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Sommaire Avent - année B
2° dimanche de l'Avent

Is 40, 1-5.9-11 / Ps 84 / 1P 3, 8-14  / Mc 1, 1-8


« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers… »  C’est avec le rappel de cette prophétie du livre d’Isaïe que St Marc fait démarrer son évangile. L’évangile de St Marc, qui nous servira de fil rouge de dimanche en dimanche tout au long de cette année liturgique B.

St Marc nous rappelle donc, dès les tout premiers mots de son Évangile, la prophétie d’Isaïe, que nous avons entendue dans la première lecture : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers… » C’est cette prophétie que, d’après Saint Marc, Jean-Baptiste vient réactualiser pour annoncer la venue imminente du Sauveur, le  Messie, ce Jésus qu’il baptisera dès le verset suivant.

Et cette prophétie, que dit-elle ? Nous venons de l’entendre, elle nous demande simplement de préparer le chemin du Seigneur. C’est ce que fait Jean-Baptiste, et c’est ce qu’il nous faut faire, nous aussi. 

Les autres lectures de ce jour nous disent d’ailleurs la même chose, avec d’autres mots. Le psaume 84 nous tourne vers un avenir attendu, promis, nous maintient dans l’espérance, tendus vers ce jour de Dieu : « son salut est proche » ; « Le Seigneur donnera ses bienfaits »… Et la deuxième lettre de St Pierre nous dit : «  Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. »

« Ce que nous attendons… » Car nous ne pouvons qu’attendre que se réalise cette promesse de Dieu, l’avènement de son Royaume. Royaume qui n’est pas de ce monde, comme Jésus le rappelle à Pilate lors de son procès. Et c’est Dieu lui-même qui le fera advenir. 

À une certaine époque pas si lointaine, on a pourtant pu être tenté de croire que c’était aux hommes de construire le Royaume de Dieu sur terre. Certains ont pu penser alors que notre mission de chrétien était de bâtir sur terre, ici et maintenant, le Royaume de Dieu. Et que si on se mettait tous au travail, le Royaume de Dieu serait bientôt une réalité sur la terre. Bâtir un monde meilleur, oui ! mais le Royaume de Dieu, c'est une autre affaire ! Il y avait même un cantique dans les années 70 : « l’effort de tous les hommes fait du monde la maison de Dieu ». C’est l’homme qui bâtit la maison, le Royaume, et il y invite gentiment Dieu. En réalité, c’est tout le contraire du message de l’Évangile, et celui de l’apôtre Pierre dans sa deuxième lettre. 

L’apôtre Pierre, qui écrit :  « Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper. » Si tout doit disparaître, « avec tout ce qu’on a fait ici-bas », c’est bien que le Royaume de Dieu, construit sur la terre par l’homme avec ses petits bras et sa bonne volonté - et aussi pas mal d’orgueil - est une vaine illusion. Non, le message des Écritures, c’est que Dieu fera advenir « un ciel nouveau et une terre nouvelle ». C’est Dieu qui est l’acteur, l’auteur, le réalisateur. Et ce qu’il fera sera nouveau, dans un ciel nouveau et sur une terre nouvelle, dans une vie nouvelle. Nouveau, c’est-à-dire encore jamais vu, jamais imaginé, totalement inconnu et inconnaissable. Cette vie nouvelle, c’est ce qu’on appelle aussi le Salut, qui est l'oeuvre de Dieu. Le Salut, c’est un don de Dieu, pas une conquête humaine. Bref, c’est Dieu qui a institué son Royaume, et, par amour, il y invite l’homme ; et non pas le contraire ! C’est pourquoi aujourd’hui nous chantons plutôt : « Notre cité se trouve dans les cieux », ce qui exprime plus justement le message évangélique. Il nous faut juste assez d’humilité pour accueillir de Dieu cette invitation à prendre, dans son Royaume, la place que lui-même nous a préparée.

Alors, nous n’avons rien à faire ? juste attendre ? Non, bien-sûr, Dieu ne nous demande pas d’être passifs. Les textes bibliques nous invitent avec insistance à « préparer le chemin du Seigneur ». Mais préparer, ça veut dire quoi ? Que devons-nous faire ?

Dimanche dernier, les textes de la liturgie nous rappelaient la nécessité de veiller. Veiller, c’est déjà autre chose qu’attendre passivement. Veiller, c’est rester actif. C’est préparer en se tenant prêt, c’est se préparer. Se préparer ? mais comment ?

Si on reprend la deuxième lettre de Pierre que nous avons entendu tout-à-l’heure, on peut trouver un début de réponse  : « vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez, vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu. » Eh bien, voilà ce que nous devons faire : vivre dans la sainteté et la piété. En d‘autres termes : nous devons nous efforcer de vivre les cinq essentiels de la vie chrétienne ! vivre pleinement la fraternité ; pratiquer assidûment la prière, cette conversation de coeur à coeur avec Dieu ; se mettre au service de ceux qui en ont besoin ; se former pour mieux connaître Dieu ; évangéliser pour le faire connaître à tous. Voilà cinq attitudes fondamentales qui, si on les équilibre toutes ensemble dans nos vies, nous prédisposent à accueillir le salut, à devenir des veilleurs, et donc à préparer le chemin du Seigneur comme il nous l’est demandé.

Ce jour de Dieu, il va venir comme promis, soyons-en sûrs. Mais quand ? Quand verrons-nous l’avènement du jour de Dieu ? L’apôtre Pierre nous dit encore dans sa lettre : « vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu ». Hâter son avènement peut nous paraitre inconcevable. Qui sommes-nous pour agir sur le temps, sur la volonté de Dieu qui reviendra quand il l’a prévu, de toute éternité ?

Saint Pierre nous rappelle ici combien nous sommes limités et combien Dieu, lui, ne l’est pas ! « pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. » L’avènement du jour de Dieu, c’est l’affaire de Dieu et de Dieu seul ! Même Jésus dit à ses disciples à plusieurs reprises que lui-même ne sait pas quand viendra le jour de Dieu. Seul le Père le sait, nous dit-il. En tout cas pour nous, à notre échelle, ce sera ce qu’on appelle la fin des temps. Donc a priori, c’est pas demain la veille ! 

C’est pourquoi, chaque année, nous célébrons ce temps de l’Avent, ce temps tourné vers l’avènement du Jour de Dieu, qui doit advenir. C’est ce que signifie le mot Avent, adventus : la venue, l’avènement. Ce temps a été choisi dans la partie de l’année où les nuits sont de plus en plus longues, jusqu’à ce moment de bascule, fin décembre, où la lumière commencera enfin à reprendre le dessus, petit à petit, jour après jour, pour accompagner notre espérance. Alors, frères et soeurs, continuons notre marche, même si la nuit nous semble encore bien longue, dans l’espérance de ce jour de Dieu qui fera toute chose nouvelle, dans « un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. »

Amen !


Daniel BICHET, diacre permanent

Gorges, Monnières et Clisson

le 10 décembre 2023


 

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