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6° dimanche ordinaire


HOMELIE du 15/02/09

    Dimanche dernier, nous avons découvert l’action de Jésus auprès de la belle mère de Pierre, des malades et des possédés qui venaient à lui. Aujourd’hui l’évangéliste Marc nous conduit encore plus loin, il nous invite à contempler l’action de Jésus auprès d’un malade atteint de la lèpre.
    Ce texte d’une grande sobriété reste brûlant d’actualité car nous sommes aujourd’hui confrontés à de multiples formes de lèpres modernes et l’attitude de Jésus peut guider notre conduite.
    Si vous avez vu le film Ben Hur, vous vous souvenez certainement de cette séquence où Ben Hur retrouve sa mère et sa sœur isolées, enfermées dans un camp de lépreux.
    Au temps de Jésus, les lépreux étaient des parias de la société, ils étaient rejetés, exclus, éloignés du monde des non lépreux. Bien plus, la loi de Moïse les obligeait à porter des vêtements déchirés, à avoir les cheveux en désordre, à se couvrir le haut du visage jusqu’aux lèvres et à crier « impur, impur ! ».
    Pire encore, cette maladie était considérée comme la conséquence de leur péché. Les lépreux étaient pratiquement des morts vivants.
    La lèpre a aujourd’hui reculé grâce à l’action de Raoul Follereau et de ceux qui poursuivent son action. Mais d’autres formes de lèpres modernes continuent d’alimenter l’exclusion et ce dimanche pourrait être celui des exclus.
    Plusieurs associations caritatives dont le Secours Catholique ont dénoncé le sort réservé dans la région de Calais aux immigrés Afghans, Irakiens, Africains qui attendent une occasion de passer en Angleterre. Ces hommes, ces femmes, ces enfants vivent dans les bois, sans ressources, sans soins. Plus près de nous, dans la banlieue nantaise notre attention a été éveillée à la situation des Roms, cette population venue d’Europe de l’Est. Mais parfois, c’est dans les familles, dans les écoles, dans nos milieux de vie qu’on retrouve des personnes dont on se moque allègrement, qu’on marginalise. Il y a aussi ceux qui sont marqués au front parce qu’ils ont commis des actes condamnables c’est sûr, mais qu’on met de côté complètement et pour longtemps, quand ce n’est pas pour toujours.
    Devant toutes ces formes de lèpre modernes, allons-nous comme Jésus prendre le risque de la rencontre ?
    Car c’est bien ce qui frappe dans l’attitude de Jésus. Non seulement il ne s’éloigne pas des lépreux qui l’ interpellent mais il tend sa main et il les touche.
    Marc note clairement que Jésus fut pris de pitié pour cette homme. Il lui dit : «  Je le veux, sois purifié ». Jésus une fois de plus, ne peut pas rester insensible à la souffrance humaine. Mais il y a plus, il veut montrer son amour des exclus, des condamnés sociaux. Il veut aussi délier cet homme de la stigmatisation sociale et spirituelle qui l’accable. En lui disant d’aller se montrer aux prêtres, il le réinsère dans la communauté religieuse et le libère du lien au péché que sa maladie entretenait dans la pensée de ses contemporains.
    Alors à  notre tour, allons nous oser défier nos appréhensions, les regards désapprobateurs de certains de nos contemporains ?
    Nos frères les plus démunis, allons-nous d’abord les accueillir ? Jésus ne repousse pas le lépreux qui vient à lui, il ne l’ignore pas, il le regarde, l’accueille et il l’écoute.
    Ensuite, sommes nous capables de compatir, de sympathiser, de souffrir avec l’autre, de porter dans notre cœur la douleur de l’autre ?
    Et puis les toucher. Jésus étendit la main et le toucha dit Marc. Avec discernement bien sûr, sommes nous capables de poser les mains sur l’épaule, de serrer la main, de nous asseoir près d’un frère ou d’une sœur en difficulté, d’engager un dialogue ?
    Enfin Jésus, en envoyant le lépreux vers le prêtre crée les conditions de sa réintégration dans la communauté. Sommes nous aussi capables de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour briser l’exclusion ?
    Des personnes s’engagent dans notre paroisse pour accompagner des enfants en difficultés scolaires, pour sortir de la solitude des personnes isolées, pour apprendre la couture à des femmes étrangères. D’autres leur assurent des cours de français. Des entreprises locales malgré toutes les difficultés administratives acceptent d’embaucher des demandeurs d’asile.
    Nous ne sommes pas tous appelés à vivre notre vocation baptismale de la même façon. Mais osons tous croire que Jésus agit en chacun de nous à sa manière, dans le secret, sans rien en dire à personne. Osons croire qu’il agit aussi en nos frères. Osons être des réservoirs d’espérance pour ceux qui ne croient plus en eux mêmes. Chaque homme aussi lépreux, aussi pénible, aussi tordu soit-il, recèle en lui son mystère insondable, celui d’être un fils bien aimé de Dieu.
    Aujourd’hui, si nous choisissons de poser sur chaque personne un regard de confiance et d’infini respect, nous participerons à l’action bienfaisante de Dieu sur le monde.  


Jean-Pierre BIRAUD, Diacre permanent.


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