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6° dimanche du Temps Ordianire


Depuis plusieurs semaines nous sommes avec st Marc au chapitre 1 et nous constatons les guérisons de Jésus.
Chaque semaine nous sommes amené à comprendre les versets suivants de la prochaine semaine.

Ces guérisons se déroulent pendant le Sabbat.
On sait que les Juifs devaient s’abstenir de tout travail le samedi car ils célébraient le 7° jour couronnant la création de Dieu.
Aujourd’hui Marc nous rapporte la rencontre d’un lépreux avec Jésus. Dans ce passage c’est le lépreux qui vient vers Jésus, alors que dimanche dernier c’est Jésus qui va à la rencontre de la belle mère de Pierre.
Quel contraste dans ce court passage : une maladie qui fait peur : la lèpre et Jésus pris de compassion.
Oui quel contraste entre cette dure et inhumaine législation qui interdit de toucher sinon de s’approcher d’un lépreux et la liberté que prend Jésus en touchant ce lépreux.
Encore aujourd’hui, il y a des maladies qui  font peur, la différence fait peur et de cette différence nait l’exclusion, et de l’exclusion nait la perte de la dignité humaine.
Je me souviens d’un témoignage d’un ami se trouvant dans un hôpital et atteint d’un cancer généralisé. Il se trouvait dans le même service qu’un jeune de 25 ans, atteint du sida. Et la conversation entre ce jeune et cet ami est témoignage de ce que nous avons entendu dans l’Evangile. Cet ami a été trouver ce jeune porteur du sida et la conversation entre ce jeune et cet ami est témoignage de ce que nous avons entendu dans l’Evangile :
« vous osez venir me voir, venir me parler…malgré notre différence, malgré les interdits… ? »

Encore un autre témoignage : combien de gens s’interdisent de parler, de saluer, de dire bonjour à un être humain porteur d’un handicap… combien sommes-nous à braver, cette soi-disant différence ?
Et pourtant ces personnes font partie de la création.
Cette liberté que Jésus prend, a sa source dans l’Amour de Dieu dans l’amour du prochain sans conditions, sans frontières.
Cette liberté que prend cet ami en visitant un jeune avec le sida, cette liberté que nous prenons en côtoyant un ami handicapé, cette liberté c’est la compassion, c’est l’amour qui bouscule les règlements, les différences, les « oh je n’oserais pas… »
Et pourtant Jésus l’a fait à plusieurs reprises, il guérit un infirme le jour du sabbat, il chasse les vendeurs du temple… Pour mieux comprendre ce passage, relisons le chapitre avant celui de ce jour.
Jésus n’a que seul souci la gloire de Dieu, l’amour et le respect de l’être humain.
Si je suis entravé par le « qu’en dira-t-on », si je suis entravé par les lois humaines, par les interdits, si je suis entravé par des querelles de clocher, c’est que je n’ai pas l’Amour et st Paul nous le rappelle dans l’hymne à la charité : « si je n’ai pas l’Amour, je ne suis rien » 1 Co 15
Autre exemple : je me souviens de cette réponse d’une autorité face aux SDF : « l’hébergement d’urgence est seulement ouvert du mois de novembre au mois de mars. » Oui et alors le reste de l’année il n’y a plus de SDF ? je me croise les bras et je ne fais rien ?
Si je vais rendre une visite dans une maison de retraite, ou bien dans un service de fin de vie, ou bien dans un service qui soigne un malade de l’alcool, je ne suis pas contaminé, mais je redonne à la personne une grande part de sa dignité.
Jésus n’a pas été contaminé, il a redonné sa place entière dans la communauté humaine.
A travers ce lépreux, Jésus touche l’humanité entière, une humanité esclave du péché du monde ; il nous est dit au moment de la communion : « voici celui qui enlève le péché du monde »

Oui nous avons peur de la contagion. Mais est-ce que cette contagion n’est pas inversée, cette contagion n’aurait-elle pas joué en sens contraire,  lorsque nous prenons sur notre quotidien, pour rendre visite à tel ou tel lépreux ? Ces hommes et ces femmes que nous rencontrons dans diverses situations, épreuves de la vie courante, sont contaminés par l’Amour de Dieu que nous essayons de leur transmettre ?
Oui, j’en conviens ce signe que nous donne Jésus nous dépasse.
Ne sommes-nous pas étonnés de la puissance de l’Amour ?
Et si je comprends cet Amour, je fais un acte de foi et cela m’aide à avancer, à sortir de mes peurs, des interdits qui bloquent.  Parfois j’ai l’impression d’avancer à l’aveuglette.
Mais lorsque je rencontre un désespéré, un rejeté, qui m’expose ses déboires, comme le lépreux qui vint vers Jésus ; je ne sais pas pourquoi il vient, mais je prend le parti de l’écouter attentivement. Je ne compte plus le temps passé, depuis que cet inconnu m’accapare et je n’ai pas la sensation de perdre du temps. Quand cet ami, qui était un inconnu, me quitte, je suis en paix, cette paix profonde qui vient de la présence de Dieu et c’est peut-être à ce moment là que ma foi est prête à renverser les montagnes…..
Cet ami/inconnu est purifié, sa lèpre, sa peur l’a quitté et c’est un signe que son être profond est rétabli, que sa dignité est retrouvée. Et c’est surement à ce moment là que le rejeté, le malade incurable, l’handicapé, peut aller se montrer au prêtre, aux autres, non plus pour être rejeté mais pour être aimé.

Comme Jésus sur la croix, dans cet acte d’Amour suprême, ce Jésus qui « n’a ni beauté, ni éclat, homme de douleur, méprisé, abandonné de tous, semblable au lépreux dont on se détourne… » oui nous pensions que cet homme était dangereux, contagieux, alors que par notre comportement nous venons de participer à l’extraordinaire contagion de l’amour de Dieu pour toute l’humanité.
En accompagnant un rejeté, je viens de mettre en oeuvre ma mission de baptisé. Ces paroles, ces gestes, ces pleurs de ces rejetés de la société, m’atteignent au plus profond de mon être. Et à mon tour je suis contaminé par la richesse de ces personnes.
Ces rejetés de la société nous donnent une magistrale leçon d’humilité.
Ce lépreux dit en premier à Jésus :
    •    « si tu le veux, tu peux. »
oui car Jésus est plein d’audace il s’approche et il touche ce lépreux…
Oui dans chaque passage d’Evangile nous constatons que :
    •    Jésus ressent devant toute personne malade une immense compassion.
    •    Jésus veut agir avec autorité sans contrainte ;
    •    Jésus manifeste qu’il ne cherche pas la gloire par le biais de ses prodiges ;
    •    Nous aussi nous rencontrons des personnes qui viennent à nous et nous disent : si tu le veux, toi aussi, tu peux m’écouter, me redonner un peu de vie sociale ; me redonner une dignité de création faite à l’image de Dieu.


Jean CARLES, diacre permanent
15 février 2015

                                                              



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