Is 61, 1-2a.10-11 / Magnificat / 1Th5, 16-24 / Jn 1, 6-8.19-28
Homélie
du 17/12/2023
3ème
dimanche de l’avent
Frères
et sœurs, « soyez toujours dans la joie » nous dit Saint Paul.
Cette
invitation semble aujourd’hui décalée, alors que la guerre sévit en
Israël et
Palestine, en Ukraine et dans bien d’autres lieux de notre monde. Le
terrorisme
nous menace et tant de personnes n’arrivent même pas à se nourrir chez
nous. Il
suffit d’ouvrir les yeux sur les files de personnes devant les
Restaurants du
cœur, ou au Bignon, près de sainte Bernadette, sur les familles qui
viennent
chercher leur colis de nourriture et de produits d’hygiène distribués
par
l’association Partage Solidarité Orvault ! Quand Saint Paul parle de
joie, il
ne s’agit pas d’un optimisme béat, ni d’une gaité superficielle qui
ferait
abstraction de nos problèmes. Mais il s’agit de la joie profonde de la
communauté des chrétiens et de chacun et chacune de nous en particulier,
joie
qui prend sa source dans la bonne nouvelle et dans une vie fraternelle
habitée
par l’Esprit du Seigneur.
Cet
impératif de Saint Paul « soyez toujours dans la joie »
se
conjugue indissociablement avec trois attitudes chrétiennes
« priez
sans relâche, rendez grâce en toute circonstance » et
« discernez la
valeur de toute chose » avant d’agir.
Prier : Dans un monde où le stress et
l’immédiateté deviennent la règle, prenons le temps de nous arrêter pour
prier,
à la suite de Jésus qui se mettait à l’écart pour prier son Père. Il y a
plusieurs manières de prier. Mais prier c’est toujours cultiver une
relation
avec Dieu. Dans la prière personnelle comme communautaire, nous nous
adressons
au Seigneur : C’est
une
prière, ancrée dans le réel, qui porte notre vie au Seigneur et le
Seigneur
dans nos vies, un temps pour rendre grâce, pour dire
merci à Dieu. C’est alors que nous pouvons remettre les choses à leur
place
dans le tohu-bohu de nos existences.
Discerner : Le temps de la prière, de la mise à
l’écart, nous permet de « discerner
la
valeur de toute chose, » de faire le tri, de garder ce qui est bien
et
d’éloigner le mal. C’est le moyen de vivre en relation avec Jésus, de
nous accorder
à Lui et d’être habité par l’Esprit. Alors « la
joie dont il est question ici,
c’est la joie du cœur, l’espérance pour temps difficiles ; elle se fonde
sur la
présence de Jésus, le Christ, lumière du monde. »(Antoine
Gagnié).
Agir : L’esprit du Seigneur nous pousse à agir : « L’Esprit du
Seigneur est sur moi, dit Le prophète Isaïe, Il m’a envoyé porter la
bonne
nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux
prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté ». Les fruits
de
l’Esprit sont contraires à l’enfermement, au repli sur soi. C’est
l’Eglise « en
sortie » dont nous parle le Pape François, c’est la présence aux
périphéries, en particulier auprès de ceux qui sont au bord de la route,
en ces
temps de Noël : les SDF, les migrants, les isolés… N’importe qui
peut
agir : ce peut être simplement visiter une personne seule ou
malade, faire
un don à une association caritative, être attentif à ses voisins. Nous
avons
tous fait l’expérience que ces rencontres procurent une joie partagée et
ont un
parfum d’évangile.
Jean
le Baptiste, dans l’évangile, est au milieu des
gens qui le suivent,
ses « followers » ;
mais contrairement aux influenceurs, il ne travaille pas pour lui. Il
n’agit
pas pour son compte. Il pointe son doigt vers celui qui vient, vers
celui qui
est la lumière. La lumière est un beau symbole qui accompagne toute
notre vie
de chrétien, au baptême, la lumière est remise aux parrain et marraine
pour le
baptisé, avec mission de l’entretenir ; à Pâques, la lumière du
cierge
pascal est le signe du Christ ressuscité ; à Noël la lumière de
l’étoile guide
les bergers et les mages. Tous ces temps liés à la lumière sont des
temps de
joie. Cela perdure dans notre société laïque : voyez les
illuminations de
Noël. Mais cette lumière peut rester très extérieure, superficielle,
pour
oublier, un temps, les difficultés de la vie. Pour les
chrétiens, l’intime
conviction de la présence du Christ, à nos côtés, tous les jours de
notre vie,
est source d’une joie profonde permettant de faire face aux difficultés
et aux
épreuves de la vie.
Jean-Baptiste,
cet homme choisi par Dieu pour annoncer
la venue du messie se présente comme un témoin, un précurseur, celui qui
montre
le chemin, qui ouvre la voie à Jésus. De ce qu’il dit et de la manière
dont il
s’exprime, nous pouvons retenir trois enseignements qui peuvent nous
inspirer, chrétiens
d’aujourd’hui. Nous sommes aussi des précurseurs dans un monde laïc
déchristianisé.
L’humilité : Jean Baptiste a la responsabilité énorme de présenter celui qui a été
annoncé par les prophètes. Mais il ne se met pas sous les feux de la
rampe pour
annoncer l’arrivée du messie. Il
n’attire
pas vers lui, il dirige les foules qui viennent vers celui qu’il
annonce, et souligne l’écart entre sa propre personne et
Jésus : « Je
ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale ».
Le
témoignage : l’humilité de Jean n’est pas synonyme de repli sur soi, de
frilosité. Il n’a pas peur de répondre aux prêtres et aux lévites qui
viennent
l’interroger. Il sait que sa parole provoque et qu’il risque d’en subir
les
conséquences… Ne sera-t-il pas décapité sur l’ordre d’Hérode ? Il
est martyr,
c’est-à-dire témoin jusqu’au don de sa vie.
L’ouverture : Jean est un précurseur, un ouvreur de chemin. Il faut du courage
pour ouvrir des chemins nouveaux, préparer la voie du Seigneur, tracer
le
chemin, semer des grains d’évangile qui pourront éclore et conduire à la
rencontre de Jésus.
Jean-le
baptiste est pour nous l’icône du disciple
missionnaire. Quand il est à l’écart dans le désert, il prie, il
discerne et
quand la foule vient à sa rencontre, il montre le chemin qui conduit à
Jésus.
A
nous désormais d’orienter ceux que nous côtoyons
vers la lumière du Christ, de rayonner de la joie de l’évangile, d’être
des
témoins d’espérance dans les temps difficiles que nous traversons.
« N’éteignez pas l’Esprit… mais discernez la valeur de toutes
choses, ce
qui est bien, gardez-le. » Notre joie de chrétien se fonde sur la
présence
du Christ aujourd’hui chez nous, lumière du monde, et, sur l’attente du
royaume
de Dieu, royaume de paix, de justice et d’amour. Ensemble, frères et
sœurs,
préparons-nous à Noël dans la joie.
Yves
Michonneau, diacre
Yves MICHONNEAU, diacre permanent
Paroisse Bienheureux Célestin et Michel en Val de Cens
17 décembre 2023