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Fête du CHRIST, ROI DE L'UNIVERS
      

       Dn 7, 13-14 ; Ps 92, 1abc, 1d-2, 5 ; Ap 1, 5-8 ; Jn 18, 33-37

        En ce dernier dimanche de l'année liturgique, l'église nous invite a célébrer le Christ, Roi de l'Univers. Ce terme de roi paraît désuet, incongru, anachronique dans notre société républicaine « liberté, égalité, fraternité ». Mais que met-ont derrière ce petit mot ? Le roi, pour beaucoup, c'est une personne puissante, s'appuyant sur la force de son armée pour affirmer son autorité, son pouvoir. C'est ce qu'attend Pilate quand on lui annonce que Jésus, le roi des juifs, va lui être livré. Quand il lui parle de sa royauté Jésus lui répond que –si royauté il y a- cette royauté n'est pas de ce monde sans arme, ni violence ni domination. Qu'il n'est venu que pour rendre témoignage à la vérité. Alors qu'elle est cette vérité ? C'est que Dieu est amour. Il n'est qu'amour. Et sa parole faite chair, c'est Dieu fait homme… dans la vulnérabilité d'un nouveau-né, dans les souffrances du crucifié, dans l'accueil des exclus, dans l'attitude profonde du serviteur, à genoux au pied de ses apôtres pour signifier que l'amour n'a pas de limite et que le rôle du roi est d'abord d'être au service de ceux qui compte sur lui. Maurice Zundel écrivait « c'est dans son aspect de pauvreté absolue, de dépouillements infini et radical que s'affirme la divinité de Jésus ». A l'inverse de ce que les juifs attendaient et de ce que les disciples espéraient… à l'opposé de ce que les grands prêtres redoutaient et de ce que Pilate pensait…bien loin de ce que l'on aurait pu imaginer. La royauté étonnante, inouïe, paradoxale, de Jésus, c'est Dieu qui se présente par la petite porte de l'humanité et Il frappe délicatement la porte de service, celle du cœur. En Jésus, Dieu ne s’impose pas, il se propose et se laisse inviter comme un ami assoiffé de nous.

        Si la fête du Christ Roi de l'Univers, est une solennité, une fête solennelle, elle reste pour beaucoup un Mystère. En premier lieu, celui du Christ, un Christ présent dès le début du monde "Moi, je suis l'Alpha et l'Oméga, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l'Univers" rapporte Saint Jean dans l'Apocalypse. Celui pour qui le monde est créé « tout est créé pour lui et par lui » dira à Saint-Paul aux Colossiens. Ce Mystère nous appelle tous à nous tourner vers notre avenir, notre Espérance, notre destination finale quand le Christ, ce fils aimant, viendra remettre toutes choses au Père et que « Dieu sera tout en tous » écrit saint Paul aux Corinthiens. Cette dimension souveraine, cette transcendance du Chris, présent dès l'origine des choses, apportant au Père ceux qui lui ont été confiés avec toute la création, s'inscrit et résonne fortement dans la dernière encyclique de notre pape "Laudato Si". Encyclique dont nous avons parlé vendredi.
Nous sommes liés, reliés intimement et profondément, à la création et à notre maison commune. Il est de notre responsabilité de l'entretenir, de la protéger, de la sauvegarde en prenant conscience que si nous n'en sommes pas les propriétaires nous avons une réelle responsabilité envers toute la création et en particulier envers nos frères et sœurs les plus pauvres, les plus défavorisés, les plus fragiles, ceux qui souffrent, ceux qui doutent, ceux qui n'osent même plus parler.

        Cette fête du Christ Roi rappelle avec force que nous appartenons, en pleine liberté, au Christ, qu'il est la tête et que nous sommes son corps, et c'est ce que dit Jésus à Pilate « tout homme qui appartient à la vérité, écoute ma voix. » La Parole, la voix et la vérité d'un Dieu d'amour dont nous sommes les enfants. Si nous sommes dans ce monde ce n'est pas pour en profiter au sens consumériste, pas pour l'exploiter outrageusement ni pour détourner les biens à nos profits… mais pour faire advenir cette royauté d'amour, de tendresse, de bonté, de fraternité et de paix dont Jésus nous a montré les prémices.
        Le Christ est présent dans l'autre, cet autre parfois si différent et pourtant comme moi créé et à la ressemblance de Dieu. Cela donne à chaque personne une infinie dignité celle d'être enfants de ce Père tendre et aimant. Enfant et héritier de son Esprit mais aussi de toute la création que nous sommes appelés à contempler, à faire grandir dans un respect réciproque pour son bien, pour le bien et le bonheur de tous. Ainsi, nourris et convertis par l'amour et la miséricorde de Dieu, nous pouvons tisser et restaurer les relations qui nous unissent à tout ce qui compose notre maison commune en retrouvant l'harmonie indispensable à l'instauration d'un royaume où la plénitude du Christ, Roi mais aussi ressuscité, nous fera vivre, avec notre Père dans l'Esprit, de son amour. C'est Lui, l'Unique qui a donné, qui donne et donnera à toute chose sa lumière, sa grandeur et sa vérité.

        Le Christ, Roi de l'Univers, à la fois créateur et nourrisson, sauveur compatissant et serviteur, nous révèle la vraie mission du chrétien : celle de l'enfant confiant appelé à aimer son père et ses frères et à servir dans la simplicité et l'humilité pour que le monde sache que toute créature est aimée, qu'elle est une parcelle de l'amour de Dieu pour ce monde et que chaque humain appelé à vivre et à rayonner de la plénitude de son amour. Partageons et faisons grandir ensemble, cet amour toujours offert en nous souvenant de la parole de saint Jean de la Croix « au soir de la vie, c'est sur l'amour que tu seras jugé».

Patrick DOUEZ, diacre permanent
22 novembre 2015

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