(Dialogue avec les jeunes de l’aumônerie)
En temps ordinaire, l’évangile nous parle de Jésus, et Jésus
nous parle dans l’Évangile.
Mais aujourd’hui, nous ne sommes pas en temps
ordinaire : dans l’Évangile de ce dimanche, il n’y a pas de parole
de
Jésus, mais une voix : la voix d’un prophète, celle de
Jean-Baptiste.
Depuis 3 semaines, nous sommes entrés
dans le temps « extra-ordinaire » de l’Avent,
c’est-à-dire le
temps de l’annonce, le temps de l’attente de l’avènement de Jésus
(Avent/Avènement).
Jésus ne s’est pas encore
révélé aux hommes ; les prophètes l’ont annoncé, les foules et les
grands
prêtres le cherchent. Saint Jean nous dit : il est déjà là
« au
milieu de vous ».
Jésus, qui est la Parole de Dieu, ne parle pas encore, mais
on ne parle que lui et de sa venue : comme on attend une naissance,
une
« bonne nouvelle ».
Et la Liturgie met l’accent sur la joie,
c’est le dimanche de ‘GAUDETE’ :
Dans le MAGNIFICAT, Marie
proclame : « Le Seigneur fit pour moi des
merveilles ! »
« La Bonne nouvelle est annoncée
aux humbles dit le prophète Isaïe, les cœurs brisés sont guéris, les
captifs
sont délivrés ».
Heureux sommes-nous si, dans le désert
de ce monde, nous préparons le chemin du Seigneur. Heureux sommes-nous,
si nous
contribuons à sa venue dans notre entourage, par nos gestes, et nos
paroles au
quotidien.
Même et surtout quand les prophètes de
malheur nous susurrent chaque jour que l’actualité n’est faite que de
larmes,
de conflits, de catastrophe écologique…
Alors, comment entendre
aujourd’hui la recommandation de St Paul aux Thessaloniciens :
« soyez toujours dans la joie ! » ? Comment être messager
de
JOIE dans notre monde ?
Une joie qui n’est pas celle des
guirlandes dans les rues, et des victuailles dans les magasins.
Peut-être
en
rajeunissant notre cœur et en écoutant ce que les jeunes de l’aumônerie
vont
nous dire, ce qui leur donne de la joie dans leur vie :
-
Les jeunes : « Répandre
la joie autour de nous, voir les amis, la famille, passer des bons
moments avec
nos proches, rencontrer des nouvelles personnes, être utile pour les
autres
(jeune sapeur-pompier volontaire, référent à l’internat), rendre les
gens
joyeux, voir les gens heureux, gagner un match de foot en équipe,
avoir de
bonnes notes, être soi-même, être fier de soi, parler aux autres, et
partager »
-MERCI pour votre témoignage !
Je remarque que ce qui vous met principalement en joie, c’est
la RELATION : relation à vos amis, à votre famille…
Et cela rejoint le sens du temps de l’Avent que nous vivons,
puisque DIEU vient instaurer, par Jésus, une relation personnelle avec
l’Humanité,
avec chacun de nous : pas uniquement avec les gens de son époque, il y a
2 000 ans au bord du Jourdain ; mais aussi avec nous
aujourd’hui à
Saint-Herblain en 2023… au bord de la Loire ou de la Chézine. Nous
sommes tous
les contemporains de Jésus qui vient !
C’est cela le sens de Noël : nous ne sommes plus isolés
dans un monde sans espoir, dans un désert sans espérance, car Dieu vient
habiter parmi nous, chez nous, avec nous, et en nous, dans notre étable,
là où
nous sommes établis.
Certes, comme les foules qui venaient à Jean-Baptiste, on ne
voit pas encore JÉSUS avec nos yeux, on se demande qui il est, et quand
il va
venir ? Mais c’est une attente dans l’Espoir et l’Espérance.
Qu’est-ce
qui vous donne de l’Espoir
aujourd’hui ?
Les
jeunes : « Nos
résultats en math, l’Espoir pour les prochaines générations, pour
l’avenir,
« demain il fera beau », profiter de chaque instant avec nos
proches
(et nos lointains ?), communiquer notre joie (…) »
-MERCI !
J’ai retenu aussi de notre échange de la semaine dernière
que, dans l’ESPERANCE, il y a une dimension supérieure à l’ESPOIR, une
dimension spirituelle, qui nous fait voir le présent et l’avenir
autrement,
au-delà des difficultés du présent. Nous en avons la certitude dans la
Foi : DIEU est venu dans notre monde, tout petitement, tout
modestement,
dans une simple étable.
Et il ne s’est pas dérangé du Ciel pour rien : il est
venu pour que le monde soit sauvé.
Sauvé
de quoi ?
Sauvé de l’égoïsme qui nous enferme, de notre petit orgueil
qui est la source de bien des conflits, du repli sur l’étroitesse de nos
jugements, sauvés du « chacun pour soi » qui mène au
désespoir.
Noël est comme une lumière au bout du tunnel. Soyons
attentifs : « au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne
connaissez pas ». Jésus est la lumière, et il ne cherche pas à
nous
éblouir, mais il vient éclairer notre chemin, et notre vie. C’est ça le
vrai
cadeau de Noël !
C’est pour ça que Noël n’est pas une fête d’anniversaire
tournée vers le passé. A l’approche de Noël (dans une semaine !)
nous
sommes vraiment dans un temps extra-ordinaire : il faut le goûter.
Noël est une fête pour le présent. Jésus est un véritable
« présent » dans tous les sens du terme, c’est-à-dire un
cadeau
permanent du Ciel à accueillir ici et maintenant. Il se donne dans
l’eucharistie. Il est déjà chaque jour « au milieu de nous »
même si
notre vie ressemble à une modeste étable, parfois sale et mal
rangée : il
a choisi de venir ici !
Jean Baptiste était le précurseur, l’annonceur de
Jésus ; il dit « je suis le témoin, la petite lampe témoin,
mais pas
la lumière ». Cela veut dire que la Lumière passe à travers
lui :
c’est par son témoignage, et par sa vie qu’il annonce Celui qui va venir
pour
éclairer le monde.
Nous qui sommes baptisés dans l’Esprit, nous pouvons aussi
être des témoins de la Lumière qui vient dans notre monde.
C’est peut-être le plus beau cadeau de Noël que nous pouvons recevoir,
et aussi
OFFRIR à nos proches !
Portons et apportons la petite Lumière vacillante de
Bethléem ! C’est notre mission de prophètes d’aujourd’hui !
Emmanuel MÉRIAUX, diacre permanent
Église
Saint Louis de Montfort (Nantes)
le
17 décembre 2023
Amen !