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Fête du CHRIST, ROI DE L'UNIVERS
      

Dn 7, 13-14 ; Ps 92, 1abc, 1d-2, 5 ; Ap 1, 5-8 ; Jn 18, 33-37


« Fête du Christ-Roi » c’est un peu baroque, non ?

On connait le Roi d’Angleterre « God save the King ! », le Roi du Maroc, le Roi des Belges, et aussi : le roi du rock n’roll (the King !), le roi des animaux, la reine des neiges, la Reine de Saba …on pourrait continuer longtemps la liste des rois et des reines de ce monde !

Ils inspirent l’admiration, le respect, ou la crainte, et ils induisent une certaine distance avec nous. Une distance, une séparation, ils paraissent inaccessibles au commun des mortels, peut-être à cause du pouvoir qu’ils exercent. On n’imagine pas de familiarité avec eux. Et eux, certainement pas non plus avec nous. Nous ne sommes pas du même monde.

Pour Jésus, il en est tout autrement. Lui qui est Dieu, il s’est fait homme pour être proche de nous, et pour que nous soyons proches de lui. Comme un Roi de cœur !

Pourquoi la Liturgie de ce dimanche nous dit-elle qu’il est ‘Christ-Roi de l’Univers’.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Et qu’est-ce qu’il a dit de lui-même à ce sujet ?

C’est ce que je vous propose de regarder ensemble : Comment Jésus est-il Roi dans l’évangile ? Et comment est-il Roi dans notre vie ?

1)   Est-ce que Jésus se présente lui-même comme un Roi dans tout l’évangile ?

La réponse est NON, ce sont plutôt les autres qui veulent le faire Roi.

A Noël, nous allons rencontrer les Rois mages venus d’Orient en apportant l’or pour reconnaitre que Jésus, cet enfant, est roi ; mais Jésus est bien trop petit pour revendiquer ce titre ; il est un roi muet, pauvre, et nu.

Juste après la multiplication des pains, l’évangile nous dit : « alors Jésus, se rendant compte qu’ils allaient venir s’emparer de lui pour le faire roi, s’enfuit à nouveau dans la montagne, lui seul. » Jésus n’accepte pas cette royauté-là.

Dans l’épisode des Rameaux, quand Jésus entre à Jérusalem, il va révéler sa royauté d’une manière différente de ce que pouvait imaginer la foule ; un roi monté sur un petit âne. Il n’est pas le roi des puissants, des chars et des cavaliers. C’est un roi doux et humble.

À Pilate qui l’interroge (dans notre Evangile de ce dimanche) : « Es-tu le roi des Juifs ? », il précise : « Ma royauté n’est pas de ce monde. » Je suis venu « rendre témoignage à la vérité ».

Mais alors en quoi consiste cette royauté, en quel sens Jésus est-il le Christ-roi ?

L'évangéliste Jean nous fait percevoir l'aspect paradoxal de cette royauté du Christ, en présentant les événements de la Passion comme un cérémonial d'investiture.

C’est au cours de la Passion que va être révélé ce que signifie la royauté de Jésus. Tous les adversaires de Jésus le proclament Roi : ils lui mettent la couronne d’épines, ils lui mettent un manteau de pourpre. Pilate écrit sur la Croix « Roi des juifs » Un roi nu à la naissance et nu à la mort.

En se laissant hisser sur la croix, il inaugure le royaume de Dieu : le Royaume de Dieu se révèle pleinement au moment de la mort de Jésus.

La royauté de Jésus, c’est de faire régner la loi du Royaume de Dieu, la loi de l’amour. Jésus, en livrant sa vie et en pardonnant à ses bourreaux, en répondant à la haine par l’amour jusqu’à l’extrême, rassemble tous ceux qui veulent bien écouter sa voix, dans le royaume de Dieu.

Vous allez me dire : « C’est étrange, un roi perdant, un roi souffrant, un roi crucifié. N’est-ce pas contradictoire ? Cette faiblesse face au mal, c’est difficile à accepter ! »

Oui clairement, il y a deux sortes de rois : la royauté humaine (celle d’Hérode, celle de César, ou des hommes de pouvoir quels qu’ils soient) risque toujours de verser dans le pouvoir personnel, qui est source de violence. Jésus seul est le roi véritable parce qu’il qui fait régner la paix. Il est le serviteur, le Roi berger qui donne sa vie pour ses brebis. C’est la vraie force, la vraie autorité.

Ça c’est une réponse théologique à la question de Jésus-Roi de l’Univers.

2)   Pour nous aujourd’hui, la question à laquelle nous sommes renvoyés encore aujourd’hui est : « qui est mon roi ? » Est-ce que je cherche un Roi pour me nourrir, pour me défendre des autres, pour écraser mes ennemis, pour servir mes intérêts ?

Je suis face à un choix chaque jour de ma vie.

Je peux choisir de vivre dans la logique des rois de ce monde, et de mes tyrans intérieurs, avec les fruits amers de cette logique : la jalousie, les conflits, la violence, et donc la mort au bout…

Ou je peux refuser cette logique du monde et choisir de vivre selon une autre logique, dans le royaume de Dieu. Choisir de laisser Dieu régner de plus en plus dans ma vie, en optant pour la logique du royaume de Dieu qui est l’amour.

Vous allez me dire : « Tu rêves ! le refus de dominer, d’écraser les autres, d’avoir toujours raison, C’est un chemin qui parait très difficile ! »

Non, ce n’est pas très difficile, c’est IMPOSSIBLE ! Totalement impossible.

A partir de moi-même, ce n’est pas difficile, c’est impossible. Jésus l’a dit : « hors de moi, vous ne pouvez rien faire ». Mais, si dans ma liberté, je remets au Christ le gouvernail de ma vie, ça fait la vie des saints. Pour cela, il faut essayer, au jour le jour, de lui laisser le pouvoir, le Christ Roi.

Jésus n’est pas un roi qui veut régner SUR nous, mais qui veut régner EN NOUS, dans notre cœur. Il nous libère du mal et des ombres du mal qui veulent nous asservir : la jalousie, l’orgueil, l’égoïsme, le « chacun pour moi » …

Le Royaume de Dieu n'est pas habité par des sujets ni des soldats, mais par des fils. Nous sommes les petits princes et les princesses du Royaume de Dieu, héritiers du Royaume.

Donc, nous participons nous-même à cette royauté, et nous sommes appelés à “régner” autour de nous avec le Christ. Ça veut dire que nous sommes appelés à faire régner en nous, et aussi autour de nous : la paix, le pardon, la fraternité, la solidarité, la bienveillance, et tout ce qui conduit à la vie.

Alors vraiment, nous comprendrons comment le Christ est Roi de l’Univers,

Et en cette fête du Christ Roi qui clôt l'année liturgique, nous pourrons prier ensemble tout à l’heure Notre Père pour : « Que ton règne vienne ! »

 Amen



Emmanuel MÉRIAUX, diacre permanent,

Paroisse Saint Louis de Montfort (Nantes)

24 novembre 2024

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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