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Sommaire Avent - année B
2° dimanche de l'Avent

Is 40, 1-5.9-11 / Ps 84 / 1P 3, 8-14 

        Nos contemporains se passent aisément de Dieu, du moins apparemment. Ils sont pour la plupart agnostiques, et ne voient pas quelle place ils pourraient faire à Dieu, prisonniers qu’ils sont d’un emploi du temps prédéterminé par la nécessité d’aller travailler pour gagner sa vie, et par l’autre nécessité de se détendre en allant consommer l’argent gagné soit dans des espaces de loisirs de plus en plus sophistiqués, soit dans des supermarchés qui, bien entendu, doivent ouvrir le dimanche. S’ils ne croient plus en Dieu, nos contemporains ne croient pas davantage dans le pouvoir politique qui n’a aucun moyen de réaliser la croissance promise et d’éviter l’augmentation du chômage. C’est dans ce contexte de désillusion que la voix de Jean-Baptiste, reprenant les paroles d’Isaïe, vient nous réveiller : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. »
        Mais, quels sont les obstacles qui empêchent la venue du Seigneur ? Ce sont les péchés, péchés individuels, et péchés collectifs qui nous privent de liberté et nous empêchent de voir que le Seigneur vient. C’est toute la prédication de Jean, le Baptiste : « Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. » De la même façon qu’Isaïe annonce la fin de la déportation du peuple d’Israël à Babylone, déportation vécue comme l’expiation de son crime, de la même façon, Jean annonce la venue imminente du salut de Dieu. Encore faut-il pouvoir l’entendre, cette Bonne Nouvelle. Tout le temps de l’Avent nous offre l’occasion de raviver notre attente et notre désir de la venue du Seigneur : bonne nouvelle de la venue de Dieu en notre chair, bonne nouvelle du retour du Christ en gloire et du face-à-face désiré, bonne nouvelle de notre réconciliation avec Dieu et d’un salut qui germe dans le silence de notre terre personnelle, en attente de son plein accomplissement. A nous de recevoir cette invitation à la joie, sans oublier que cette joie est paradoxale, comme nous l’enseignent les Béatitudes, et qu’elle est un don de l’Esprit. « La joie de l’Evangile remplit la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ, la joie naît et renaît toujours. » nous dit le pape François au 1er paragraphe de son exhortation Apostolique : La joie de l’Evangile.
        Accueillir la Bonne Nouvelle, ce n’est pas pour autant nous voiler la face sur l’état du monde présent : la lourdeur de nos conditionnements personnels, les dangers écologiques qui menacent notre planète, l’essoufflement de notre civilisation occidentale… N’est-ce pas au contraire, accepter de « cheminer dans la foi et non dans la claire vision » pour y cultiver « l’espérance qui ne déçoit pas » (Rm5) et nous permet d’attendre la réalisation des promesses, même si celles-ci semblent tarder, comme le rappelle Pierre : « Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. » La conversion, c’est toujours l’abandon d’attitudes idolâtres, égoïstes, pour nous tourner vers Dieu qui seul peut réaliser notre bonheur. Comme un berger, il veut rassembler tout son troupeau pour le conduire là où il pourra le consoler, là où il pourra prendre soins de chacun selon ses besoins.
        Prendre soin de chacun, comme un Père qui veut rassembler tous ses enfants autour de lui, en privilégiant d’abord ceux qui manquent de tout. Ceux qui doivent quitter leur pays pour ne pas être victimes de la barbarie et de la guerre, ceux qui doivent aller gagner leur vie ailleurs parce que des multi nationales les ont privés de la terre qui les nourrissaient, ceux dont la tête est mise à prix parce qu’ils ont voulu faire respecter les droits de l’homme face à un pouvoir totalitaire. Le droit de quitter son pays est inscrit dans la Déclaration Universelle de 1948, mais ce droit restera lettre morte tant qu’il ne s’accompagnera pas du droit de s’installer dans un autre pays. Nous devrions relire la lettre aux Hébreux (Ch 11) pour nous souvenir que les premiers patriarches, Abraham, Isaac et Jacob ont été étrangers et voyageurs sur la terre. Et dans sa première lettre, l’Apôtre Pierre nous interpelle : « Je vous le demande, mes amis, en tant qu’étrangers et exilés sur la terre : gardez-vous des désirs humains qui font la guerre à l’âme. » Si notre conversion nous amenait à changer notre regard sur les migrants, nous serions davantage capable d’accueillir cet enfant, né au hasard d’un voyage la nuit de Noël, et qui a été obligé de fuir en Egypte avec ses parents, lui qui nous a dit : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. » Il y a une manière chrétienne d’espérer. Ainsi, nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre passivement que Dieu vienne. Il faut lui préparer la route, dans notre coeur d’abord, et dans notre société en luttant contre les structures de péché, celles qui nous empêchent d’aimer, celles qui entravent la fraternité.
        Nous venons de voir la part active que nous devons prendre à la venue de Dieu dans notre vie. Mais nous le savons bien, nos efforts humains seront vains si Dieu ne met pas la main à la pâte. Jean Baptiste l’annonce aussi avec force : « Moi, le vous ai baptisés dans l’eau, lui, vous baptisera dans l’Esprit Saint ! » Le sacrement, c’est précisément le geste de Dieu répondant à la conversion de l’homme. Et nous savons bien qu’après notre baptême, il y a un second baptême qui porte le nom de « sacrement du pardon ». Là encore, c’est une question de foi…


Jean-Jacques BOURGOIS
St Michel, La Bernerie et Pornic
Le 7 décembre 2014
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