Année B
Sommaire année B
retour vers l'accueil
Fête du CHRIST, ROI DE L'UNIVERS
      

       Dn 7, 13-14 ; Ps 92, 1abc, 1d-2, 5 ; Ap 1, 5-8 ; Jn 18, 33-37

          Aujourd’hui, nous célébrons donc la fête du « Christ, roi de l’univers ». Pour terminer l’année liturgique, l’Église propose à notre méditation ce grand mystère : le Christ, le Fils de Dieu, est roi.

        Nous savons bien ce qu’est un roi. Nous en avons des exemples chez nos voisins d’Europe du Nord : la Belgique, les Pays Bas, pratiquement tous les pays scandinaves, le Royaume Uni… Notre pays lui-même a été gouverné par un roi pendant de nombreux siècles.
        Le roi, c’est aussi un personnage récurrent dans les contes qui ont bercé notre enfance : « il était une fois un roi… »
        Oui, le roi, on sait bien ce que c’est. L’image que nous nous faisons d’un roi n’a rien de bien mystérieux, en fait. Mais quand on dit que le Christ est roi, de quel genre de roi parle-t-on ? c’est ici que l’on touche au mystère.

        Les faits et gestes, les paroles de Jésus de Nazareth n’ont rien qui nous permettent de penser qu’il est roi. On peut lui attribuer bien des qualités : Pour les uns, c’était un sage ; pour d’autres, un guérisseur ; ou encore un prophète ; certains aujourd’hui voient en lui « un ami des hommes »… Mais un roi… ?!
        Comme souvent, pour bien comprendre de quoi il s’agit, il est nécessaire de décoder le langage de la Tradition afin de le rendre accessible à tous nos contemporains.
En tout premier lieu, il s’agit de bien définir de quoi nous parlons : Ce n’est pas Jésus de Nazareth en tant qu’homme ayant vécu en Palestine il y a 2000 ans, ce personnage historique crucifié sous Ponce-Pilate, que l’on dit roi. Cet homme, nous le savons bien, n’a jamais régné sur aucun royaume de la terre. C’est Jésus en tant que Christ, c’est-à-dire quand on le désigne non pas par sa personne humaine, incarnée, mais par sa fonction, par sa mission divine, en tant que Fils de Dieu envoyé comme sauveur, qui est roi. Nous ne fêtons pas aujourd’hui « Jésus-Roi » mais « le Christ-Roi ».

        Ainsi, la Royauté du Christ prend une autre dimension, une dimension spirituelle et non-pas temporelle ; une dimension universelle, et non-pas limitée à un territoire et à une époque. C’est bien ce que Jésus répondra lui-même à Ponce Pilate : « ma royauté n’est pas de ce monde ». Jésus ne nie pas être roi, mais pas à la manière dont Pilate le comprend, et qui justifierait son arrestation. Mais Jésus n’est pas en concurrence avec César. Et finalement, Pilate le comprendra implicitement, puisqu’il fera écrire sur la croix, comme motif de sa condamnation « roi des juifs ».
Dès ses origines, le peuple juif ne reconnaît qu’un seul roi : le Dieu d’Abraham. Nous avons entendu tout-à-l’heure le Psaume 92 qui commence par ces mots : « Le Seigneur est roi ». Pas besoin de se choisir un homme comme roi, puisque le seul roi légitime, c’est Dieu lui-même. C’est pourquoi ce même peuple a été pendant des siècles un peuple sans roi, au sens où on l’entend à cette époque. Il n’y a eu que Saül, puis David, puis Salomon pour incarner la royauté. Ce qui représente une durée d’à peine un siècle sur toute l’histoire d’Israël.

        Très bien. Ce petit tour à travers l’histoire ne nous a pas fait de mal, sans doute. Mais en quoi est-ce que tout ça aurait une importance pour nous, aujourd’hui, dans le concret de notre vie, plus de 2000 ans après la mort de Jésus ?
Eh bien, nous sommes tous directement concernés si nous sommes baptisés.
En effet, au cours de la célébration du baptême, que se passe-t-il juste après le baptême par le geste de l’eau ? C’est le geste de l’onction. Le célébrant applique sur le nouveau baptisé une onction d’huile parfumée, le Saint Chrême, en prononçant cette prière : « Tu es maintenant baptisé. […] tu es membre du Corps du Christ, et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi […] ». Le Christ est donc prêtre, prophète et roi. Mais nous aussi, par le baptême, nous participons à la dignité du Christ, dans ses trois dimensions : prêtre, prophète et roi.

        Le prêtre, c’est l’intermédiaire entre Dieu et les hommes, celui qui présente à Dieu nos prières. Le baptisé a aussi cette mission d’intercession pour porter les prières de ses frères humains.
        Le prophète, c’est celui qui parle au nom de Dieu qui lui inspire ses paroles. C’est aussi la mission de tout baptisé.
        Mais pourquoi dit-on que le baptisé participe à la royauté du Christ ? Cette royauté qui ne sera pas détruite, comme le dit le prophète Daniel dans la première lecture.

        Le roi dont il est question, ce n’est pas celui qui détient le pouvoir sur ses sujets. Le roi, c’est d’abord celui à qui est confié un peuple, pour le guider, et permettre à chacun de ses membres de vivre en bonne harmonie avec ses semblables. C’est une mission qui consiste plus à prendre soin, plutôt qu’à ordonner et à soumettre. C’est une mission de service. Être roi est d’abord une responsabilité. Tout baptisé est donc, par le baptême, au service de ses frères, responsable de la bonne harmonie entre les personnes qui l’entourent.
   
        C’est ainsi que le Christ est roi. Il est roi pour servir, et non pour être servi. Il est roi parce qu’il est sauveur, c’est la fonction du « messie » attendu par tout un peuple. Rappelons-nous d’ailleurs que le mot hébreux « messie » se traduit en grec par « christ ». Un « roi-messie », un roi sauveur, tel que Jésus s’est comporté parmi nous en nous révélant le Père. Et chacun de nous participe à cette royauté, par le baptême. Nous aussi, nous sommes roi pour servir.
         - Prêtre pour soutenir la prière de nos frères et sœurs et la porter vers Dieu, dans un mouvement ascendant ;
         - prophète pour témoigner de sa Parole auprès de tous, dans un mouvement descendant ;
         - et roi pour servir chacun de nos semblables, dans un mouvement horizontal de fraternité et de service. C'est de cette royauté que le Secours Catholique tient sa légitimité.
        Oui, frères et sœurs, le Christ, roi de l’Univers, « l’Alpha et l’Oméga, celui qui est, qui était et qui vient », fait de nous des coopérateurs, participants de sa royauté. Il nous fait entrer avec lui dans cette dignité de fils et filles de Dieu. N’oublions pas qu’il compte sur nous, qu’il compte avec nous :

        Prêtres pour intercéder
        Prophètes pour annoncer
        Rois pour servir.

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent
Clisson et Maisdon sur Sèvre
21 novembre 2021

Sommaire année B
retour vers l'accueil