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retour vers l'accueil4° dimanche de l'Avent
Nous voici entrés dans cette dernière semaine de l’Avent, celle qui
nous mène vers Noël. Noël, cette fête si particulière qui a, pour
beaucoup d’entre nous, un parfum de merveilleux, un chant que fait
vibrer le rire des enfants, la lumière des décorations qui brillent
dans la nuit. Je dis « beaucoup d’entre nous » car, il faut l’avoir à
l’esprit et surtout au cœur, ce n’est pas le cas pour tout le monde.
Trop de personnes ne vivent pas Noël comme une fête, mais comme un
moment de solitude, parfois de souffrance. Et puis, en cette fin
d’année à nulle autre pareille, encore douloureusement marquée par les
conséquences de la pandémie, nous devons bien l’avouer, Noël n’a pas la
même saveur que celle que nous aimons tant d’habitude. Pour beaucoup,
nous allons vivre cette expérience d’être privé de la présence de
personnes de nos familles, ou de nos amis, avec qui nous aurions tant
aimé nous retrouver. Les masques, la fameuse distanciation sociale, ne
sont pas vraiment accordés à cette fête de Noël où nous aimerions nous
serrer dans les bras les uns des autres. Alors oui, il nous faut bien
l’avouer, après une année éprouvante, nous pouvons avoir le sentiment
d’être privés de la joie de Noël. Et bien, chers frères et sœurs, les
textes de ce dimanche viennent, tout au contraire, nous rappeler que,
pour nous chrétiens, le meilleur est à venir !
Si l’on prête attention aux textes lus, de la 1ère lecture à
l’Evangile, on peut être frappés par le temps principalement utilisé :
Le futur ! Ces textes nous rappellent que l’Espérance, ce n’est pas le
regret du « temps d’avant », la nostalgie d’un passé idéal, mais
l’attente d’un avenir promis par un Dieu fidèle à son Peuple, la
révélation d’une Joie qui dépasse tous les bonheurs, à condition que
nous gardions nos cœurs disponibles à ce qui doit advenir. Fidélité,
Révélation, Disponibilité, tels sont les 3 mots qui, dans ces textes,
tissent la trame de ce qui est, au fond, la vraie et belle joie de Noël.
La fidélité, c’est ce joli mot chanté dans le psaume, qui nous dit de
quelle sorte d’amour nous aime le Père. Un amour tenace, un amour
durable, un amour éternel. Ce n’est pas l’amour du clinquant, du
spectaculaire. C’est l’amour qui s’enracine au plus profond de
l’histoire de notre humanité, qui parfois peut nous paraitre bien
souterrain et peu visible, mais qui, comme les racines tiennent l’arbre
solidement dans la tempête, nous irrigue et nous maintient. Au moment
de la naissance de Jésus, les juifs étaient en plein doute, en plein
désespoir. Envahis et dominés par les romains, ils avaient perdu la
souveraineté qu’ils croyaient tenir de Dieu lui-même. Ils avaient en
tête la promesse faite par le Seigneur à David, que nous rapporte
Samuel en 1ère lecture « Je fixerai en ce lieu mon peuple Israël, je
l’y planterai, il s’y établira et ne tremblera plus, et les méchants ne
viendront plus l’humilier, comme ils l’ont fait autrefois ». Alors,
forcément, sous le joug de l’empire de Rome, ils ont dû nourrir
quelques doutes en la promesse faite par Dieu à David. Leurs doutes
étaient fondés sur la croyance, qui est aussi parfois la nôtre, en un
Dieu tout puissant et, surtout, très interventionniste, qui viendrait
dans nos quotidiens enlever les cailloux sur nos chemins ; cailloux que
nous plaçons d’ailleurs souvent nous-même par nos ambitions, ou nos
rêves de grandeur. Ils n’ont sans doute pas compris, et nous même
encore aujourd’hui avons du mal à comprendre, que le Fils que Dieu
promet de susciter dans la descendance du grand Roi David n’est pas un
Goliath surpuissant, mais un tout petit bébé fragile, pauvre parmi les
pauvres, né au hasard d’une migration et obligé de fuir et de se cacher
à peine venu au monde.
Et cette naissance hasardeuse, inconfortable, quasi misérable du point
de vue matériel, est justement la Révélation qui vient nous faire
prendre conscience de la grande fidélité de Dieu envers son peuple,
celle du « mystère porté à la connaissance de toutes les nations »,
comme l’écrit Saint Paul dans sa lettre aux romains. Un mystère, ce
n’est pas « quelque chose qu’on ne comprend pas », mais « une chose
qu'on n'a jamais fini de comprendre ». Comment, en effet, comprendre à
priori que la Puissance de notre Dieu s’exprime par l’infinie fragilité
d’une naissance, en pleine nuit, dans une grotte, perdue en pleine
cambrousse. Qu’elle se manifeste par la vie errante d’un vagabond sans
le sou et sans armes, qui se nourrit en picorant les épis d’un champ
qu’il traverse. Qu’elle se révèle, au final, par le supplice de la
croix, la mort infamante du condamné, et la disparition d’un corps que
personne ne sait trop comment expliquer. Il s’agit bien là d’un vrai
mystère qui en a dérouté plus d’un et qui continue à en faire douter
beaucoup. Il nous faut en effet dépasser beaucoup d’idées reçues pour
comprendre que la grandeur de Dieu, de son Amour et de sa fidélité,
c’est justement de nous rejoindre en ce que nous avons de plus petit,
de plus misérable. Dieu, en venant au cœur de notre monde par une
naissance aussi modeste, nous aide à comprendre la révélation de son
Amour : Non pas pour les forts et les puissants, mais pour les plus
petits, les humbles, ceux qui espèrent plus qu’ils n’ambitionnent.
Et cette révélation ne peut toucher que celles et ceux qui font dans
leur vie, comme le fait Marie, une place prépondérante pour la
disponibilité. On l’imagine occupée, Marie, lorsque Gabriel déboule
dans son salon. On l’imagine pleine de rêves, de projets, pour ce
prochain mariage avec Joseph. Et pourtant, elle ne tergiverse pas, elle
n’hésite pas lorsqu’elle répond à l’inimaginable annonce qui lui est
faite « Que tout m’advienne selon ta parole ». Cette disponibilité,
totale, la conduit à accepter, contre toute évidence, que la promesse
de Dieu sera tenue, que le Sauveur tant attendu sera donné au monde par
son aide, l’aide de celle qui accepte, humblement, de se faire servante
du Seigneur.
Alors nous aussi, à l’approche de ce Noël de l’année de la pandémie,
des masques et des confinements, acceptons de nous faire servantes et
servants du Seigneur, soyons fidèles à la promesse de notre baptême,
rendons-nous disponibles à la révélation que Dieu veut faire en chacun
d’entre nous : « Son règne n’aura pas de fin ». Non pas le règne de la
puissance, de la domination, de l’invincibilité. Mais le règne de
l’Amour, de la paix, de la fraternité. C’est cela le mystère de cette
naissance que nous nous apprêtons à fêter. Alors entrons dans la joie
de Noël, et soyons, nous aussi au service de ce règne à venir et en
lequel nous croyons. Regardons vers demain, laissons nous gagner par
l’Espérance, la confiance en la fidélité de notre Dieu. Et, alors, tout
adviendra selon Sa parole.
Amen.
Olivier RABILLOUD, diacre permanent
20 décembre 2020
Les Sorinières (44)
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