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retour vers l'accueil2° dimanche de l'Avent
homélie du 8 décembre 2002
Pour
ce temps d’approfondissement de la Parole de Dieu donnée pour la
liturgie de ce jour, je retiendrai deux phrases, deux idées qui sont
contenues à la fois dans la première lecture et dans l’évangile.
La
première, c’est : « Dans le désert, une voix crie :
Préparez le chemin du Seigneur ! » et la seconde :
« Le Seigneur vient, il vient avec puissance. »
« A
travers le désert, préparez le chemin du Seigneur ! »
C ‘est le prophète Isaïe qui lançait ce message aux juifs retenus
en exil sur une terre étrangère. C’était au 6e siècle avant la venue du
Messie. Il leur annonçait leur délivrance prochaine. Ils allaient
bientôt pouvoir, en traversant le désert, rentrer à Jérusalem.
Le
désert, un lieu de solitude, un lieu où l’on peut se perdre et mourir
de faim et de soif. Mais ce désert où l’homme risque de se perdre,
ce n’est pas seulement un lieu géographique. C’est aussi le désert là
où il y a manque d’humanité. C’est le désert pour ceux et celles qui
souffrent de la solitude, également pour toutes les victimes de
l’égoïsme, de la violence et de l’indifférence. On peut vivre les uns à
côté des autres et s’ignorer complètement. C’est le désert pour tous
ceux, hommes, femmes et enfants qui ne sont pas respectés dans leur
dignité, pour ceux et celles qui sont laissés de côté. Ils se
retrouvent seuls dans un monde qui ne s’intéresse pas à eux. Et dans
notre monde où les moyens de communication sont plus performants que
jamais, on peut paradoxalement être en communication avec le monde
entier et ignorer son voisin le plus proche.
Dans ce désert, Dieu
semble également absent ou du moins beaucoup s’en passent très
facilement même s’ils ont conservé quelques gestes religieux.
Mais
en même temps, nous assistons à un retour du religieux qui, même s’il
est ambigu, n’en révèle pas moins un réel désir de Dieu ou de
spirituel.
Or Dieu ne demande qu’à nous rejoindre. C’est la bonne
nouvelle que nous annonce l’évangile de Marc. Dans le désert de nos
existences, il nous faut faire un chemin qui permettra au Seigneur de
nous rejoindre.
Préparer le chemin du Seigneur, c’est un gros
chantier. L’Evangile parle de ravins à combler, de montagnes à
abaisser, de passages tortueux à redresser. Comprenons bien que c’est
de notre vie qu’il s’agit. Préparez le chemin du Seigneur, c’est à la
fois travailler à créer un monde plus juste et plus fraternel et
laisser le Seigneur agir en nous. Le travail le plus important, c’est
lui qui le fait. IL nous demande de préparer le terrain pour que sa
parole soit accueillie mais c’est lui qui en assure la croissance.
Notre mission de baptisés, c’est de témoigner par notre parole et toute
notre vie. La conversion, c’est l’affaire de Dieu qui agit dans le cœur
de chacun.
Dans la première lecture, le prophète Isaïe proclame
: « Voici votre Dieu, Voici le Seigneur Dieu : il vient avec
puissance ! »
Et Jean-Baptiste, plus de cinq siècles
après Isaïe nous dit avec force que Jésus est celui qu’annonçait le
prophète « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant
que moi. »
Dans toutes les religions, la puissance est un
attribut de la divinité. Et, dans quelques minutes nous proclamerons
notre foi en disant : « Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. »
Pour nous, le
mot « puissance » est piégé. On sait malheureusement que
rares sont les souverains qui savent concilier la puissance, le pouvoir
avec la justice et l’amour. L’histoire des civilisations regorge de
potentats autoritaires et capricieux, de dictateurs en tous genres.
Lorsque
nous évoquons la toute-puissance de Dieu, elle n’est pas de cet ordre.
Certes, le vrai Dieu n’est pas faiblesse, il n’est pas impuissance. Son
nom est bien le Fort, le Rocher. Mais sa toute-puissance est celle de
l’amour, non celle de la crainte et de l’intimidation. Le prophète
Isaïe nous dit : « Comme un berger, il conduit son
troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son
cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits. »
Jésus
reprendra à son compte cette image : « Je suis le bon berger,
je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Oui, la puissance
de Dieu, c’est l’amour. Jésus, à la veille de mourir, veut laisser aux
apôtres, à ses amis, un souvenir fidèle de ce qu’il est. Il se met à
genoux et s’abaisse devant eux comme un serviteur.
Un Dieu qui se
fait petit enfant, qui vient partager notre condition humaine, qui
donne sa vie pour nous est bien un Dieu tout-puissant en amour, un Dieu
qui appelle à la tendresse et invite au partage.
Nous nous
préparons à fêter, comme chaque année, la venue du Christ. Dans la foi,
nous disons qu’il vit déjà au milieu de nous, qu’il est présent parmi
nous, en nous. Nous le redisons à chaque eucharistie.
Alors,
pourquoi fêter Noël, pourquoi préparer Noël chaque année ? Nous
avons vu qu’entre la prophétie d’Isaïe et la naissance de Jésus, il
s’était écoulé plus de cinq siècles. Il a fallu que grandisse au sein
du peuple juif éprouvé le désir de changer son cœur et d’attendre un
sauveur, un Messie. Dieu est patient et pour lui, nous dit l’apôtre
Pierre dans la seconde lecture, « un jour est comme mille ans et
mille ans sont comme un seul jour. »
En fêtant Noël, nous nous mettons dans les mêmes dispositions d’esprit que le peuple juif dans l’attente du Messie.
La
préparation de Noël, dans sa dimension festive, familiale, commerciale,
mobilise beaucoup de monde. Comme cela se fait depuis plusieurs années,
mais avec encore plus d’enthousiasme, je constate que la plupart de mes
voisins, dans la rue où j’habite, à la Bugallière, ont pris du temps
pour décorer leur maison et, la nuit, la rue est toute illuminée. C’est
joli et je pense sincèrement que cela traduit une attente plus ou moins
consciente. La référence à la venue de Dieu dans notre histoire est le
plus souvent absente mais la recherche de bonheur partagé est
manifeste. L’an dernier tous les « illuminés » se sont
retrouvés pour une soirée festive qui fut bien sympathique.
Comment annoncer à nos contemporains cette « Bonne Nouvelle » de Noël ?
Saint
Paul disait aux chrétiens de Corinthe : « Vous êtes les
membres d’un corps dont le Christ est la tête. » Le Christ qui vit
déjà en nous, ne peut venir que par nous. Nous devons donc le
re-présenter, le rendre présent à nos frères, inventer des chemins de
vie fraternelle, de paix et de justice, de service des plus démunis,
ceci dans l’attente du Jour où il reviendra définitivement.
En
conclusion, permettez-moi de reprendre un passage de la seconde lecture
qui doit nourrir notre foi, notre espérance et notre amour :
« Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un
ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. Dans
l’attente de ce jour, frères bien-aimés, faites donc tout pour que le
Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix. »
André ROUL, Diacre permanent.
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