Année B
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retour vers l'accueil6° dimanche de Pâques
La rencontre de Pierre et du centurion romain Corneille à Césarée n’est
pas anodine pour l’Eglise naissante. Je suis aujourd’hui
particulièrement touché par ce passage des actes des apôtres, car il y
a 15 jours je me trouvais avec d’autres diacres à contempler les ruines
de cette grande ville de Césarée maritime avec son stade, son théâtre,
le palais d’Hérode auquel était accolée la prison dans laquelle fut
enfermé Saint Paul… et c’est justement dans cette ville qu’a eu lieu la
rencontre de Pierre et de Corneille. Tous assis sur les gradins du
stade, nous avons lu et médité ce passage du chapitre 10 des actes des
apôtres.
Dans un contexte de persécution, l’Eglise naissante
vient de vivre bien des évènements : La lapidation du diacre Etienne,
sous les yeux et avec la complicité de Paul, l’emprisonnement
temporaire de Pierre, puis la conversion de ce même Paul sur le chemin
de Damas. Un grand débat agitait l’Eglise naissante : fallait-il
baptiser les non juifs, ceux qu’on appelait païens, et les admettre
dans la communauté chrétienne ?
A la suite d’une vision, le centurion romain Corneille, « un homme
juste et craignant Dieu » faisant de larges aumônes, envoie chercher
Pierre à Jaffa, une ville au nord de Césarée. Poussé par l’Esprit,
Pierre, qui a aussi une vision, se met en route avec quelques
compagnons et comprend que cet homme étranger et non juif est accueilli
par Dieu : « Dieu est impartial, il accueille, quelque soit la nation,
celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » Les compagnons de
Pierre, juifs d’origine, « furent stupéfaits de voir que le don de
l’Esprit Saint avait été répandu » sur les nations païennes. Comme à la
Pentecôte, l’Esprit Saint s’empare de tous et on les entend « chanter
la grandeur de Dieu ». Et Pierre donne « l’ordre de les baptiser au nom
de Jésus Christ ».
Alors les rituels juifs auxquels il fallait se conformer, comme la
circoncision par exemple ou l’interdiction pour un juif d’entrer chez
un païen, sont remis à leur place pour aller à l’essentiel. Il n’est
plus question de juifs et de païens. Les séparatismes culturels
religieux et ethniques volent en éclat : un officier de l’armée
d’occupation a rejoint la communauté chrétienne. Dieu ne fait pas de
différence entre les hommes ; et ceux qui se font baptiser, quelque
soit leurs origines, sont des chrétiens à part entière. L’Eglise
naissante ouvre ses portes à tous et met en œuvre les dernières paroles
de Jésus à ses disciples : « Allez donc, de toutes les nations faites
des disciples, baptisez les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit
». A partir de ce moment, l’Eglise devient universelle. Pierre, le
premier pape d’origine juive et Paul, citoyen romain, sont en phase
pour annoncer la bonne nouvelle de l’Evangile aux nations.
Mais en quoi cet évènement concerne-t-il notre Eglise et chacun de nous ?
L’ouverture au monde de notre Eglise a commencé avec Corneille et s’est
poursuivie au cours des siècles. De tout temps, il a fallu traduire le
message de l’Evangile dans des cultures fortement éloignées de la
culture d’origine, avec plus ou moins de réussite ; mais l’exigence de
la mission est toujours là : annoncer la bonne nouvelle à toutes les
nations. Dans notre pays, devenu pays de mission depuis l’après guerre,
le contexte de l’évangélisation a bien changé. Comment faire connaître
le Christ et le message de l’Evangile dans une société sans repères,
qui produit beaucoup de richesses mais génère de nombreuses misères
matérielles, humaines et spirituelles ? Dans « La joie de l’Evangile »,
le Pape François nous invite à sortir. Je cite : « l’Eglise ‘en sortie’
est la communauté des disciples missionnaires qui prennent
l’initiative, qui s’impliquent, qui fructifient et qui fêtent… » N°
24. Dans cette mission le Christ nous précède : « c’est moi qui
vous ai choisi et établis afin que vous portiez du fruit… » Jn,
15. « La communauté évangélisatrice » nous dit le pape François, se
fait proche de tous « dans la vie quotidienne » N° 24. « Cette
communauté joyeuse sait toujours fêter » chaque pas en avant dans
l’évangélisation. Aujourd’hui, en l’Eglise Saint Léger, cette
évangélisation joyeuse se fête dans la liturgie de la première des
communions pour 33 enfants ; et le 17 mai, à Sainte Bernadette pour 28
enfants.
La rencontre de Pierre et de Corneille à Césarée nous concerne aussi
personnellement. Il s’agit d’abord d’accueillir avec
bienveillance l’autre, différent par sa culture, son origine, sa race
et de mettre en œuvre le commandement du Christ : «Aimez-vous les uns
les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15, 12). Ce « comme » est
capital. L’Esprit de Dieu qui nous habite nous donne l’énergie de
mettre en œuvre ce commandement de l’amour, et nous permet de discerner
les justes attitudes et les bonnes décisions pour agir en cohérence
avec l’Evangile à la suite du Christ serviteur. Aimer à la manière de
Jésus dans nos relations avec les hommes et les femmes, notamment avec
les plus faibles et les blessés de la vie. « Être disciple, nous dit le
Pape François, c’est avoir la disposition permanente de porter l’amour
de Jésus aux autres, et cela se fait spontanément en tout lieu : dans
la rue, sur la place, au travail, en chemin » N° 127.
Le secret pour être un disciple joyeux d’évangéliser, c’est de «
demeurer dans l’amour » du Christ, par la prière, la méditation de la
Parole et l’ouverture aux autres. Alors résonne en nous la Parole de
Jésus à ses disciples : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en
vous et que votre joie soit parfaite »
Yves Michonneau, diacre permanent
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
10 mai 2015
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