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Sommaire Avent - année B
2° dimanche de l'Avent

Is 40, 1-5.9-11 / Ps 84 / 1P 3, 8-14 

« Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. »
On ne peut pas dire que Saint Marc prend des détours ! Quand d’autres évangélistes, comme Luc ou Mathieu, se livrent à un travail d’archiviste pour remonter la généalogie de Jésus, Marc, lui, nous lance sa conclusion en forme de principe de base : Jésus, le Christ, est Fils de Dieu, et il vient vivre parmi nous !
Et, immédiatement, nous entrons dans l’histoire du Précurseur,  de Jean Baptiste : «A travers le désert, une voix crie »
Et pourquoi crie-t-on ? Pour se faire entendre bien sûr, quand le bruit autour est trop fort et qu’il faut élever le ton pour se faire entendre ; demandez à ceux qui travaillent dans le bâtiment, demandez aux mamans quand ti manmay la est surexcitée et demande sa part !
Mais dans le désert, pourquoi crier ? : il n’y a personne.
Le désert est traditionnellement le lieu de la rencontre avec Dieu, lieu de la marche et de l’alliance du peuple élu après la sortie d’Egypte, lieu de la méditation des « Pères du désert », lieu de solitude, lieu de la purification intérieure.
C’est donc normal d’y rencontrer un ermite, « vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage » ; voici Jean Baptiste qui « parut », du verbe « paraitre », c'est-à-dire qui se présente et se révèle, comme le soleil parait à l’Est, Jean le Baptiste « parut dans le désert » et il attire des foules.
Oui, il est loin, dans les rochers et le sable, dans ce lieu inhabité, à côté du Jourdain, et pourtant on vient le voir de Jérusalem et de toute la Judée et voilà qu’il annonce quelqu’un dont il n’est pas digne de dénouer la courroie des sandales, voici qu’il annonce l’Esprit-Saint !
Nous qui attendons Noël, nous qui attendons de revivre la venue du Seigneur parmi nous, posons nous la question : sommes-nous prêts à le recevoir, à l’accueillir ?
Avons-nous entretenu le temple de notre cœur ? Ou bien, avons nous été tellement affairés par toutes les petites choses de notre vie, que nous avons oublié de faire le ménage, d’allumer une lampe et de faire provision d’huile pour veiller ? Notre cœur a-t-il revêtu les habits de la noce pour recevoir le don et la grâce du Seigneur qui est là, avec nous, depuis toujours et jusqu’à la fin du monde ?
Mais Dieu, dans notre monde qui souffre, on le voit de moins en moins, beaucoup le cherchent. Certains désespèrent.
Il y a des déserts dans lesquels la voix du Seigneur ne semble plus porter, il y a dans nos sociétés d’autres déserts, que l’on n’a pas choisi, dont on voudrait bien sortir. Le désert de la solitude, du chômage, de la maladie, de la violence.
Ce désert du cœur qui fait qu’une embrouille pour une moto se termine par un assassinat au petit matin au pied de la cité; ce désert du cœur dans lequel des jeunes se saoulent tous les week-ends avec des copains, périssent broyés ou handicapés dans des accidents de voiture, parce qu’on roule vite, parce que c’est pas grave de rouler boulé ; ce désert de la solitude et de la misère, quand on voit arriver les grands paquebots qui déversent des touristes heureux et bien nourris à Fort de France, quand, Cour Perinon, sous les arcades, dans le jardin de l’ancienne mairie, ou autour du marché, des hommes et des femmes abrutis de crack et d’alcool, se pissent dessus allongés sur des morceaux de carton ; désert de la misère encore quand des grands-mères, le regard bas qui n’ose croiser le votre, exposent dans les rues quelques maigres produits de leur jardin, tomates, piment, dachine, dont la vente à la sauvette leur permettra de survivre encore.
Jésus que nous attendons, est venu pour nous dire que Dieu est toujours avec nous, surtout dans les pires moments de nos vies : n’a-t-il par ranimé des morts, guéri des lépreux, chassé les démons ? Aujourd’hui il nous appelle à aller dans ces nouveaux déserts que nous avons ouvert, ces déserts du monde moderne dans lesquels la solidarité nationale, l’argent déversé par une lointaine métropole ne suffit plus pour s’en sortir.
Allons dans le désert où le Seigneur nous appelle. Pour faire silence et écouter Dieu qui chuchote car il ne veut pas nous déranger : « je voudrais venir chez toi, je vais frapper à ta porte et nous dinerons ensemble »
Viens Seigneur : je t’attendais !
Gloire à Jésus pour les siècles des siècles.

Gérald PRIVE, diacre permanent.
Eglise SAINT JEAN BAPTISTE
LE VAUCLIN (Martinique)

ti manmay la : les enfants en créole
boulé : ivre (bourré)
Cour Perinon : galerie marchande au cœur de Fort de France
Dachine : tubercule farineux, son goût ressemble à celui de la patate douce

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