : « C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous
fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous. » C’est la même demande
de Jésus. C’est un même commandement qu’il nous laisse juste avant de
mourir. Suivre le Christ, c’est donc pratiquer l’eucharistie et
pratiquer la charité. Si l’Eglise nous propose aujourd’hui ces deux
textes, c’est pour nous rappeler que ces deux aspects de la vie
chrétienne sont indissociables. Comment ne pas faire le lien avec la
démarche Diaconia 2013, qui nous a mobilisés ces derniers mois, pour
nous sensibiliser à la dimension fraternelle de notre vie chrétienne ?
Cette démarche est une balise de plus pour nous aider à rester sur le
bon chemin, en gardant en vue ces deux impératifs : rester tournés vers
Dieu et en même temps tournés vers nos frères ; pratiquer la charité au
nom de notre foi, et nourrir notre foi en vue de la charité.
Il m’arrive souvent, et vous aussi sans doute,
de rencontrer des personnes qui se disent « croyants mais
non-pratiquants ». Le père Gaby, notre ancien curé, aimait à leur
répondre amicalement : « je crois plutôt que vous êtes pratiquant, mais
non-croyant » En effet, il voulait leur faire comprendre que leur vie
les amenait sans doute à pratiquer, à l’occasion, la charité, la
fraternité – en cela, ils sont « pratiquants » – mais que cette
démarche pleine de générosité n’était pas fondée sur une foi
suffisamment forte pour les pousser vers la pratique des sacrements. Il
en va peut-être de même pour chacun d’entre-nous. Alors, frères et
sœurs, puisque croire et pratiquer sont indissociables, posons-nous la
question, au cours de ces quelques jours qui nous conduisent vers
Pâques : Sommes-nous suffisamment croyants pour être pratiquants ?
Sommes-nous suffisamment pratiquants pour être croyants ?
Amen !
Daniel BICHET, diacre
permanent
Gétigné, le 5 avril 2012
Sommaire année B
retour vers l'accueil