Année B
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retour vers l'accueilFête du CHRIST, ROI DE L'UNIVERS
Dn 7, 13-14 ; Ps 92, 1abc, 1d-2, 5 ; Ap 1, 5-8 ; Jn 18, 33-37
C’est l’effroi qui nous a tous envahi ce vendredi 13; et nous venons de
vivre une semaine forte d’émotion et de compassion, de tristesse et de
pleurs, sans doute de rage et d’incompréhension face à l’innommable,
l’horreur de ce massacre et nous n’oublierons pas ces femmes et ces
hommes, ces visages de jeunes plein de vie, nous n’oublierons pas
ces vies fauchées, brisées sauvagement, absurdement. Mais nos vies, la
VIE, continuent , gardons allumé dans nos mémoires une bougie pour
chacun… Mais nous venons de vivre aussi une semaine forte en unité et
en gestes de solidarité de toute sorte. Pour nous chrétiens ce drame
est un appel à nous rendre encore plus proche de la souffrance de nos
compatriotes et d’être témoin de l’espérance qui nous habite. Si l’on
explique difficilement l’irrationnel de la haine, ça rend encore plus
urgent de mettre toutes nos forces à apporter une réponse d’amour dans
cet océan de haine, à renforcer l’engagement dans la solidarité
quotidienne. Souvenez-vous de l’histoire rapporté dimanche dernier par
notre évêque le Père James : les 2 loups en chacun de nous, loup de la
haine, loup de l’amour et le petit garçon demandant à ce vieil indien
lequel sera le gagnant ? et lui répondre « celui que tu nourris »
Aujourd’hui on est invité à relier tout cela au Christ Roi de
l’univers, mais quelle étrange royauté ! « Ma royauté ne vient
pas de ce monde » roi bafoué, humilié. Non Jésus ne ressemble vraiment
pas aux rois de la terre avec leur puissance et leur luxe quand il naît
dans une mangeoire, quand il travaille le bois dans l’atelier de
Nazareth et vit de manière très simple, quand il touche les lépreux et
fréquente les pécheurs. L’Evangile ne nous montre pas un Jésus
triomphant mais agonisant. Curieux ? Le Royaume décrit dans les
Béatitudes, dont nous parle Jésus, n’a pas grand chose à voir avec les
paillettes des palais des princes de ce monde. Jésus c’est tout le
contraire : un Christ humilié, abandonné, tourné en dérision,
impuissant devant la méchanceté des hommes. C’est à pied, sans armée
mais suivi par des amis, qu’il traverse son pays la Palestine ; Quand
il arrive à Jérusalem, pas de cortège somptueux, il est assis sur le
dos d’un petit âne ;il ne se fait pas servir, il se met à genoux pour
laver les pieds de ses disciples ; au lieu d’une couronne d’or, c’est
une couronne d’épines que les soldats lui posent sur la tête.
Est-ce que ça voudrait dire que c’est là sur la croix que nous est révélé son étonnante dignité ?
sur la croix que Jésus nous révèle son amour
sur la croix que Jésus est pardon
sur la croix que Jésus est confiance
En quoi consiste donc cette royauté ? C’est celle de la vérité
Son royaume se reconnaît à ses paroles qui dérangent, à ses gestes pour
accueillir les pauvres et guérir ceux qui sont blessés, à ses mots pour
dénoncer ce qui n’est pas juste, ce qui est violent et contraire à la
paix et au respect de chacun quelqu’il soit.
Quand Jésus parle de ceux qui écoutent sa voix, ça ne vous fait pas
penser en même temps à ce bon Pasteur : « mes brebis écoutent ma voix,
je les connais et elles me suivent ». telle est la nature de la royauté
de Jésus : une relation d’autorité mais fondée sur la confiance et
l’amour, comme celle qui unit les brebis et leur pasteur, soucieux de
leur bien-être.
Chez Jean, Jésus n’est pas le juge, ni celui qui condamne, il est celui
qui propose d’entrer dans une attitude d’écoute. Mais Jésus est aussi
celui qui laisse libre d’entendre ou de ne pas entendre, de participer
ou de ne pas participer à la vérité. Pilate est la vivante illustration
de ce choix : la faiblesse de Pilate ou la force de la vérité ! !
Fêter et honorer aujourd’hui ce roi là « Roi de l’univers » c’est donc
écouter sa voix, c’est conformer notre vie personnelle, familiale,
professionnelle, sociale, collective à la vérité… à la manière même de
Jésus qui n’est pas venu pour « se » servir lui-même mais pour servir,
n’être que l’humble témoin d’un Autre, témoin de la vérité de Dieu.
Dans nos vies c’est aussi notre mission de témoigner de la vérité avec
une fidélité sans faille.
Alors comment est-ce que je contribue concrètement au règne de ce roi
là ? et non pas à tous ces rois de pacotille : l’argent, le confort, la
vie superficielle, la puissance et la domination, le succès mondain… ou
la violence et la barbarie !!
L’Evangile nous a habitués à ce que les actes de foi les plus
sincères et les plus justes viennent des gens qui ne sont pas juifs :
une samaritaine, le centurion, un larron... Ça nous dit que Jésus
s’adresse à tout homme du plus saint avec ses zones d’ombre jusqu’au
plus misérable qui, malgré les apparences a ses zones de lumière… un
appel vibrant à donner la parole et une place aux plus pauvres dans nos
communautés de chrétiens aux jeunes en mal être, qui manquent d’amour
et de reconnaissance… et se laissent manipuler.
Suis-je capable, pour la vérité de Dieu, de mettre le prix ? Nous ne
devons pas nous arrêter de vivre, de VIVRE ENSEMBLE, nous ne devons pas
nous arrêter d’agir, d’entreprendre, d’aimer… la vraie noblesse, la
royauté, se cachent dans le service…
Ne cédons pas à la terreur et à la peur. Pour continuer à vivre avec
courage, détermination, résistance… Ne faut-il pas d’abord nous
interroger sur les causes de ces actes et cette radicalisation ?
Pourquoi et comment en arriver là ? Misère et désespérance atteignent
les plus fragiles, les plus démunis, les jeunes sans perspectives
d’avenir qui ne se retrouve pas dans le monde qu’on leur offre. Les
solutions existent mais il faut du courage et encore du courage !!
Au moment de clore cette année liturgique et avant la Cop21 je vous
propose d’écouter ce que dit François notre pape dans l’encyclique «
Laudato si » :
« …une vision de la nature uniquement comme objet de profit et
d’intérêt cela a de sérieuses conséquences sur la société. La vision
qui consolide l’arbitraire du plus fort a favorisé d’immenses
inégalités, injustices et violences pour la plus grande partie de
l’humanité, parce que les ressources finissent par appartenir au
premier qui arrive ou qui a le plus de pouvoir : le gagnant emporte
tout. L’idéal de justice, de fraternité et de paix que propose Jésus
est aux antipodes d’un pareil modèle… « les chefs des nations dominent
sur ces ressources en maîtres et les grands font sentir leur pouvoir.
Il n‘en doit pas être ainsi parmi vous : au contraire celui qui voudra
devenir grand parmi vous sera votre serviteur »
Pour conclure je laisse la parole à Maïlys, cette jeune de la J.O.C. à
St Denis qui terminait son témoignage (La Croix du 20/11) en disant : «
…. Il est important de ne pas demeurer cloîtré. Puisque la jeunesse, la
joie, le bonheur d’être ensemble et la convivialité ont été frappés au
cœu,r nous devons opposer… une envie de vivre et de bâtir plus forte
que jamais !! »
François CORBINEAU, diacre permanent
22 novembre 2015
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